En 2020, la région de Matam a enregistré 39 cas de feux de brousse qui ont détruit une superficie de 8183 hectares. L'année 2021 a, quant à elle, recueilli 42 cas qui ont impacté négativement 2450 hectares, tandis qu'en 2022, ce sont 44 cas qui ont dévasté 697,3 hectares, l'année 2023 se distingue avec 71 cas de feu de brousse qui ont détruit 2060 hectares. S'agissant de la présente année 2024, depuis le mois de janvier, 17 cas qui ont brûlé 251,5 hectares de tapis herbacé ont été recensés. Une situation qui a poussé le Service des eaux et forêts à appeler à une synergie d'action.
S'exprimant au cours d'un entretien avec la presse, l'Inspecteur régional des Eaux et Forêts de Matam, le Commandant Daouda Ndiogou, qui a appelé à une synergie d'actions entre le Service des eaux et forêts, les collectivités territoriales et les populations, pour lutter contre ce fléau, a surtout privilégié la sensibilisation. Faisant noter, qu'au-delà de la mise en exergue d'une lutte active, « la lutte contre les feux de brousse s'appuie sur des activités concédées à la sensibilisation, l'information et la formation des populations en les conscientisant sur les causes des feux de brousse et leurs conséquences ».
Précisant que pour faire face aux cas de feux, le service forestier a déployé l'ensemble des moyens nécessaires en positionnant dans chaque département deux unités de lutte, au total six pour la région et que récemment, la hiérarchie a envoyé deux nouvelles unités de lutte qui permettront de combattre de manière active les foyers de feu . « Dans la dynamique de la lutte active, il a été procédé à l'ouverture de pare-feux avec l'accompagnement de projets programmes. Pour cette année, le PADER a aidé à ouvrir 100 kilomètres de pare-feux, tout comme le projet PRAPS , ce qui a permis à la région de bénéficier provisoirement de 200 kilomètres de pare-feux pour la présente année », selon lui.
Avant d'ajouter qu'en ce qui concerne la lutte active contre les feux de brousse, « le service forestier de la région s'appuie sur 212 comités de lutte qui ont été créés au niveau des villages qui réagissent automatiquement pour éviter la propagation des feux ». Sur ce volet, le paradoxe est que seule une dizaine de ces comités, ait bénéficié d'équipements d'appoint mis à disposition par le PADER et seulement trois (03) collectivités territoriales de Ranérou pour mener leurs activités. Un problème de taille pour une région qui compte plus d'une vingtaine de collectivités territoriales.
L'autorité des Eaux et forêts qui plaide pour leur implication, fonde son appel sur le fait que la région de Matam est une zone pastorale où le tapis herbacé sert de nourriture aux animaux, sa perte impactera sur la vie des populations avec comme corollaire la pauvreté et la transhumance. « Nous avons une mission régalienne de protection du tapis herbacé, pour y parvenir il faut nécessairement l'implication de tous les acteurs et surtout les populations. Il est important de conserver ce tapis herbacé qui est vital pour l'élevage. La lutte contre les feux de brousse nécessite une synergie, entre le service des eaux et forêts, les collectivités territoriales et les populations ».. .
A cet égard, l'inspecteur régional des Eaux et forêts a magnifié l'initiative prise par l'association régionale des chefs de village de Matam de participer activement dans la sensibilisation pour la lutte contre les feux de brousse et l'implication de jeunes agents du programme Xeyu ndaw yi qui se déploient sur le terrain à côté des agents des Eaux et forêts, pour maîtriser les feux. Informant, qu'au niveau de la région, « nous (les Eaux et forêts) avons 1000 jeunes agents du programme Xeyu ndaw yi dont l'objectif est la production de plants et la lutte contre les feux de brousse. Ces agents dont l'implication est très importante sont capacités aux techniques de production de plants pour le reboisement et aux interventions contre les feux de brousse, c'est une occasion de remercier le programme qui nous a permis de mieux sauvegarder nos écosystèmes ».
Pour le commandant Daouda Ndiogou, Inspecteur régional des Eaux et forêts de Matam, « la meilleure façon de lutter contre les feux de brousse, c'est d'éviter qu'il y'ait feu et pour éviter qu'il y'ait feu, il est important que l'on mette en exergue la lutte préventive, et à cet égard, la sensibilisation reste un pan important et à partir de réunions, les populations sont sensibilisées pour qu'elles prennent connaissance des causes et des conséquences du fléau ».