Avec l'échéance électorale qui approche à grands pas, des têtes commencent déjà à émerger. Outre les sans-partis, de potentiels candidats veulent également s'affranchir de leurs partis en se présentant en tant qu'indépendants.
La dernière reconfiguration du paysage politique a bouleversé la manière avec laquelle chaque parti abordera les prochaines élections. Si la mise en place de la plateforme Firaisankina a réjouit une partie de l'opposition, de potentiels candidats se trouvent menacés par cette décision. Présenter des candidats communs dans toutes les circonscriptions laisse entendre que le parti sacrifiera ses candidats potentiels au profit de ceux de la plateforme. Au risque d'occasionner en conséquence des candidats indépendants. En tout cas, des voix commencent déjà à se lever et annoncent qu' « à défaut de l'investiture du parti, se présenter en tant qu'indépendant sera une alternative ». D'autant plus que le respect de la discipline du parti n'est pas l'apanage des politiciens malgaches.
Avantages. Dans le camp du Kôlekitifa an'ny Malagasy, avec la tergiversation de ses membres, des prétendants à la course à Tsimbazaza veulent également s'émanciper. Des députés du parti Malagasy Miara Miainga (MMM) ont d'ailleurs déjà indiqué qu' « au cas où le parti ne participerait pas aux prochaines législatives, ils se présenteront en tant qu'indépendants ». Il ne s'agit bien évidemment pas d'un cas isolé. La décision de ne pas se présenter aux élections avec les enjeux qu'elles présentent ouvre la voie à la candidature indépendante, surtout pour ceux qui ont l'habitude de profiter de tous les avantages octroyés aux députés de Madagascar.
Lutte fratricide. L'actuelle majorité risque toutefois d'être la première victime de ce phénomène qui a fait son nom depuis le tournant des années 1990. Marquée par une lutte fratricide entre Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina (IRD) et Union Pro-Andry Rajoelina (UPAR), tous ceux qui ont soutenu le Chef d'Etat lors de la dernière campagne veulent également tirer la couverture de la réélection d'Andry Rajoelina à la tête de l'Etat. Les « oranges » se trouvent dans une position inconfortable. L'éventuelle sélection des candidats qui porteront la couleur de l'actuelle majorité poussera plus d'un à choisir la candidature indépendante. En tout cas, des élus en rupture de ban avec son ancienne famille politique ont déjà fait entendre leurs désirs de voler de leurs propres ailes.
Caution. Le seul bémol, c'est la caution électorale qui n'est pas faite pour ceux qui ne disposent pas de moyens financiers conséquents. À part les 20 000 000 d'ariary pour la contribution des candidats aux frais d'impression des bulletins de vote pour les élections, les candidats devraient avoir la trésorerie solide pour subvenir à leurs frais de campagne. Cette hausse de la caution électorale est considérée par ailleurs par les observateurs comme un moyen pour le régime d'empêcher l'opposition d'avoir la majorité mais surtout de limiter les candidatures indépendantes. Peu importe, elle accordera plus de chances à ceux qui ont plus d'argent que les autres et, avec la situation dans laquelle se trouve la majorité des partis politiques malgaches, aux sans-partis qui excellent dans le monde des affaires.