L'ambassadrice de l'Union européenne à Madagascar, Isabelle Delattre, a convoqué la presse, hier, pour faire le survol de l'état de coopération entre Bruxelles et le nouveau régime qui vient d'être réélu.
Les élections à Madagascar continuent de susciter des préoccupations, en particulier dans les relations avec l'Union européenne. Lors d'une conférence de presse hier à Ankorondrano, l'ambassadrice de l'Union européenne, Isabelle Delattre, a attiré l'attention sur un point crucial : les recommandations émises par l'UE sont demeurées sans effet. Ces recommandations, fruit d'évaluations menées par des experts européens après les élections de 2018, semblent être tombées dans l'oubli. Malgré les rapports publiés et les démarches entreprises par l'Union européenne, aucune avancée significative n'a été constatée quant à leur mise en oeuvre, a regretté l'ambassadrice Isabelle Delattre.
Lettre morte
La diplomate a, pourtant, souligné l'importance de ces recommandations, élaborées avec rigueur et impartialité par les missions d'évaluation électorale de l'Union européenne. « Les missions d'observation électorale de l'Union européenne fournissent des évaluations complètes, indépendantes et impartiales des processus électoraux ainsi que des recommandations pour améliorer les systèmes électoraux. Le suivi de ces recommandations est un élément important pour la continuité du soutien de l'UE à la consolidation de la démocratie et de la transparence », a rappelé la délégation de l'Union européenne. Cependant, leur statut de « lettre morte » jusqu'à présent est préoccupant.
Dialogue
La délégation de l'Union européenne envisage donc d'entamer un « dialogue constructif » avec le gouvernement. L'objectif est de promouvoir la mise en oeuvre de ces recommandations, notamment en vue des prochaines élections législatives et communales. Pour l'Union européenne, le suivi de ces recommandations est essentiel pour maintenir son soutien à la consolidation démocratique dans le pays, annonce-t-on.
Moyens dignes
Les récentes dispositions pénales introduites dans le code pénal malgache, qui prévoient la castration comme peine pour les auteurs de viols, suscitent une vive critique de la part de l'Union européenne. Hier, lors de la rencontre avec la presse, l'ambassadrice de l'Union européenne a exprimé son désaccord ferme qualifiant cette peine de « contraire à la Constitution malgache ». Isabelle Delattre a aussi remis en question l'efficacité dissuasive de cette mesure dans la lutte contre les violences sexuelles dans le pays. « La castration n'est pas une solution dissuasive contre le viol », a-t-elle affirmé, mettant en doute son impact réel sur la prévention de ces crimes odieux. Elle a, toutefois, souligné la nécessité de lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants, mais en utilisant des « moyens dignes ». Cette déclaration intervient dans un contexte où la question des droits humains et de la justice est au coeur des préoccupations internationales.
Priorité
La position de l'Union européenne sur ce sujet met en lumière les divergences d'opinions quant à l'efficacité de certaines peines, en particulier celles qui touchent à l'intégrité physique des individus. Si la lutte contre les violences sexuelles demeure une priorité, l'Union européenne, qui rejoint l'appel de Amnesty International, appelle à privilégier des approches plus respectueuses des droits fondamentaux et de la dignité humaine.
Ciblé
Lors de son intervention, hier devant la presse, Isabelle Delattre a parlé de la Politique générale de l'Etat, et mis en lumière les ajustements apportés au programme gouvernemental, le qualifiant de « plus ciblé » par rapport aux actions de développement. Selon l'ambassadrice de l'Union européenne, cette nouvelle approche tient compte des priorités du pays, comparativement au Plan émergence Madagascar (PEM). La Politique Générale de l'État (PGE) se présente comme un projet davantage axé sur des objectifs spécifiques et mesurables. Elle souligne l'importance de concentrer les ressources et les efforts sur les domaines essentiels susceptibles d'avoir un impact significatif sur le bien-être et la prospérité de la population. « Il faut éduquer » a-t-elle, par exemple, souligné. La reconnaissance des priorités nationales dans l'élaboration de la Politique Générale de l'État est perçue comme un signe positif de collaboration et de partenariat entre Madagascar et ses partenaires internationaux, dont l'Union européenne.