Afrique de l'Ouest: Justin Katinan Kone, président du conseil stratégique et politique du PPA-CI - « L'injustice que vivent les pays de l'AES, c'est ce que nous avons vécu en 2011, en côte d'ivoire »

27 Février 2024
interview

A la création du Parti des peuples africains de Côte d'Ivoire (PPA-CI), Justin Katinan Koné était le deuxième vice-président du Conseil stratégique et politique, vice-président exécutif en charge de la diplomatie et de l'intégration africaine et porte-parole du parti. Les dernières nominations opérées au sein du parti, font de lui désormais, le président du Conseil stratégique et politique (CSP) en charge du Programme du gouvernement. Au lendemain de la CAN Côte d'Ivoire 2023 remportée par les Eléphants, nous l'avons rencontré. Avec lui, nous avons échangé sur la belle victoire des Eléphants et sur bien d'autres sujets politiques, en l'occurrence les relations de son président Laurent Gbagbo avec le président de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara ainsi que le retrait des pays membres de l'AES, Burkina Faso, Mali et Niger de la CEDEAO.

« Le Pays » : Comment se porte le PPA-CI quand on sait que le parti a connu des remous suite à des nominations faites par Laurent Gbagbo ?

Justin Katinan Koné : Le PPA-CI se porte très bien. Je ne pense pas que ce soit des remous mais, dans toute organisation, lorsqu'on procède à des nominations, les choix ne font pas souvent l'unanimité et on comprend parfois qu'il y a des incompréhensions et ce ne sont pas des situations de nature à perturber le fonctionnement du parti.

Le parti a déjà annoncé que son président Laurent Gbagbo serait son candidat à la prochaine élection présidentielle alors qu'il pèse sur lui, une condamnation de 20 ans. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Nous sommes un parti politique et fonctionnons comme l'Homme. Lorsque vous prenez un engagement et vous voulez atteindre un objectif, vous vous donnez tous les moyens pour y arriver. Et en ce qui concerne la réinscription du président Laurent Gbagbo sur la liste électorale puisque c'est notre candidat, nous nous donnerons les moyens pour atteindre ce résultat parce que c'est notre objectif.

Comment se prépare le parti pour cette échéance électorale quand on sait qu'aux dernières élections locales, les choses ne se sont pas bien passées au niveau du score ?

Cette élection locale fut la toute première élection de notre parti qui venait d'être créé. Ces résultats ont pour nous des effets ambivalents. Dans un premier temps, ce fut un bon test et cela nous a permis de comprendre la nature exacte de notre propre faiblesse et en même temps, du système électoral tel qu'il fonctionne. Nous ne pensons pas que ce soit à tout point de vue un échec ou alors, c'est absolument un échec. Le score n'a pas été à la hauteur de nos espérances et nous savons pourquoi parce qu'il ne reflète pas notre réalité.

Tant que nous ne changeons pas ce système, les élections ne reflèteront jamais la volonté populaire. La première leçon que nous avons tirée de cette élection, c'est d'abord notre état à savoir l'analyse en interne, nos faiblesses mais surtout, comprendre et relever les faiblesses de notre système électoral. Je rappelle qu'à ces élections, avec notre organe mis en place pour lutter contre la fraude appelé SAFE (Sentinelle anti-fraude électorale), nous avons détecté et la CEI est d'accord est avec nous puisque nous trouvons sur cette liste plus de trois millions de personnes qui ne remplissent pas les critères fixés par le Code électoral.

L'article 7 dit parmi ses critères qu'il faut que le candidat ait un père et une mère alors que nous avons deux millions de personnes qui n'ont ni père ni mère. Vous trouvez sur la liste, une femme qui a 536 enfants, un père qui a 230 enfants. Ce sont des énormités qui faussent totalement le jeu électoral et je ne parle même pas du découpage électoral qui ne respecte pas la réalité. Cette élection a été beaucoup plus bénéfique pour nous parce qu'elle nous a permis de connaitre nos faiblesses et la nécessité de nous battre pour changer le système électoral de la Côte d'Ivoire.

Quels sont les rapports entre le président Laurent Gbagbo et son codétenu à la Haye, Charles Blé Goudé ?

Charles Blé Goudé a créé son parti politique et à ce niveau, il a opéré un choix. C'est de bonne guerre puisqu'en créant un parti politique, c'est pour la conquête du pouvoir d'Etat et c'est le même objectif que nous également. Charles Blé Goudé est en train de faire son chemin et nous faisons le nôtre. Mais, sur le plan humain, nous conservons cette fraternité qui nous a unis dans les épreuves difficiles.

Aujourd'hui, quelles sont les relations entre Alassane Ouattara et Gbagbo ?

Il y a un qui gouverne et l'autre est opposant. Il n'y a pas de rapports particuliers entre les deux. C'est, ici, que nous cherchons toujours des points de convergence entre le pouvoir et l'opposition. Nous sommes dans l'opposition et nous jouons notre rôle. Forcément, il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas d'accord et nous le faisons savoir et chacun assume son rôle. Cette vision des choses s'inscrit dans l'ordre normal des rapports dans un Etat démocratique où il y a un président et un opposant. Et nous fonctionnons sur cette base.

« Le retrait de ces trois pays était prévisible »

Comment avez-vous accueilli l'annonce des pays de l'Alliance des Etats du Sahel de se retirer de la CEDEAO ?

Notre parti a publié un communiqué à ce sujet. Nous avons tenu à ce que les peuples, les Etats et les institutions de chaque pays prennent connaissance de notre position sur la question. Bien entendu, en tant que parti panafricaniste, nous l'avons regretté. C'est regrettable de voir que notre espace communautaire est en train de s'étioler ou de se déchirer. Cependant, nous comprenons la volonté de ces Etats de se retirer de la communauté, et nous la soutenons d'ailleurs. Tout a commencé en 2011, ici, en Côte d'Ivoire, avec la gouvernance belliciste de la CEDEAO qui pense que tout doit se régler par la force, ou par des sanctions.

Des sanctions qui, d'ailleurs, ne visent pas les concernés mais les peuples. Dites-moi ! Quand vous imposez un embargo à un pays, en toute honnêteté, qui est-ce que vous visez ? La loi est claire puisqu'on ne peut pas utiliser le littoral pour faire du chantage à un peuple de l'hinterland. C'est écrit noir sur blanc sur le droit de la mer. La CEDEAO, sous le leadership du président Alassane Ouattara, est en train de détruire toute la cohésion sociale qui a été créée par les pères fondateurs. Le retrait de ces trois pays était prévisible. Vous ne pouvez pas pousser des peuples à l'extrême et espérer qu'ils ne réagissent pas.

Il est vrai qu'il y a une rupture de l'ordre constitutionnel. Mais, ils ont donné les raisons qui les ont poussés à renverser l'ordre constitutionnel établi. Des gens qui sont en guerre depuis 10 ans, personne ne vient les secourir. Ils décident de s'organiser avec leurs propres moyens, et des puissances étrangères vous manipulent pour que vous les attaquez. Si vous avez une armée pourquoi ne pas les aider à vaincre le terrorisme ? C'est ce que disent les peuples de ces pays.

D'ailleurs, à la dernière rencontre des ministres des Affaires étrangères, ils l'ont reconnu et ont décidé d'actionner la force en attente. Pourquoi alors avoir attendu aussi longtemps ? Franchement, nous regrettons, mais en même temps nous soutenons ces pays parce que cela donne l'opportunité à la CEDEAO de créer désormais un cadre institutionnel légal d'intégration ouest africaine, qui répond aux aspirations de nos populations.

Franchement, que reproche le PPA CI à la CEDEAO ?

L'injustice que vivent les pays de l'AES, c'est ce que nous avons vécu en 2011 en Côte d'Ivoire. Il y a eu une élection en 2011 et comme cela arrive dans tous les pays du monde, un candidat conteste les élections. Nous avons demandé, comme le cadre constitutionnel l'a prévu, de recompter les voix et on en voit dans bien d'autres à travers le monde. Les gens ont refusé parce que tout simplement l'ancienne puissance coloniale, la France sous l'administration Nicolas Sarkozy, a dit qu'elle voulait que le président Laurent Gbagbo quitte le pouvoir.

Et la CEDEAO est allée dans ce sens. Pour cela, des innocents ont été tués, des embargos ont été imposés sur des produits, y compris les médicaments, le système bancaire a été instrumentalisé pour fragiliser les populations. Nous estimons que cette façon de faire de la CEDEAO est contraire à l'esprit de la communauté. L'institution ne se rend pas compte, mais il y a un esprit qui est en train de naitre dans la sous-région et si elle ne fait pas attention, elle va se déconnecter de la population.

Est-ce que votre désamour vis-à-vis de la CEDEAO n'est pas lié au fait que Laurent Gbagbo avait eu des déboires en son temps avec la Banque centrale, ce qui a plus ou moins contribué à sa chute ?

Je suis heureux puisqu'alors que j'étais ministre, je disais à notre ami, le Burkinabè Jean-Baptiste Compaoré qui assurait l'intérim de la BCEAO lorsqu'on avait dégommé Paul-Henri Dakoury-Tabley, et j'espère qu'il est encore là, qu'il y a des choses à ne pas faire. Nous sommes forts et si nous nous considérons comme les plus forts de la sous-région et qu'ils ont pu nous faire ça, c'est qu'ils ne manqueront pas de le faire ailleurs. Je lui ai dit : « c'est illégal, ce que vous faites parce qu'aucune institution de la BCEAO n'a l'autorité, ni la compétence de s'ingérer dans la gestion d'un contentieux électoral et cela n'existe nulle part ».

Tout en lui faisant savoir que c'est du forcing qu'ils font sur la base de la France en créant une jurisprudence qui va contaminer beaucoup de pays. Le problème ne se situe pas au niveau de la chute de notre régime mais, c'est l'instrumentalisation illégale des instruments d'intégration pour résoudre des problèmes politiques, non pas dans l'intérêt de la CEDEAO mais celui des puissances étrangères.

Selon vous, quelles sont les réformes à opérer au niveau de la CEDEAO pour la mettre en phase avec les aspirations des peuples ?

Il faut que ce soit une véritable CEDEAO de solidarité. Je suis en train d'écrire sur ce sujet dans le cadre de la rédaction du programme de gouvernement de notre parti. Alors que nos parents étaient de bonne foi en créant la CEDEAO, des puissances étrangères en ont fait une échelle raccourcie pour exercer leur domination sur notre sous-région. Finalement, nos choix et approches économiques nous sont de plus en plus imposés même les critères de convergences pour que nous allions vers une économique intégrée. Tout cela parce que ces puissances ont un pan important dans notre système économique.

Vous ne pouvez pas dire que vous allez à une intégration alors que votre monnaie est arrimée à une autre monnaie et dans ces conditions, il y a un oeil étranger qui va vous imposer des critères de convergence parce qu'il a des intérêts propres. De façon pratique, nous proposons, dans un premier temps, qu'il faut parvenir à une citoyenneté de la CEDEAO et cela signifie que si je vais au Burkina Faso avec ma pièce d'identité, j'ai le droit d'installation dans ce pays comme tous les Burkinabè tout en bénéficiant des mêmes avantages.

Et je n'aurai pas besoin d'un délai pour chercher un titre de séjour et autres et il doit être ainsi pour le Burkinabè qui vient en Côte d'Ivoire. Mais, cette citoyenneté n'est possible que si nous sommes dans une logique d'économie complémentaire. Mais, depuis tout le temps, nos économies sont en compétition les unes avec les autres. Cela nous pose un problème qui est que, nous produisons les mêmes choses, vendons les mêmes choses aux mêmes personnes. L'une des conséquences, c'est que nous sommes incapables d'avoir une monnaie, ne serait-ce que commune puisque celle-ci est basée sur les échanges commerciaux intracommunautaires.

Par exemple, si le Burkina produit de la pomme de terre, la Côte d'Ivoire n'a pas besoin d'en faire autant. Ainsi, elle va désormais acheter sa pomme de terre au Burkina. En plus, nous n'allons pas faire de l'élevage puisque nous pouvons trouver un mécanisme de passage entre le cheptel d'un pays vers un autre dans le cadre du pâturage mais, nous favorisons la consommation de la viande bovine qui vient du Mali ou du Burkina. Il y a le Niger qui produit de l'uranium pendant que nos pays ont des problèmes d'électricité.

Pourquoi ne pas mettre ensemble nos compétences financières pour créer une centrale nucléaire au bord du fleuve Niger qui est une énergie propre contrairement à ce qu'on pense et va permettre avec un peu d'efforts à éclairer la sous-région. Si nous y parvenons, le Nigérien, qui peut avoir du travail, n'a pas besoin d'aller voir ailleurs et il en est de même pour les autres peuples de la sous-région dans leurs pays respectifs. Avec ces économies complémentaires, nous allons finir par créer des échanges intracommunautaires importants et cela va nous amener à avoir une monnaie commune importante.

Lorsque les citoyens d'un pays vont ainsi se rendre compte que les intérêts d'un autre pays sont les leurs, la citoyenneté va s'imposer d'elle-même. Au lieu des économies de compétition, notre parti milite pour des économies de complémentarité et c'est ce que fait l'Union européenne (UE). Il faut donc sauter toutes ces barrières inutiles et poser des pas qui nous rapprochent de plus en plus vers une sorte de fédéralisme. Aujourd'hui, le Mali, le Niger, le Burkina sont sanctionnés mais qui sait que le Nigeria avait fermé sa frontière avec le Bénin pendant plus de deux ans ?

Tout simplement parce qu'en voulant faire de l'autosuffisance alimentaire en matière de riz, le président nigérian, Muhammadou Buhari, qui venait d'arriver au pouvoir, a interdit l'importation du riz qui passait de façon illégale par le port de Cotonou. Personne n'en a parlé parce que c'est le Nigeria alors que c'est une violation grave des accords de la CEDEAO. C'est le même cas avec la Côte d'Ivoire qui avait fermé ses frontières terrestres, pendant que les vols n'étaient pas interdits, pour une histoire de Covid-19 que nous ne comprenions pas et cela n'a gêné personne.

« La CEDEAO était l'espace le plus intégré de l'Afrique et aujourd'hui, nous sommes en train de nous désintégrer »

Nous devons donc reformer le cadre institutionnel en lui donnant une orientation politique et une vision claires avec des stratégies pour atteindre tel ou tel objectif. N'oublions pas que la CEDEAO était l'espace le plus intégré de l'Afrique et aujourd'hui, nous sommes en train de nous désintégrer parce que nos dirigeants actuels ont décidé d'adopter une position belliciste et cela ne passe pas au niveau des peuples.

Quel commentaire vous inspire le report de l'élection présidentielle au Sénégal annoncé par le président Macky Sall ?

(NDLR : l'entretien a été réalisé avant l'interview du président Macky Sall à des médias sénégalais). Ce sont des donneurs de leçons qui ne sont pas du tout des exemples. L'erreur des hommes politiques est de penser qu'avec les mécanismes de gestion de contradictions à partir des textes, on peut les manipuler à souhait et se couvrir derrière. Et j'ai lu de nombreux commentaires à ce sujet qui m'ont fait rire parlant du président Léopold Sédar Senghor qui a reporté des élections. Mais, lorsque Senghor avait reporté les élections, il ne les avait pas annoncées.

On n'attend pas la veille de la campagne pour annoncer le report des élections et cela n'a jamais existé. Des élections ont été reportées parce que des évènements sont survenus. Mais, nous savons tous que c'est de la manipulation politique parce que le départ du président Macky Sall n'est pas de gaieté de coeur. Certainement qu'il ne va pas rempiler mais, il veut mettre quelqu'un pour assurer ses arrières. Si on continue ainsi, on n'a pas de leçons à donner aux autres.

Nous ne pouvons pas dire que nous étions prêts à lever une armée pour aller combattre au Niger parce qu'il y avait un coup d'Etat et, trois à quatre mois après, faire même pire que ce qui se passe ailleurs. Franchement, où allons-nous ? C'est de la désolation. C'est justement parce que personne ne croit en la démocratie puisqu'elle a été tellement galvaudée, instrumentalisée, vidée de sa substance que, finalement, tout le monde applaudit lorsqu'il y a un coup d'Etat alors que nous avons espéré la démocratie à partir des années 1990. Les coups d'Etat, applaudis, sont l'expression de l'échec de notre démocratie orientée.

Quel commentaire vous inspire le parcours des Eléphants lors de la CAN 2023 remportée à domicile ?

C'est une leçon de vie et je retiens des choses. La première est que, dans la vie de chacun de nous, la pire des chutes n'est jamais définitive. On peut chuter, être humilié mais, ce que nous avons comme force est notre capacité à repartir et nous avons un leader, le président Laurent Gbagbo qui est l'inspiration et l'incarnation de cet esprit. Nous l'avons vu ici humilié, déshabillé et ces images ont fait le tour du monde. Il aurait pu s'asseoir dans sa prison et se laisser mourir mais, le président Laurent Gbagbo a dit non. Rien n'est définitivement acquis et rien n'est impossible.

C'est ce que les Eléphants nous ont montré après avoir été fouettés dans leur orgueil avec deux défaites consécutives dont une défaite humiliante mais, ils se sont relevés. Ensuite, lorsqu'un peuple se met ensemble sans distinction et surmonte ses différences, il peut vaincre n'importe quel obstacle. Touchés dans leur honneur, les Ivoiriens ont mis de côté leurs querelles politiques en faisant bloc derrière leur équipe nationale et le résultat est là. Dans ce sens, nous avions fait une adresse au président de la République, Alassane Ouattara avant le début de cette CAN. Vous voulez organiser la meilleure CAN du monde ? Parfait. Vous voulez que ce soit une CAN de l'hospitalité ? Parfait. Mais faites en sorte que ce soit une CAN qui rassemble tout le monde. Vous ne pouvez pas avoir des prisonniers politiques, des gens qui murmurent et vous allez demander d'aller à la fête.

« Ma prière quotidienne est que vous puissiez vous unir au-delà de tout »

Cela va être difficile. Nous avons espéré et nous continuons d'espérer que des choses vont changer suite à ce qu'il a constaté pendant cette CAN. Ce faisant, il ne doit pas confondre cela à un soutien à sa personne puisque ce serait l'erreur fatale à ne pas commettre. Je suis personnellement allé au stade pour les demi-finales et il y a bien longtemps que je l'ai fait.

Qu'est-ce que vous auriez aimé dire que nous n'avons pas pu aborder ?

Je voudrais surtout dire que le Burkina est un pays que j'aime et où j'ai beaucoup d'attaches. Ma prière quotidienne est que vous puissiez vous unir au-delà de tout. On peut ne pas être d'accord avec la façon dont les jeunes sont arrivés au pouvoir mais, vous avez un danger plus grave que les contradictions internes. Mon souhait, pour le moment, est que vous puissiez les supporter, les accompagner dans leur bataille pour la restauration de la sécurité au Burkina. Après, toutes les contradictions sont possibles. C'est un message fort que je lance à mes frères qui sont de la classe politique burkinabè et que j'ai sondés lorsque les jeunes ont pris la décision de quitter la CEDEAO.

Ils m'ont dit ne pas être d'accord sur certaines choses mais sur ce sujet précis, nous les supportons. C'est cet esprit que je demande et que j'étends d'ailleurs à tous les autres pays. Ne laissons pas les gens venir nous manipuler parce que les enjeux sont énormes. Je n'ai jamais été un homme de coup d'Etat et je ne supporte pas du tout les gouvernances militaires mais, il y a un problème qui se pose et qui est existentiel.

Par la suite, le peuple burkinabè, qui a une conscience politique très élevée, pourra leur dire, « vous avez accompli votre mission, donc revenons à l'essentiel, au débat politique ». Dans les conditions actuelles, je ne suis pas sûr qu'on puisse faire un débat politique et parler de démocratie lorsqu'une partie du peuple est en conflit direct avec le djihadisme. Et il faut qu'on le dise, ce n'est pas un djihadisme religieux mais hautement politique avec des enjeux géostratégiques. Donc, tous doivent faire bloc pour finir avec cela.

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