Ile Maurice: Les parents continuent à se bercer d'espoir

28 Février 2024

L'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est une quête constante de nombreux parents actifs sur le marché du travail. Cette quête a été exacerbée ces derniers temps avec les fermetures fréquentes des écoles en raison d'intempéries. Une mesure annoncée dans le Budget 2023-24 du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait suscité un grand espoir : l'obligation aux entreprises de plus de 250 employés de fournir un service de garde d'enfants. Cependant, près d'un an après cette annonce, le constat est mitigé. Si certaines entreprises se sont mouillées, d'autres semblent traîner les pieds. À ce jour, les crèches en entreprise restent une réalité lointaine.

L'idée avait été formulée dans le Budget 2023-24 et approuvée dans le Finance Bill à l'Assemblée nationale, ce qui signifie que les entreprises ont une obligation légale de respecter cette mesure. Bien que de grands groupes réalisent des profits importants, des compagnies continuent à dire que l'intégration d'une garderie dans l'entreprise ne peut être réalisée du jour au lendemain. On évoque le coût financier ainsi que les défis liés à l'espace physique disponible. Pour certaines entreprises, la gestion d'une crèche interne ajoute une couche supplémentaire de complexité à leurs opérations déjà chargées et nécessite une étude minutieuse suivie d'une planification rigoureuse. Il faut, soulignent-elles, s'assurer d'un personnel compétent dans les soins et l'éducation des jeunes enfants. De plus, il y a les permis nécessaires pour opérer une crèche dans le cadre légal. «Les compagnies doivent absolument déposer leur demande de permis au ministère concerné et ce n'est pas une démarche facile», souligne une responsable d'entreprise.

%

Des exemples louables

Pourtant, quelques initiatives louables ont émergé. ENL a ouvert Ti Pouce en janvier 2016, qui a accueilli ses premiers jeunes pensionnaires au Vivéa Business Park, à Moka. Bien que Ti Pouce soit ouverte au public, les employés d'ENL et les locataires d'Officea, filiale du groupe ENL, sont prioritaires sur les inscriptions. De plus, les employés de ses différentes filiales bénéficient d'une subvention à hauteur de 50 % des frais mensuels et d'inscription. Une extension de ce projet est envisagée.

United Basalt Products Ltd (UBP) avait lancé dès 2015 une crèche au siège de l'entreprise à Trianon, pour améliorer le cadre de vie des employés. La crèche accueille des enfants âgés de trois mois à trois ans et emploie des auxiliaires qualifiées en petite enfance.

Du côté d'Eclosia, un travail acharné est en cours depuis plusieurs mois sur cette première crèche d'entreprise après l'annonce budgétaire. Pour la compagnie, ce projet est en parfaite cohérence avec les valeurs du groupe. En effet, Eclosia a établi un partenariat avec des professionnels du secteur pour concrétiser cette initiative. Cette crèche vise non seulement à aider les parents à trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, mais également à créer un environnement propice au développement des enfants. Pour Eclosia, tout projet visant à permettre aux familles de réintégrer le monde du travail de manière sereine est positif pour le pays.

De même, la Mauritius Commercial Bank avait envisagé la mise en place d'une crèche pour ses employés et avait identifié un terrain à Ébène. Cependant, des obstacles logistiques, tels que la distance entre les différents sites de travail, ont compliqué sa mise en oeuvre. Malgré la volonté initiale, la question de faisabilité reste en suspens.

«Project Implementation and Monitoring Agency»

Le rôle de la Project Implementation and Monitoring Agency (PIMA) dans la mise en oeuvre des mesures budgétaires est crucial. Créée en 2021 sous l'égide du ministère des Finances, elle supervise le déploiement des projets gouvernementaux pour améliorer le bien-être des Mauriciens. L'Executive Management System (EMS), une plateforme en ligne en temps réel, constitue un outil avancé pour assurer le suivi et la mise en oeuvre efficace de ces initiatives.

Malgré l'accueil favorable des parents à la mesure budgétaire pour instaurer des crèches en entreprise, la réalité sur le terrain est décevante. Les entreprises ne suivent pas les directives. Cette déception est d'autant plus grande que le suivi et l'application de ces mesures semblent lacunaires du côté du ministère des Finances. Alors que de grandes entreprises réalisent d'importants bénéfices chaque année, la question se pose : pourquoi cette mesure tarde-t-elle à se concrétiser ? Face à cette situation, si le gouvernement a une réelle intention d'aider les mères qui travaillent, que fait-il pour veiller à ce que les entreprises respectent cette directive ?

Le directeur de PIMA, Gilles L'Entêté, explique que son rôle consiste à faciliter la mise en oeuvre des mesures budgétaires et à aider les institutions dans ce processus. «Je ne peux pas parler au nom de chaque ministère. Nous avons des centaines de réunions par jour pour assurer le suivi. Il y a plusieurs parties externes impliquées dans cet exercice. Nous organisons des réunions et identifions les obstacles afin que les projets puissent être réalisés. Cependant, le suivi incombe également au ministère concerné, car chaque mesure annoncée relève de sa responsabilité.» Il ajoute que «l'implémentation d'une mesure budgétaire devrait normalement se faire dans l'année, mais certains projets peuvent prendre plus de temps en raison de diverses circonstances».

Dans ce cas précis, nous avons tenté en vain d'obtenir des explications du ministère de l'Égalité des genres et du bien-être des enfants sur le retard dans la mise en place des crèches en entreprise. Quoi qu'il en soit, il est manifeste qu'en dépit du suivi et des tentatives pour mettre en oeuvre cette mesure, aucune concrétisation n'est apparue, car les entreprises dotées de crèches ne sont toujours pas une réalité. Bien que des défis subsistent, les exemples de réussite montrent que c'est une mesure réalisable et bénéfique, tant pour les entreprises que pour leurs employés.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.