Les femmes malgaches continuent de faire face à des défis majeurs. Cela entrave leur potentiel et perpetue les inégalités de genre dans le pays.
Inégalité profonde. Hary, femme de ménage dans un foyer à Antananarivo, ne sait ni lire ni écrire. "J'ai quitté l'école en classe de T2, selon ma mère. Elle n'avait pas de moyen pour me scolariser. Ce n'est pas vraiment un blocage dans ma vie d'être analphabète, mais j'aurais aimé passer un peu plus de temps à l'école pour apprendre des choses. Qui sait ? Peut-être que je serais devenue médecin ou enseignante, si j'avais pu faire des études ?", lance cette quadragénaire qui est incapable de déchiffrer sa carte d'identité nationale. Elle pense avoir 40 ans, mais sur sa carte d'identité nationale, elle est née en 1978.
Une proportion importante de femmes adultes, âgées de 15 à 49 ans, est analphabète, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé : "Libérer le potentiel des femmes et des adolescentes - Défis et opportunités pour une plus grande autonomisation des femmes et des adolescentes à Madagascar". Il a été présenté hier au bureau de la Banque mondiale à Anosy. Les femmes et les filles malgaches sont confrontées à de multiples désavantages qui affectent leur capacité à accumuler du capital humain dans l'éducation et la santé, à participer aux opportunités économiques et à prendre des décisions, selon toujours ce rapport. Selon la Banque mondiale, le manque d'investissement dans le capital humain pèse lourdement sur le potentiel des femmes à participer activement et de manière productive aux opportunités économiques.
Réduire les disparités
"Les données de l'enquête, et plus encore les données qualitatives récemment recueillies pour ce rapport, mettent en évidence les liens troublants et profonds qui existent entre la pauvreté, le manque d'accès à l'éducation, l'absence d'opportunités économiques, le manque d'autonomie et de voix chez les filles et le mariage des enfants. Le rapport montre également qu'au-delà de la lutte directe contre les écarts identifiés entre les sexes, les facteurs sous-jacents des inégalités doivent également être pris en considération lors de l'élaboration de politiques pertinentes. Parmi ces facteurs figurent les normes sociales patriarcales, le manque d'accès aux services de base, la vulnérabilité aux chocs et au changement climatique, ainsi que la pauvreté et le manque de capital économique et social chez les plus vulnérables", explique Miriam Muller, spécialiste principale des questions sociales et auteure du rapport.
Pour réduire les disparités existantes entre hommes et femmes, il est important d'aider les filles et les jeunes femmes à achever leur scolarité, d'améliorer l'accès des femmes et des filles aux soins de santé professionnels, d'améliorer les opportunités économiques des femmes, de leur permettre de mieux se faire entendre et d'agir, et d'éliminer toutes les formes de violence sexiste.