Le Quai d'Orsay a réagi aux préoccupations concernant la situation politique au Sénégal. Lors de son point presse le 22 février, le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Christophe Lemoine, a abordé une question sur la crise politique au Sénégal.
A Dakar, il est de plus en plus évoqué un "coup d'État ", dans le contexte de l'élection reportée par le président Macky Sall. Sur cette base, une question a été posée à Christophe Lemoine, si la France perçoit un risque que le Sénégal bascule à son tour dans ce qui est présenté comme le camp anti-français en Afrique dans des pays tels que le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Sa réponse a mis en lumière la position de la France concernant les tensions actuelles.
"Sur le Sénégal, effectivement, c'est une position qui est connue. Nous avons appelé depuis l'annonce par le président Macky Sall du report de l'élection, toutes les autorités, tous les acteurs sénégalais à respecter le processus électoral, les termes de la Constitution et dernièrement, la décision du Conseil constitutionnel dans son entièreté ", a répondu Christophe Lemoine.
"La décision du Conseil constitutionnel exigeait une organisation de l'élection dans les meilleurs délais, donc c'est la position que nous avons actée. Nous avons appelé, à plusieurs reprises, les autorités sénégalaises à organiser cette élection dans les meilleurs délais. Nous encourageons aussi l'ensemble des acteurs sénégalais à travailler à un apaisement du climat politique, conformément à la longue tradition démocratique de ce pays", a indiqué le porte-parole. Christophe Lemoine a conclu : "Nous restons très vigilants sur la situation au Sénégal, mais, encore une fois, nous appelons à un respect des termes de la Constitution, ce qui signifie l'organisation dans les meilleurs délais d'opérations électorales".
Le Sénégal traverse actuellement une période complexe. Des milliers de personnes manifestent régulièrement pour la tenue de l'élection présidentielle dans les meilleurs délais, tel que décidé par le Conseil constitutionnel, soit avant le 2 avril.
Après avoir statué suite à des recours introduits par des candidats à la présidentielle et des députés, le Conseil constitutionnel a cassé, le 15 février, le décret du 3 février abrogeant un précédent décret qui convoquait le corps électoral pour le scrutin du 25 février et déclaré "contraire à la Constitution", la loi parlementaire repoussant le scrutin présidentiel au 15 décembre et prorogeant le mandat du président Macky Sall jusqu'à la passation de pouvoir avec son successeur.
La Haute juridiction a indiqué que le scrutin doit se tenir avant la fin du mandat en cours. Dans un communiqué de la présidence de la République publié le 16 février, le président Macky Sall a dit prendre acte de la décision du Conseil constitutionnel et s'est engagé à la faire pleinement exécuter. Les premières manifestations d'envergure contre le report de la présidentielle ont éclaté à partir du 9 février dans plusieurs localités du pays et ont fait trois morts.