À la suite du communiqué publié par le ministère du Travail, il est désormais requis que les personnes affectées par la dengue déduisent dix jours de congé maladie de leur quota annuel de congés. Cependant, la majorité des travailleurs ne bénéficient que de 15 jours de congé de maladie par an. Les syndicalistes expriment leur désapprobation quant au fait de n'avoir pas été consultés avant qu'une telle décision ne soit prise et demandent instamment aux autorités de reconsidérer cette mesure.
Pour le syndicaliste Fayzal Ally Beegun, l'application de la déduction de dix jours du quota des congés maladie annuels des employés ne fait qu'ajouter du stress à ces derniers. «Déjà que la personne souffre à cause de la dengue et étant donné que c'est un peu comme le chikungunya, les effets comme les courbatures risquent de persister pendant un certain temps. Par conséquent, il est possible que ces personnes soient contraintes de prendre encore quelques jours de congé en raison de la douleur. Mais une fois les congés épuisés, quelle option reste-til pour ces employés ? Il ne faut pas oublier que nous ne sommes qu'en février.» Le président de la Textile Manufacturing and Allied Workers Union demande également à ce que les travailleurs ne subissent aucun préjudice. «Certaines personnes peuvent avoir des préjugés et cela pourrait nuire au malade.»
Le syndicaliste demande instamment aux autorités de reconsidérer leur position sur cette question. «Pourquoi ne pas adopter la même approche que celle utilisée lors de la pandémie de Covid-19 et ne pas déduire les congés maladie ? On aurait pu instaurer un congé spécial pour les personnes affectées par cette maladie.» Autrement, il craint que la dengue ne se propage rapidement car un grand nombre de personnes infectées continueront à se rendre au travail malgré leur état de santé, par crainte de perdre leurs congés. «Les employés iront travailler même s'ils sont malades pour éviter de perdre leurs congés. Dans ces cas, ils risquent d'être piqués par des moustiques et de contaminer d'autres membres du personnel.» Fayzal Ally Beegun appelle le ministre du Travail et le Premier ministre à faire preuve d'indulgence pour résoudre cette question de congé maladie pour la dengue.
Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, partage le point de vue de Fayzal Ally Beegun. Il souligne que la dengue se propage rapidement dans la région de Port-Louis, où la plupart des activités économiques du pays sont concentrées, à savoir les ministères, la Cour suprême et les cabinets de notaires, pour ne citer que ceux-là. «Certaines personnes redoutent désormais de se rendre à Port-Louis. Le gouvernement doit trouver une solution pour que tous ces travailleurs ne soient pas perdants. Car nombreux seront ceux qui hésiteront à déclarer qu'ils ont la dengue de peur de perdre leurs congés de maladie. Par conséquent, la propagation de la dengue pourrait se poursuivre.»
Pour lui, il est impératif que les autorités trouvent une solution adéquate. «Du point de vue de la législation du travail, cela représente un changement fondamental en ce qui concerne les congés. Il aurait été nécessaire d'avoir des discussions avec les représentants des travailleurs pour trouver une solution appropriée et cela aurait pu se faire autour d'une table de négociation.» Il estime qu'il n'est pas trop tard pour remédier à la situation.
De son côté, Narendranath Gopee, négociateur de la Federation of Civil Service and Other Unions et président de la National Trade Union Confederation, souligne que cette affaire aurait dû être portée au niveau de la tripartite. «Les congés de maladie ou sick leave constituent une condition de service pour tout employé. Le fait que cela fasse partie des termes et des règlements d'un employé rend illégale la modification des sick leaves d'un employé via un simple communiqué. Le ministère du Travail dispose d'une instance appelée la tripartite. Il aurait dû convoquer ce comité afin qu'il puisse discuter et résoudre ce genre de problème.» Pour lui, c'est après discussion au sein de ce comité que le ministère du Travail aurait dû prendre cette initiative. «Avec cette décision, c'est un amendement à la loi du travail qui est apporté. C'est une circonstance imprévue, une situation qu'on n'attendait pas. En tout cas, la procédure a été mal menée.»
Il exprime son désaccord quant à la réduction du solde des congés de maladie des employés. «Il devrait y avoir une répartition équitable entre l'employeur et l'employé, de sorte que chacun contribue à cinq jours de congé. Mais actuellement, tout le fardeau est mis sur les épaules des employés. C'est une décision erronée.» Tous espèrent que les autorités rectifieront le tir.
La Réunion: 84 cas depuis le début de l'année
Les agents de la préfecture et de l'Agence régionale de santé (ARS) à La Réunion sont actuellement mobilisés pour prévenir la propagation de la dengue dans l'île. Selon les dernières analyses, 84 cas ont été recensés depuis le début de l'année, soit le double par rapport à la même période au cours de l'année précédente. La préfecture a souligné que la situation est surveillée de près, notamment après les récentes intempéries. Saint-Joseph, dans le sud du pays, reste la région la plus touchée. À l'ARS, les responsables poursuivent leurs actions de sensibilisation en allant faire du porte-à-porte. Ils n'hésitent pas à rappeler aux mairies leur rôle crucial dans le retrait des pneus hors d'usage, susceptibles de devenir des sites de reproduction pour les larves de moustiques.