Sénégal: Rénovation du parc des gros porteurs - Une médiation du chef de l'État demandée dans un litige

Thiès — Des responsables de la Coopérative nationale des entreprises de transport de marchandises (CNETM) ont souhaité, jeudi, une intervention de Macky Sall contre la multiplication des saisies, pour défaut de paiement, de leurs camions obtenus dans le cadre du projet de renouvellement du parc de gros porteurs.

"Monsieur le président de la République, c'est vous qui avez fait venir les véhicules quand vous veniez d'arriver au pouvoir. Vous êtes sur le départ. Avant cela, aidez-nous à résoudre ce problème", a dit Talla Diop, un responsable de la CNETM.

S'exprimant lors d'une conférence de presse de dirigeants de cette coopérative venus de plusieurs régions du pays, à Thiès (ouest), il a rappelé qu'une décision de justice avait été rendue en leur faveur. "Mais on refuse toujours de l'exécuter."

Le projet de renouvellement du parc des gros porteurs lancé en 2016, pour un coût de plus de 5 milliards de francs CFA, avait permis l'achat de 146 camions pour quelque 200 transporteurs des 14 régions du pays.

Ces véhicules de transport de marchandises devaient leur être vendus à 65 millions de francs CFA l'unité et étaient payables en cinq ans, selon les termes du contrat. Des mesures d'accompagnement annoncées pour permettre aux transporteurs de solder leurs dettes n'ont pas été prises.

Il s'agissait notamment du versement d'une prime à la casse au propriétaire de chaque vieux camion remplacé et de l'ouverture d'un bureau de fret. Ces structures devaient à la fois leur offrir régulièrement des marchés et suivre leur niveau de remboursement.

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Les bénéficiaires du projet devaient verser de l'argent dans un compte ouvert à la BNDE, la Banque nationale de développement économique.

Les véhicules revenaient à 135 millions chacun, un prix jugé "exorbitant" par Maboye Wade, le secrétaire général de la CNETM à Thiès.

La cherté des véhicules, combinée à la non-application des mesures d'accompagnement prévues, a rendu les propriétaires de camions incapables de solder leur crédit, selon eux.

Un gendarme à la retraite commis par la BNDE saisit les camions et vient les immobiliser à Thiès, disent-ils.

Informé de cette décision, le tribunal du commerce de Dakar a jugé "caduque" la saisie et en a ordonné la mainlevée, selon les dirigeants de la CNETM.

"Malheureusement, malgré la décision du tribunal, cette pratique continue, avec les camions saisis partout dans le pays et conduits à Thiès où ils sont immobilisés", a déploré Mbargou Badiane, le président de la Coopérative nationale des entreprises de transport de marchandises.

Mercredi, "trois camions provenant de Kidira ont été déposés à Thiès", a-t-il dit, ajoutant qu'à ce jour, 45 camions ont été saisis.

"Mettre une marge bénéficiaire qui équivaut à trois fois le prix d'un véhicule donné à crédit, c'est inédit. Un véhicule immobilisé ne peut pas payer un tel montant", s'est plaint M. Badiane, également président de la Fédération nationale des transports du Sénégal.

"Au commencement, on nous avait dit que les camions coûteraient 60 à 70 millions, mais on est arrivé à 135 millions le prix d'un camion. C'est cela le [noeud gordien du problème], on n'arrive pas à payer cette somme", s'est inquiété Maboye Wade.

Depuis 2021, on n'arrive plus à payer, le peu de camions en activité ont été récupérés.

Entre-temps, des industriels ont acheté des camions neufs qui ont accaparé, selon eux, la plupart des marchés, ce qui les empêche de travailler.

"Nous ne savons plus à quel saint nous vouer, on n'arrive plus à rencontrer ni le Premier ministre ni le président de la République", a poursuivi Maboye Wade.

"Ces pères de famille n'avaient que ces camions, et chacun d'entre eux en avait un ou deux", a-t-il rappelé. Évoquant son propre cas, lui qui allait acheter du bois en Côte d'Ivoire pour le revendre à Thiès, il a dit que cette activité lui permettait de "vivre aisément", même si ses camions "tombaient souvent en panne".

"Le président de la République a vu juste, le projet était bien ficelé. Mais ceux qui avaient le projet en main l'ont mal monté", a regretté Maboye Wade.

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