L'appel de la plateforme « Aar Sunu Election » qui signifie littéralement « Protéger Notre Election » pour une journée dénommée "villes mortes" sur toute l'étendue du territoire national hier, mardi 27 février, en guise de protestation contre la confiscation de la volonté populaire n'a pas été suivi par les concitoyens pour diverses raisons. Sud Quotidien a fait un tour dans la capitale sénégalaise. Reportage !
Dans la capitale Sénégalaise (Dakar), tout marche comme si de rien n'était en cette journée de mardi 27 février 2024. Dans cette ville à forte vitalité économique, le secteur des transports, l'un des moteurs déterminants du développement social et économique mais également et surtout signe de mobilité et de commerce est au rythme plus ou moins habituel. Du rond-point Terminus Liberté 5 en passant par les allées Ababacar Sy, rond-point Jet d'Eau, avenue Bourguiba, avenue Cheikh Anta Diop, avenue Blaise Diagne, marché Sandaga, avenue André Peytavin, avenue Georges Pompidou, connue sous l'appellation « Ponty », Place de l'indépendance, Boulevard de la République, Corniche, le transport est au rendez-vous. Boutiques, magasins, vendeurs à la sauvette guettent le moindre client.
Le dispositif sécuritaire connu ces dernières semaines est allégé, à part quelques ronds-points de la capitale Sénégalaise où les gendarmes règnent en main de maitre avec leur dispositif. Au centre-ville, comme d'habitude, trouver un lieu où se garer est un chemin de croix. Sur les lieux, les commerces sont au rendez-vous-même si les commerçants disent attendre désespérément les clients qui arrivent au compte-goutte. Modou Fall, vendeur à la sauvette de sous-vêtements sur l'avenue André Peytavin n'épouse pas cet appel à une ville morte de « Aar Sunu Election », même si par ailleurs, il dit comprendre le sens de la lutte. « Nous sommes des jeunes qui ne comptent que sur ce commerce pour assurer notre quotidien. Ça fait si longtemps que le pays est méconnaissable.
Ceux qui nous gouvernent n'ont aucune conscience de la souffrance de leurs administrés. Donc, nous ne raterons aucune occasion d'accalmie pour trouver notre gagne-pain ». Mme Diagne, gérante d'agence de transfert d'argent au marché Sandaga, lui emboite le pas. « Il y a si longtemps que l'économie sénégalaise majoritairement informelle croule sous le poids des désidératas des politiques. Donc, demander aux gorgorlous (les débrouillards ou les dégourdis) que nous sommes de respecter ce mot d'ordre est chose très pénible », a-t-elle expliqué. Même son de cloche non loin de Mme Diagne, un vendeur de vêtements d'art, répondant au nom de Bacary Fabouré se confie. « C'est, ce matin (hier) que j'ai appris que la plateforme "Aar Sunu Election" a invité les acteurs de la vie socioéconomique à observer la journée "ville morte". Ceci, en signe de protestation contre la confiscation de la volonté populaire. Mais, en tant que employé, il m'est difficile de le respecter, même si par ailleurs cela a du sens ».
Sur l'avenue Ponty, Place de l'indépendance, et dans bien d'autres lieux du centre-ville et dans les quartiers, l'activité économique s'effectue sans couac. Les commerces sont ouverts et le seul hic reste la clientèle. Mouhamed Abdoulaye Aidara, vendeur de vêtements à Colobane rencontre sa journée. « Le pays doit remédier rapidement à cette situation. Depuis les derniers événements, l'argent est devenu rare. A Colobane, les boutiques sont ouvertes mais les clients viennent au compte-goutte. Si ça perdure, il n'est pas à craindre de voir certains commerçants fermer boutique parce qu'ils n'arriveront pas à payer les cantines trop chères », s'est-il ainsi plaint. Bref, la ville reprend vie malgré la journée « ville morte » mais la vitalité économique n'est pas encore rendez-vous.