Sénégal: Saint-Louis - Le blues des acteurs du tourisme après la multiplication des annulations de réservations

Saint-Louis — Les nombreuses annulations de réservations enregistrées au niveau des réceptifs hôteliers de Saint-Louis en lien avec la montée de la tension politique laissent craindre une baisse du chiffre d'affaires du secteur touristique de cette localité du nord du Sénégal, ont indiqué à l'APS des professionnels du secteur.

Selon Bachir Cissé, le président du Syndicat d'initiative de Saint-Louis, l'office du tourisme local, la situation politique actuelle du pays, marquée par une montée de la tension politique à la suite du report de l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février, a affecté le secteur touristique de la ville tricentenaire.

"Nous avons enregistré pas mal d'annulations de groupes de touristes, parce que le pays a connu quelques remous, voire une certaine instabilité", a-t-il confirmé lors d'un entretien avec l'APS.

Des manifestations violentes ayant entrainé la mort de quatre personnes, dont deux étudiants à Saint-Louis, ont éclaté après le report annoncé de l'élection présidentielle.

Cette situation a impacté les arrivées de touristes dans la ville, a en croire M. Cissé.

Il a rappelé que lors des différents salons du tourisme, notamment celui tenu au mois de janvier dernier à Lille (France), "beaucoup de clients s'étaient inquiétés de la situation au Sénégal".

%

Trouvé dans un l'hôtel dont il est le gérant, M. Cissé estime que le tourisme a besoin d'une certaine stabilité pour que les étrangers choisissent de venir passer leurs vacances dans un pays.

"Quand le touriste décide de partir dans un pays, il a besoin du minimum de quiétude et de sécurité. D'ailleurs, lorsqu'une personne part en vacances, ce n'est pas pour se retrouver dans des situations d'insécurité ou de peur ", a souligné l'hôtelier.

En période électorale, dit-il, les touristes préfèrent décaler d'une à deux semaines leurs vacances, le temps que l'élection se tienne pour éviter de se retrouver dans des situations de probables troubles.

Une baisse du chiffre d'affaires attendue

Pour M. Cissé, la tension ambiante après les violentes échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre a eu des conséquences économiques dans le secteur touristique de Saint-Louis. Il en veut pour preuve les nombreuses annulations reçues de ses clients.

"A partir du moment où ils ont eu écho des violences et des morts d'hommes, j'ai été informé de plusieurs annulations de réservations. Aujourd'hui, je ne dirais pas que l'hôtel est vide de clients, mais c'est tout comme, comparé à la même période les années passées".

M. Cissé pense toutefois qu"il est trop tôt pour faire le bilan", même s'il ajoute qu'il est évident que son chiffre d'affaires connaîtra une baisse.

"Je peux vous dire, d'ores et déjà, que notre chiffre d'affaires du mois de février sera nettement inférieur à celui de l'année dernière", craint-il.

"On avait quand même un très bon taux d'occupation, entre 60% et 70%, mais actuellement, on est peut-être à 35%", se désole M. Cissé, soulignant que les remous politiques ont impacté le secteur touristique saint-louisien.

La baisse du taux de fréquentation des touristes affecte également les guides touristiques, qui font face au chômage.

Selon Abdou Razakh Niang, le secrétaire général de l'Association des guides touristiques de Saint-Louis, la situation politique a affecté effectivement leur profession.

Appel à un consensus des acteurs politiques

Face à tous ces problèmes, les professionnels du tourisme invitent les acteurs politiques à trouver un accord pour la tenue de l'élection présidentielle.

"Il faut que l'on aille à l'élection afin que le pays retrouve sa stabilité, que les gens reprennent normalement leur travail et que les activités économiques tournent aussi normalement", plaide le guide touristique.

Le directeur d'hôtel Bachir Cissé espère qu'un accord entre les "forces vives de la nation" sera rapidement trouvé pour la tenue de l'élection présidentielle.

"On espère juste qu'ils vont trouver un accord rapidement, qu'on fasse l'élection présidentielle et puis on passe à autre chose parce qu'on le veuille ou non aujourd'hui, le pays est à l'arrêt", dit-il. "Les investisseurs ne viendront pas dans un pays instable", ajoute-t-il.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.