Le chef des droits humains de l'ONU a condamné vendredi les « violations et les abus effroyables » commis par l'armée et les paramilitaires en guerre au Soudan. La situation dans le pays sera abordée lors du 55e conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui commence ce lundi à Genève, quelques jours après la publication d'un rapport onusien documentant des exactions commises par les deux belligérants.
Ce nouveau rapport des Nations unies révèle que les deux camps « ont mené des attaques aveugles dans des zones densément peuplées » entre les mois d'avril et de décembre 2023. Certains sites de déplacés ont même été touchés, ajoute le rapport, notamment dans la capitale Khartoum, mais aussi dans le Kordofan, au sud, et au Darfour, à l'ouest.
Parmi les exactions qui touchent les civils, le rapport recense de nombreux cas de violences sexuelles : 118 au moins avec parfois des enfants parmi les victimes. En novembre, déjà, un groupe d'experts de l'ONU avait alerté sur ses violences sexuelles généralisées utilisées comme « un instrument de guerre ».
Le rapport avance aussi des preuves crédibles concernant un massacre commis contre des étudiants par l'armée régulière dans l'État du Kordofan du Nord. Plusieurs hommes y auraient été décapités par des militaires du fait de leur appartenance ethnique.
Pour Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, « certaines de ces violations seraient assimilables à des crimes de guerre ». Il appelle à une enquête « rapide, approfondie, transparente, indépendante et impartiale ».
Depuis le 15 avril, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo et l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan s'affrontent à Khartoum, mais aussi dans l'ouest et le sud du pays. Un conflit qui a fait plusieurs milliers de morts et déplacés près de huit millions de personnes, d'après le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés (HCR).
Le pays est au bord de « l'effondrement » après plus de dix mois de guerre, souligne Eddie Rowe, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan. Selon lui, « moins de 5% » des 48 millions d'habitants « peuvent s'offrir un repas complet ».