Ces deux intellectuelles captivent actuellement les médias par leurs prises de position politique. Elles infléchissent et cristallisent les opinions des citoyens sur l'élection de 2025. A partir de leur argumentaire elles fournissent les critères de jugement à la base de leurs discours. Rien qu'à les entendre ou à lire les critiques qu'elles opposent à la politique qui a cours depuis des décennies au Cameroun ; l'on réalise à quel point, elles n'en démordent pas. Il est difficile de contester le fond de leurs répliques au regard de l'ambiance dans laquelle baignent les débats. Pour la plupart, leurs propos apparaissent conformes aux faits et réclament un débat sur la gestion de la chose publique avant 2025. Le Cameroun est à la croisée des chemins et point n'est besoin de le démontrer surtout avec les élections présidentielles qui pointent à l'horizon.
DEUX FEMMES D'INFLUENCE
Toutes les deux ont un parcours atypique, l'une est une écrivaine talentueuse engagée et l'autre une manager qui a fait ses preuves, s'est investie dans la politique, le sport et de nombreuses causes sociales. En 2025 au Cameroun, il faudra compter avec elles car leurs voix portent. Ce sont deux fortes personnalités qui ne sont pas du tout tendres par rapport à la gouvernance dans leur pays d'origine. Le peuple camerounais a besoin des personnalités d'envergure comme ces deux dames pour tracer de nouveaux sillons. Elles font honneur à la gente féminine car on leur prête principalement les vertus du courage et de l'engagement. En tout état de cause, un bon nombre de camerounais aimeraient que leurs voix portent du fruit pour un Cameroun nouveau.
Au-delà de l'aspect hyper symbolique d'opposantes, ces deux intellectuelles demeurent des forces de proposition en dehors des machines politiques que sont les partis. De toute manière, il faut dire que leur démarche intellectuelle fait de nombreux émules en ce moment, chacun allant de sa propre intelligence en fonction de son niveau d'éducation. Mais, quel que soit le bord politique auquel on appartient, leurs discours ne laissent personne indifférent et chaque jour qui passe, elles clarifient leurs postures tout en remettant en cause plusieurs arguments de leurs détracteurs. En plus, elles cassent les codes en utilisant un langage moins soutenu pour se faire comprendre.
MARLENE EMVOUTOU
C'est grâce à son implication dans le milieu du football qu'elle s'est fait connaitre par des millions de camerounais. Elle est aussi engagée dans des causes sociales afin d'assurer le mieux vivre des populations. En politique, tout compte et elle le sait très bien. Elle s'appuie sur son expérience pour demander le départ du Président Paul Biya. Elle estime que son régime n'a pas réussi parce que la promesse républicaine faite aux populations n'a pas été tenue : permettre à chaque camerounais de vivre dignement.
Bienvenu aux temps des clarifications
Le docteur Marlène Emvoutou, dans ses différentes sorties médiatiques, vient de mettre les pieds dans le plat, en abordant des sujets dont personne n'ose parler tels que la transition, la succession à la tête de l'état et la candidature du Président Biya en 2025. En quelques jours seulement, elle est devenue la blogueuse politique la plus suivie par les Camerounais. Elle ne fait pas dans la dentelle puisqu'elle fustige aussi son propre camp. Elle sait ce qu'elle doit dire, se plaît dans cet exercice et veille à ce que l'auditeur puisse disposer de tous les éléments pour la compréhension de son discours. Soucieuse d'une formulation claire, elle étale tout son talent dans la communication politique. Elle ne laisse rien passer et embrasse plusieurs sujets tout en dénonçant avec pertinence. Il faut dire qu'elle a le courage de ses idées, comme Calixthe Beyala, de les faire passer sans laisser personne indifférent.
Elle demeure une militante du RDPC jusqu'à preuve de contraire.
Le docteur Marlène Emvoutou dit qu'il faut trouver dans son bord politique un candidat sérieux pour qui elle voudrait battre campagne afin de challenger le professeur Kamto et le MRC dont l'offre politique s'avère pertinente. Elle s'exprime avec clarté et ne laisse aucune place à la flagornerie. Cependant, il serait avisé de lui conseiller de mesurer ses propos aux relents de tribalisme qui lui sont reprochés.
CALIXTHE BEYALA
C'est une femme d'influence qui sait reconnaître là où elle peut intervenir et mobiliser les moyens pour arriver à ses fins. Son leadership est indéniable. Elle reçoit le Grand prix du roman de l'Académie française en 1994 pour son roman Les Honneurs perdus. Son oeuvre romanesque immense fait d'elle une égérie. En effet, pour elle : « il est plus que temps que le Cameroun redevienne un état de droit, que les citoyens s'y sentent en sécurité, qu'ils ne s'y sentent plus menacés par les milices de ces élites compradores ! » A propos de la « succession de gré à gré » dont parlent certains politiques au Cameroun, elle n'a pas hésité à déclarer sans filtre que : « le Cameroun n'est ni un Royaume, ni le champ de cacao d'une famille ! Il n'y aura aucune succession de père à fils ! ». Cela suscita évidemment une vague de réactions en son temps.
En outre, elle déplore le marasme économique que vit le Cameroun, pourtant potentiellement riche et à ce propos elle écrit : « La misère institutionnalisée comme mode de gouvernance et de soumission d'un peuple. Le cas du Cameroun fait école, tant il est magnifiquement ficelé », Elle précise que : « Si demain matin, on a un homme intègre à la tête du Cameroun, tout va changer ». Enfin, Calixthe Beyala parle du bénéfice réciproque au Cameroun : « Au pays de mes parents, le bénéfice réciproque est une notion qui semble étrangère à la nation. Les uns et les autres ignorent qu'en illuminant chez eux, de manière automatique, ils éclairent la maison des voisins. Que chacun se doit de faire des efforts en matière de propreté, d'environnement, de plantes et des fleurs pour égayer le coeur de tous. Personne ne se doit de jeter ses ordures n'importe où, de balayer pour empêcher la survenue des maladies liées à l'insalubrité. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en dérespectant l'environnement, on ne propage pas seulement les microbes et autres virus qui rendront les autres malades, mais on se rend soi-même malade. »
Ici tout est dit. Elle s'est engagée dans des actions humanitaires et dont la dernière en date est la construction d'un pont dans son quartier d'enfance. « Aimer l'autre n'est pas seulement un devoir, mais une obligation. N'oubliez jamais que nous ne sommes que de simples voyageurs sur terre. » dixit Calixthe Beyala.
Pour toutes les deux, il est difficile de faire l'autruche pour masquer la réalité : une atmosphère de fin de règne s'annonce à grands pas au Cameroun. Leur argumentaire devrait inciter plutôt à la réflexion pour permettre le Cameroun moderne dans lequel chaque camerounaise et camerounais pourra s'épanouir dignement. La plupart des citoyens reconnaissent la pertinence et l'impact de ces deux femmes d'influence avec lesquelles les hommes politiques devraient composer. A l'aube de l'année 2025, nous espérons un débat serein et constructif dans l'espoir de voir naître un Cameroun nouveau.