Soudan: SOS paix !

26 Février 2024

Les armes continuent de crépiter au Soudan et rien ne semble indiquer que l'on va bientôt assister à une accalmie dans ce pays d'Afrique du Nord. La guerre pour le pourvoir qui oppose les généraux Abdel Fattah Al-Burhane et Mohamed Hamdane Dagolo, respectivement président et vice-président de la Transition, fait sombrer le pays de jour en jour. Selon un communiqué du Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), publié ces jours-ci, le conflit a fait 13 900 morts, depuis son déclenchement, le 15 avril 2023. Que de vies fauchées ! Plus de 27 000 blessés et 8 millions de déplacés ont été également enregistrés, d'après des chiffres officiels. Les victimes des affrontements entre les soldats loyalistes et les forces paramilitaires, c'est bel et bien les populations qui vivent l'insécurité et la faim.

Le Soudan s'apparente désormais à un champ de ruines. C'est triste pour ce pays, qui connait un lourd passé de guerre civile et se devait de rompre définitivement avec les vieux démons. Une dizaine d'années après son accession à l'indépendance en 1956, le Soudan a basculé dans un régime islamique, quand l'officier Gaafar Nimeiry a pris le pouvoir à la suite d'un coup d'Etat. Le choix du nouveau maitre du pays d'alors, d'instaurer un régime islamique, avait accentué les clivages entre le Nord islamique, fief du gouvernement et les animistes et chrétiens du Sud.

Les deux régions, administrées séparément par les Britanniques en collaboration avec l'Egypte, ont été par la suite fusionnées stratégiquement, sans l'avis des dirigeants du Sud, jaloux de leur autonomie. Aussi, les tensions nées de cette fusion avaient-elles conduit à des décennies de guerre civile, pour enfin aboutir à l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, à la suite d'un referendum d'autodétermination. L'histoire sociopolitique du Soudan n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Nouvelle page sanglante, le conflit entre les deux hauts gradés les plus en vue du Soudan en donne une parfaite idée. Parce qu'il a échoué à obtenir l'intégration sans conditions des paramilitaires dans l'armée, des ex-miliciens au Darfour acquis à sa cause, le général Hamdane Dagolo a préféré l'affrontement au dialogue, face à son frère d'arme et désormais ex-allié, le général Al-Burhane.

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En octobre 2021, les deux hommes avaient mené un putsch ensemble pour renverser les civils, qui dirigeaient le Soudan après le coup d'Etat contre Omar El-Bechir, deux ans plutôt. Les deux généraux, censés diriger la Transition qui devait amener le pays à renouer avec la démocratie, sont devenus des ennemis jurés. Au point de s'en vouloir à mort. Des négociations visant à faire taire les canons ont été entreprises en Afrique, aux Etats-Unis et en Arabie saoudite, mais elles peinent à produire leurs effets. Un certain pessimisme commence à prendre place dans les esprits qui espèrent un retour de la paix en terre soudanaise. Il est pourtant temps de mettre fin à cette guerre aux conséquences désastreuses, dont le Soudan aurait pu se passer. On comprend la soif du pouvoir et de domination des deux généraux, mais ils ne sauraient hypothéquer l'avenir de leur pays. Aucun des deux généraux ne gagne à détruire le Soudan, pour lequel, ils nourrissent des ambitions.

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