Afrique de l'Ouest: Présidentielle sénégalaise - Querelle de « dialoguistes » et de « refusards »

analyse

Le pari était pour le moins risqué. Le Collectif « Aar sunu élection », sauvons notre élection en ouolof, avait annoncé une journée ville morte hier pour protester contre l'ajournement de l'élection présidentielle au Sénégal, initialement prévue pour se tenir le 25 février 2024, mais qui a finalement été reportée sine die.

Force est de reconnaître que le mot d'ordre n'a pas été suivi à Dakar, les activités s'y étant déroulées normalement. En effet, les marchés ont fonctionné, les cars de transport urbain ont roulé comme d'habitude et les boutiques n'ont pas baissé leurs grilles. Tout le monde n'était pas sur la même longueur d'onde, notamment les syndicats qui ne parlaient pas de la même voix.

A dire vrai, les commerçants et les acteurs du secteur informel, en général, ne sont pas toujours dans le jeu des politiciens, car pour beaucoup, c'est plutôt la recherche de la pitance quotidienne qui constitue la principale préoccupation. Qu'à cela ne tienne, le camp présidentiel considère ce flop comme un désaveu de ceux qui désapprouvent le dialogue national convoqué par le président Macky Sall pour permettre aux différentes parties prenantes de s'accorder sur une nouvelle échéance.

Et voilà donc le Sénégal divisé en deux : d'un côté ceux qui se dressent toujours contre la décision de report de la présidentielle et refusent le dialogue, et de l'autre ceux qui, par contre, sont favorables pour trouver une nouvelle date au président afin de sortir de la crise.

L'enfant prodige de Fatick avait annoncé saisir l'Assemblée nationale dès aujourd'hui mercredi d'une loi d'amnistie générale sur des faits se rapportant aux manifestations politiques entre 2021 et 2024. Une loi d'amnistie qui couvre donc les turbulences sociopolitiques de la période concernée, qui ont entraîné des dizaines de morts et envoyé quelques leaders politiques en prison. Ce qui devrait rebattre les cartes pour permettre à Ousmane Sonko, Karim Wade... de rentrer dans la course.

A ce stade, il serait cependant difficile d'organiser le scrutin avant la saison des pluies, comme l'a soutenu le président sénégalais, car il serait impossible pour les différents protagonistes de battre campagne comme il faut. On était toujours hier en attente de la fumée blanche du côté de Diamniadio, à une trentaine de kilomètre de Dakar, où se tient le dialogue national, et si on ne parvenait toujours pas à trouver un terrain d'entente, ce serait alors au Conseil constitutionnel de mettre tout le monde d'accord. Difficile de savoir sur quoi débouchera cette querelle entre « dialoguistes » et « refusards », dont le bras de fer tient tout le Sénégal en haleine depuis longtemps.

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