Ces tirs d'armes automatiques ont été entendus aux abords du QG d'un parti de l'opposition. Le réseau téléphonique et internet étaient également perturbés.
Des tirs sporadiques ont été entendus ce mercredi (28.02.2024) à N'Djamena près du QG du Parti socialiste sans frontières (PSF), accusé par le gouvernement d'une attaque qui a visé la nuit précédente le siège des puissants services de renseignement, faisant "plusieurs morts".
Un responsable du PSF s'exprimant sous couvert d'anonymat a fait état de tirs de kalachnikov et de grenades lacrymogènes aux abords du siège du parti.
Des camions de la garde présidentielle ont également été vus en train de rouler à vive allure en direction du siège de ce parti.
Depuis la mi-journée, le réseau téléphonique et internet sont également fortement perturbés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'attaque menée dans la nuit de mardi à mercredi a eu lieu après l'arrestation d'un membre du PSF, accusé par le gouvernement de "tentative d'assassinat contre le président de la Cour suprême", selon un communiqué du gouvernement consulté mercredi par l'AFP.
La situation aurait alors "pris une tournure dramatique" avec "une attaque délibérée des complices de cet individu menée par les éléments du PSF et à leur tête le président de ce mouvement Yaya Dillo" contre les bureaux de l'Agence nationale de sécurité de l'Etat, a affirmé le gouvernement.
Selon le correspondant de la DW joint ce mercredi après midi, "la situation est confuse, des tirs continuent de retentir non loin du siège du parti de Yaya Dillo et il y a une forte mobilisation des véhicules militaires."
Le correspondant de la DW revient par ailleurs sur l'origine de cette crise. Cliquez sur l'image pour écouter ses précisions.
La présidentielle en mai 2024
L'attaque s'est produite au lendemain de l'annonce du calendrier sur la date de l'élection présidentielle au Tchad dont le premier tour aura lieu le 6 mai. Le président de transition Mahamat Idriss Déby et Yaya Dillo seront candidats à ce scrutin.
"Je n'étais pas présent" a déclaré à l'AFP Yaya Dillo, qui nie son implication et dénonce un "mensonge".
"Le but recherché est de m'empêcher, de m'éliminer physiquement, (...) pour me faire peur afin que je n'aille pas à l'élection", a ajouté l'opposant qui avait déjà dénoncé "une mise en scène" concernant les allégations de tentative d'assassinat contre le président de la Cour suprême.
Qui est Yaya Dillo ?
Yaya Dillo était candidat à la présidentielle de 2021 contre son oncle, Idriss Déby Itno.
Il avait dû s'enfuir et se cacher fin février 2021 après qu'une tentative des forces de sécurité de l'arrêter à son domicile s'était soldée, après de long échanges de tirs, par plusieurs morts, dont celle de sa mère et de l'un de ses fils.
Le pouvoir de Déby père lui reprochait d'avoir accusé la première dame de corruption, mais redoutait en réalité sa candidature.
Yaya Dillo draine derrière lui une composante importante du clan Zaghawa, ethnie très minoritaire en nombre dont le clan Déby qui dirige le pays depuis 33 ans est issu, tout comme les principaux officiers de l'armée.
Yaya Dillo était rentré au pays sous la présidence de Mahamat Déby et disait avoir "pardonné" la mort de ses proches.
Il est resté néanmoins l'un des plus grands opposants à la junte et un pilier d'une certaine frange du clan Zaghawa, qui conteste l'autorité et la légitimité de Mahamat Déby, et pourrait être soutenu par une partie des officiers de l'armée, notamment en cas de coup d'État.
"Toute personne cherchant à perturber le processus démocratique en cours dans le pays sera poursuivie et traduite en justice", a ajouté le gouvernement dans son communiqué.