L'ancien président s'en est pris à Sylvain Itté à Niamey mercredi 21 février pour ses propos l'accusant d'être impliqué dans le coup d'État du 26 juillet. Lors d'une audition à huis clos à l'Assemblée nationale en novembre dernier et rendue publique mi-février, le diplomate français avait pointé une « implication directe » de Mahamadou Issoufou dans le renversement de son successeur, Mohamed Bazoum. Des propos jugés calomnieux par l'intéressé qui compte porter plainte.
« Un tissu de calomnies. » C'est ainsi que l'ancien président Mahamadou Issoufou a qualifié les allégations de Sylvain Itté. Dans un communiqué publié par son avocat, il a démenti les propos tenus par l'ambassadeur de France. D'abord, sur la rencontre entre l'ex-chef d'État et le général Tiani, homme fort du Niger, deux jours après le coup d'État. Si cette rencontre a bien eu lieu, elle ne constitue pas de preuve d'une quelconque implication, a insisté l'avocat d'Issoufou.
Le diplomate français, lui, est convaincu que « le président Issoufou était dans le coup » notamment à cause de la manière dont il a pu « agir sur les militaires pour arrêter » l'attaque contre l'ambassade de France en juillet dernier.
Ensuite, sur les causes du coup d'État, Sylvain Itté a affirmé qu'il « existerait un conflit » entre les clans Bazoum et Issoufou pour la gestion des ressources pétrolières du Niger. Des affirmations balayées par l'entourage d'Issoufou.
La défense de l'ex-chef d'État a regretté que le compte rendu de ladite audition, censée être à huis clos, ait été diffusé sur le site de l'Assemblée nationale. Pour elle, l'objectif est clair : faire porter à Mahamadou Issoufou la responsabilité du coup d'État afin de masquer « les défaillances » des services de renseignement français. Quant à ses proches, ils demandent que des preuves soient avancées : « Peut-être que M. Itté a eu des confidences au niveau des officiers supérieurs de l'armée nigérienne, qui lui auraient dit qu'ils ont agi sur instruction de X ou Y. Ou bien, il a été lui-même impliqué dans l'opération. C'est l'un des deux cas. C'est l'occasion même qui lui est donné d'apporter les preuves de son affirmation devant la justice parce qu'on ne dit pas n'importe quoi, on ne relaie les informations des réseaux sociaux quand on a une certaine stature », a réagi Sidibe Issoufou, coordinateur national de la Dynamique citoyenne pour une transition réussie, une organisation de la société civile nigérienne, et un proche de l'ex-dirigeant.