Madagascar: MWC24 Barcelone - « La SATA ouvre un marché de deux cent millions de personnes »

interview

C'est en marge du salon mondial du numérique, le MWC24, qui se tient à Barcelone, que le ministre du Développement numérique et des Télécommunications, Tahina Razafindramalo, reçoit L'Express de Madagascar pour cette interview expresse. Il explique la pertinence et les enjeux de l'adhésion de Madagascar à l'Alliance Stratégique pour l'Afrique Digitale (SATA).

L'Express de Madagascar: Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quelles sont les retombées attendues pour Madagascar en intégrant la SATA ?

Tahiana Razafindramalo : Les enjeux de cette intégration pour Madagascar sont multiples. Tout d'abord, il s'agit d'accéder au marché unique africain, ce qui implique de partager des données à l'échelle du continent grâce à la technologie. Le président Andry Rajoelina a clairement orienté la Politique générale de l'État vers l'utilisation du capital humain malgache pour la production de biens et services, conformément au premier pilier de la politique gouvernementale, tout en mettant l'accent sur l'adoption de nouvelles technologies pour transformer le pays.

Dans ce contexte, l'établissement du marché numérique africain représente un défi, mais également une opportunité. Les accords signés, notamment la SATA, créent un environnement propice au travail en confiance entre le gouvernement et les acteurs économiques, facilitant ainsi la mise en place d'un cadre réglementaire permettant l'accès aux données. Bien sûr, des discussions techniques sont nécessaires, mais l'objectif sous-jacent est de favoriser le progrès des entreprises privées et de l'administration en leur permettant d'offrir des services vers ces marchés avec des avantages tels que l'absence de taxes et de droits d'exportation.

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Cette intégration va-t-elle attirer de nouveaux marchés et investissements étrangers ?

Cet accès aux marchés africains, tels que le Rwanda, la Côte d'Ivoire et le Sénégal, représente une nouvelle orientation pour Madagascar. Alors que le pays avait l'habitude de se tourner vers l'Asie et l'Europe du Nord, il est maintenant temps de se concentrer sur ses voisins africains et de participer activement au marché unique africain des biens et services. Cette intégration permettra de faciliter les échanges commerciaux dans les deux sens et renforcera les liens économiques entre Madagascar et les autres nations du continent.

Quels rôles les entreprises internationales telles que Huawei peuvent-elles jouer pour améliorer et diversifier la formation de nos jeunes ?

Cette question revêt une importance particulière compte tenu du statut de Madagascar en tant que carrefour entre l'Asie et l'Afrique. Huawei est déjà un partenaire de longue date du gouvernement malgache, notamment dans des initiatives telles que la modernisation de l'administration et la formation des jeunes à travers des programmes ICT, qui ont permis à Madagascar de se distinguer dans des compétitions internationales. De plus, le PRM a récemment lancé un ambitieux programme de formation en informatique visant à toucher un million de jeunes, en collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale et le ministère en charge de l'Enseignement supérieur. Il est donc prévu d'initier les enfants dès leur plus jeune âge aux rudiments de l'informatique, renforçant ainsi leur préparation pour les défis technologiques du futur.

Avoir intégré la SATA oblige-t-il Madagascar à des contreparties?

Madagascar est membre de Smart Africa depuis 2021. Les engagements de l'État sont primordiaux, avec un fort accent mis sur la formation des jeunes pour assurer des transferts de compétences et de technologies. Des accords ont été établis avec plusieurs pays africains dans le cadre de cette initiative, avec le soutien de la Banque mondiale, de l'Union africaine et de la Société financière internationale pour la mise en oeuvre de programmes de formation.

Du point de vue réglementaire, Madagascar est en train de ratifier la convention sur le traitement des données personnelles, soulignant l'importance de protéger les données à l'ère de la digitalisation. Un décret sur la Commission Malagasy de l'Informatique et des Libertés (CMIL) a été promulgué en décembre 2023. Madagascar est pleinement engagé dans la coopération internationale, travaillant en collaboration avec ses pairs africains.

L'arsenal juridique et réglementaire est en place, et la jeunesse est là, le secteur privé a déjà entamé des échanges avec les pays africains, mais la mise en place de conventions, comme celle au sein de l'Union africaine, facilite davantage ces échanges. L'État, en instaurant la confiance avec d'autres nations, facilite le climat des affaires. Le rôle de l'État est d'ouvrir la voie, tandis que des institutions comme l'EDBM et le ministère de l'Industrialisation et du Commerce offrent un soutien essentiel au secteur privé. Demain, le fait de voir cette reconnaissance de Madagascar au sein de ces institutions va accélérer les échanges commerciaux. Là, encore une fois, on a besoin d'investisseurs numériques, qui viennent chez nous, comme certains pays ont besoin de nos compétences en numérique pour servir leurs marchés. Le marché reste ainsi ouvert dans les deux sens.

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