Congo-Brazzaville: Coopération - Denis Sassou N'Guesso porte un regard positif sur la relation entre la Chine et le Congo

Interviewé par le journaliste HE Yanke de la télévision publique chinoise CCTV, dans le cadre du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Congo, le président Denis Sassou N'Guesso a exposé sur les acquis de ce rapprochement historique et abordé divers sujets qui font l'actualité du monde. Décryptage.

C'est à un protocole d'entretien assez spécial que l'on a eu droit dans le salon des ambassadeurs du Palais du peuple, le 23 février. L'interview est conduite en langue chinoise par le journaliste HE Yanke assisté de deux interprètes, en français pour le chef de l'Etat, et en chinois, pour Yanke.

Contre vents et marées

Ce décor planté, le président de la République et son interlocuteur ont ouvert la conversation par un pan de l'histoire des relations sino-congolaises : « Le peuple chinois et le peuple congolais ont tous souffert de la domination et du colonialisme », a commencé Denis Sassou N'Guesso, rappelant l'hostilité qui entourait dans les années 1960 tout rapprochement avec l'empire du milieu. Pour le chef de l'Etat congolais, contre vents et marées, Brazzaville et Beijing ont fini par signer leur traité d'amitié et acté une reconnaissance mutuelle, le 22 février 1964.

Évoquant ensuite le voyage en septembre de cette même année d'une toute première délégation congolaise en Chine, dont, jeune officier, il faisait partie, le chef de l'Etat a indiqué combien à titre personnel ce séjour l'a marqué. Il a notamment décrit le long circuit de ce voyage où pendant trois jours, les compagnies aériennes européennes ne desservant pas la Chine à l'époque, ils durent passer par Paris, en France, Zurich en Suisse, revenir au Caire, en Egypte, par le vol d'une compagnie pakistanaise avant de joindre Karachi, puis la Chine.

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Des progrès spectaculaires

Depuis lors, a souligné le président de la République, la Chine a connu un développement spectaculaire dans plusieurs domaines grâce au travail et inspire d'autres pays dans le monde parmi lesquels le Congo avec lequel le partenariat est porté à un niveau élevé dans un cadre stratégique global. De celui-ci, a indiqué Denis Sassou N'Guesso, le Congo a bénéficié de plusieurs infrastructures de base dont l'une des plus emblématiques est l'axe reliant Brazzaville à Pointe-Noire sur un peu plus de 500 km.

Les retombées de cette route « lourde » profitent tout autant aux riverains qu'au-delà, étant entendu que désormais l'on peut partir de Pointe-Noire, au Sud, par route jusqu'à Ouesso, au Nord-Congo. Le président de la République est convaincu que dans le cadre de l'approfondissement de leurs relations, la Chine fera profiter à la partie congolaise de sa longue expérience en matière de diversification de l'économie en apportant son appui au développement de l'agriculture, du numérique, des mines et du tourisme.

Convergences de vue

Les présidents Denis Sassou N'Guesso et Xi Jinping se sont rencontrés à plusieurs reprises et ont toujours montré de l'intérêt pour les questions bilatérales et multilatérales. HE Yanke a demandé au chef de l'Etat congolais quelle est la nature de ses relations avec son homologue chinois. « Le président XI Jinping est un leader visionnaire qui oeuvre au développement de son pays, et apporte sa contribution à l'équilibre du monde à travers une diplomatie de promotion de la paix dans le monde », a noté Denis Sassou N'Guesso, tout en saluant l'initiative chinoise « La ceinture et la route » comme un mécanisme d'ouverture destiné à raffermir le dialogue entre les peuples et les nations par le développement des infrastructures. Il a, en outre, fait allusion à l'ambitieux projet qui consistera à relier l'océan Indien à l'océan Atlantique par route et sur lequel travaillent plusieurs pays africains dont le Congo. Il s'agit, a-t-il précisé, de créer un grand pôle de développement reliant Brazzaville-Kinshasa-Mombassa-Kigali-Bangui et au-delà.

Arrière-pensées contre réformes

« Monsieur le président, quel commentaire vous inspire les critiques liant la présence chinoise en Afrique à une forme de néocolonialisme ? » A cette question de HE Yanke, le président Denis Sassou N'Guesso a déclaré qu'il est injuste de taxer de néocolonialiste un pays qui n'a pas dans son histoire pratiqué la colonisation. C'est le cas notamment de la Chine.

En revanche, le chef de l'Etat a appelé de ses voeux la réforme de la gouvernance mondiale jugeant que les institutions internationales, parmi lesquelles la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, et l'ensemble du système des Nations unies ont fait leur temps et méritent d'être revues. Il a cité la situation à Gaza où l'on dénombre à ce jour pas moins de 30 000 morts dans la riposte d'Israël suite au massacre de civils par le Hamas, le 7 octobre, comme un exemple type de la paralysie des Nations unies du fait de l'absence de toute perspective de sortie de crise.

Espoir de paix

Alors qu'approche la date de la tenue, au mois d'avril prochain, de la conférence de réconciliation en Libye, en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l'Union africaine, le chef de l'Etat a exprimé à la presse chinoise son espoir de voir les parties libyennes parvenir à une fin heureuse de cette rencontre attendue de longue date. Il a remercié l'équipe de la chaîne nationale chinoise d'avoir fait le déplacement de Brazzaville pour cet entretien.

Autre temps marquant de la célébration dans la capitale congolaise du 60e anniversaire de l'amitié Congo-Chine, le vernissage d'une exposition photo dans la salle des banquets du Palais du peuple et le banquet au cours duquel, en présence d'une forte délégation chinoise venue pour la circonstance et à l'invitation du président Denis Sassou N'Guesso, les deux parties ont sublimé dix décennies de bonne entente. A travers des toasts prononcés respectivement par le ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l'Etranger, Jean-Claude Gakosso, et par l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République populaire de Chine, Li Yan.

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