L'ONU a entamé, mercredi, le retrait progressif de ses forces de maintien de la paix déployées dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), en remettant une première base à la police congolaise.
La Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO), Bintou Keita, a procédé au transfert de la première base onusienne, dans le cadre de ce désengagement. Lors d'une cérémonie officielle à la base de Kamanyola, les drapeaux des Nations Unies et du Pakistan, pays d'origine des Casques bleus en charge, ont été remplacés par ceux de la RDC.
« Je félicite les autorités congolaises pour le renforcement des effectifs de la Police nationale congolaise à Kamanyola, conformément aux engagements pris par le gouvernement, afin de procéder à la montée en puissance et en capacité des Forces de défense et de sécurité, parallèlement au désengagement de la MONUSCO », a dit Mme Keita.
Un retrait ordonné et responsable
Cette base établie en 2005, près des frontières rwandaise et burundaise, assurait la protection des civils et la sécurité des populations de la zone. Mme Keita espère que la remise de Kamanyola, combinée à la construction en cours du Sous-commissariat de la Police nationale congolaise par la MONUSCO, servira de modèle et d'inspiration pour la suite du processus de désengagement de la mission de paix onusienne.
Ce transfert de responsabilités et d'équipements constitue un des premiers actes du désengagement de la MONUSCO de la province du Sud-Kivu. En effet, la note conjointe, signée le 21 novembre 2023, par le gouvernement de la RDC et la MONUSCO, identifie le Sud-Kivu comme la première province d'où l'ONU doit se retirer, dans le cadre de son « retrait ordonné, responsable et échelonné du pays ».
« La relève d'une force militaire par la police est un indicateur du retour de la paix », a souligné sur la plateforme X le général Jean-Bosco Galenga, Représentant du Commissaire général de la Police nationale congolaise lors de la cérémonie de remise de la base de Kamanyola aux autorités congolaises.
Une délégation ONU-Gouvernement évalue le désengagement
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a acté en décembre dernier la demande de Kinshasa d'un retrait progressif de la mission onusienne, arrivée en 1999. La MONUSCO (ex-MONUC), qui compte actuellement environ 15.000 Casques bleus, est encore présente dans les trois provinces les plus troublées de l'est du pays, le Sud-Kivu et le Nord-Kivu, ainsi que l'Ituri.
Dans le cadre de ce désengagement, le gouverneur par intérim de la province du Sud-Kivu, Marc Malago Kashekere, a accueilli le leadership de l'ONU mardi 27 février. Au coeur des échanges avec les autorités congolaises, les avancées enregistrées, ainsi que les défis à relever dans le cadre de cette transition.
Les discussions ont notamment porté sur la responsabilité du gouvernement congolais en matière « de protection des civils, de sécurité dans les zones à haut risque, de sécurité des humanitaires, d'encadrement du personnel en uniforme et d'accessibilité des différentes zones à l'intérieur de la province ».
Faire du désengagement du Sud-Kivu un modèle
« Il y a une transition qu'il faut faire et qui consiste à transférer les responsabilités dans de nombreux domaines où nous accompagnons l'autorité gouvernementale », a fait valoir Mme Keita, relevant que les discussions entre les deux parties -- onusienne et congolaise -- vont se poursuivre, afin de « faire du désengagement du Sud-Kivu, un modèle ».
Elle réitère ainsi l'engagement et la disponibilité de la MONUSCO à travailler conjointement avec les autorités congolaises pour mettre en oeuvre le plan de désengagement, afin d'assurer un retrait ordonné, responsable et durable de la mission en RDC.
Toutefois, la cheffe de la MONUSCO rappelle que le désengagement de la mission du Sud-Kivu n'est pas synonyme d'un départ des Nations Unies de la RDC. Il s'agit plutôt d'une reconfiguration de la présence de l'ONU, en soutien au peuple et au gouvernement de la RDC.
Après le départ de la MONUSCO, les agences humanitaires onusiennes poursuivront leur appui, selon leur mandat respectif. Mais la responsabilité en matière de protection des civils et de sécurité sera exclusivement celle du gouvernement congolais.