Au Mali, la ville de Ménaka a accueilli un important convoi de marchandises lundi 26 février. Cette ville du Nord, près de la frontière avec le Niger, est soumise à un blocus imposé notamment par le groupe État islamique au Sahel (EIS). Alors que les denrées de base manquent et que les prix ont explosé, l'arrivée de ces marchandises est un véritable soulagement pour la population.
Au total, 16 camions civils sont entrés dans la ville, escortés par l'armée malienne.
« Ce sont des camions qui ont quitté Gao pour aller à Ansongo puis, de là, à Ménaka, explique Moussa ag Acharatoumane, chef communautaire de la fraction touareg Daoussak à Ménaka, qui dirige également le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), groupe armé local qui travaille avec l'armée pour sécuriser la ville. Ils ont emprunté la Route nationale 20. Ces derniers temps, c'est une route qui a été bloquée par les terroristes du groupe État islamique pour empêcher de ravitailler la ville », résume-t-il.
Les jihadistes de l'EIS dominent toute la région de Ménaka, et même au-delà. Ce sont principalement eux qui empêchent les marchandises d'arriver de la région de Gao ou du Niger voisin.
Leurs rivaux du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), liés à Al Qaeda, ne sont pas présents dans la région mais ils bloquent depuis cinq mois la route venant de Kidal et d'Algérie. Les rebelles du CSP ont eux aussi décrété un blocus sur Ménaka, fin décembre. Comme le Jnim, les combattants du CSP ne sont pas présents dans la zone mais peuvent bloquer les voix d'accès en amont, à partir de la région de Kidal.
Parmi les 16 camions arrivés lundi, 10 étaient chargés d'aide humanitaire, les 6 autres ayant apporté des marchandises destinées aux commerçants de Ménaka. « Du lait, de la semoule, de la farine, de l'huile... tous les produits qui manquaient dans les boutiques et sur les marchés de Ménaka ces derniers temps, c'est ce que ce convoi contient, énumère Moussa Ag Acharatoumane. Avec l'arrivée du Ramadan, c'est un grand soulagement en réalité. Les gens vont respirer un peu ! »
D'autres envois fin 2023
Au début du mois, trois avions chargés d'aide humanitaire, fournie par le Comité international de la Croix-Rouge et les Nations unies, avaient pu atterrir à Ménaka. Une première depuis fin décembre. L'aide était notamment constituée des médicaments.
Plusieurs ministres s'étaient ensuite rendus dans la ville pour assurer les habitants de leur soutien. Il y a deux semaines, l'armée avait sécurisé un premier convoi terrestre transportant des cargaisons de riz fournies par les autorités de transition, qui ont été distribuées dans plusieurs localités de la région.
De quoi soulager, au moins pour un temps, les habitants de Ménaka et les dizaines de milliers de déplacés qui ont trouvé refuge dans la ville ces derniers mois.
