C'est, en principe, aujourd'hui que devraient débuter, à Dakar, les concertations politiques annoncées par le président Macky Sall aux fins de parvenir à un dénouement de la crise politique qui secoue le pays de la Teranga et cela par l'organisation d'une présidentielle, consensuelle, inclusive et transparente.
Mais la question qui taraude tous les esprits est la suivante : les résultats seront-ils à la hauteur des attentes ? Rien n'est moins sûr dans la mesure où une partie de la classe politique et de la société civile rejette toute possibilité de s'asseoir autour de la même table que Macky Sall comme pour obéir à la maxime selon laquelle il ne faut jamais diner avec le diable même avec une longue fourchette.
En effet, le FC 25 qui regroupe 16 des 19 candidats en lice, se veut clair: il ne participera pas à ce dialogue. Mais la politique de la chaise vide est-elle la bonne option ? Car l'expérience, en politique, montre, à bien des égards, que souvent, les absents ont tort.
Cela dit, l'on peut aussi comprendre le radicalisme de certaines formations qui tentent ainsi de maintenir la pression sur le président Macky Sall afin qu'il ne fasse pas marche-arrière après avoir annoncé son départ pour le 2 avril prochain. Qu'à cela ne tienne, ceux qui ont décidé de saisir la main tendue du chef de l'Etat vont se mettre sous l'arbre à palabres et parlementer pour s'accorder certainement sur un nouveau calendrier électoral.
En attendant l'épilogue des concertations politiques, Macky Sall engrange déjà un gain politique important
En attendant les conclusions de ces discussions sous l'arbre à palabres sénégalais, l'on peut affirmer que le président Macky Sall, malgré la pression de la rue et de la communauté internationale, continue, en fin manoeuvrier, de dérouler son agenda dont le but ultime est de gagner du temps pour préparer son dauphin et rallier à sa cause tout son camp.
En effet, l'homme, à travers ces pourparlers, a réussi son pari de faire glisser le débat politique du domaine de la loi vers une zone de non-droit où le rapport de forces lui est favorable. Mieux, il n'est même pas exclu que lors des pourparlers, l'opposition tombe dans le piège des divisions qui sont propres à toutes les oppositions africaines, faisant ainsi, non seulement perdurer les négociations, mais rendant surtout impossible tout compromis politique.
Et plus trainera la recherche du compromis, plus Macky Sall aura le temps et les mains libres pour manoeuvrer et se trouver un successeur capable de lui assurer une retraite paisible. Mais en attendant l'épilogue des concertations politiques qui s'ouvrent, Macky Sall engrange déjà un gain politique important.
Il soigne son image largement écornée par tous les soubresauts qui ont marqué la vie politique sénégalaise, ces dernières années, en se posant comme un homme de dialogue. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il en avait besoin en ce moment où le compte à rebours a résolument commencé et qu'il faut se préparer à l'après-pouvoir.