Les combats se sont intensifiés depuis début février autour de Sake, une cité située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Goma.
En dépit de ses moyens sur le papier, l'armée congolaise ne parvient pas à enrayer l'avancée du M23 et le risque est que les rebelles s'emparent de la petite ville de Sake, un verrou stratégique sur la route de Goma.
L'armée congolaise fait face à de nombreux défis qui sont connus depuis longtemps, explique Reagan Miviri, chercheur chez Ebuteli, l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence.
Difficile pourtant de réformer une armée alors que celle-ci est en plein combat. Reagan Miviri rappelle aussi que les FARDC, l'armée congolaise, font face à un groupe rebelle bien armé et soutenu par l'armée rwandaise.
"Il y a d'autres paramètres dont il faut tenir compte. Si c'était juste les FARDC qui faisaient face aux M23, ce serait différent. Mais là, les FARDC font face aux M23 et à l'armée rwandaise, ce qui ne facilite pas le travail. Que ce soit le président de la République ou le gouvernement, tout le monde a reconnu le déficit de l'armée. Bien sûr qu'il y a un travail qui est en train d'être fait, mais ça prendra beaucoup de temps pour voir le résultat de ce travail", ajoute Reagan Miviri.
Défis structurel au sein de l'armée
Défis au niveau de la coordination de la chaine de commandement, problème de corruption, manque d'équipements : ce sont les principales critiques qui sont adressées par les experts quand on parle de l'armée congolaise.
A ceci s'ajoute que sur le terrain, le matériel est différent de celui utilisé lors des formations, explique une source militaire.
Il y a aussi le manque de connaissance du terrain. D'où le recours aux milices locales appelées Wazalendo qui possèdent une meilleure maitrise de l'environnement, car ce sont des habitants de la région.
Enfin, il y a la question de la solde des militaires : "80 dollars par mois, alors que les députés sont payés plus de 20.000 dollars", confie notre source qui pointe du doigt le manque de motivation des troupes.
Les violences ont fait des dizaines de morts et blessés
Des critiques que conteste toutefois le porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko.
Celui-ci affirme que la situation, dans sa zone de responsabilité, où ils font face, selon ses propos, "à l'invasion de l'armée rwandaise et de ses alliés du M23", reste sous contrôle de l'armée congolaise qui s'efforce de récupérer les localités occupées.
"Les forces armées de la République démocratique du Congo sont rémunérées régulièrement, voilà ce qui motive les FARDC à repousser l'ennemi d'où il est venu. Rien ne peut nous empêcher d'évoluer et d'aller de l'avant, pourvu que l'autorité de l'Etat soit restaurée et que nos populations puissent vivre dans la paix et la quiétude, " confie l'officier à la DW.
Les agences humanitaires de l'Onu ont lancé, vendredi (23.02), un appel d'urgence concernant l'est de la République démocratique du Congo. Selon les Nations unies, le pays compte au total sept millions de déplacés, dont la plus grande partie se situe dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri.