Dakar — Le personnel féminin représente 5 % des effectifs de l'armée sénégalaise, avec une présence prédominante de militaires femmes dans les services de santé notamment, a indiqué, jeudi, à Dakar, le médecin colonel Ndèye Ndoumbé Guèye, professeur agrégé en ophtalmologie du Val-de-Grâce (France).
Le personnel féminin représente "5% des effectifs totaux de l'armée, avec une prédominance dans les services notamment en santé", a-t-elle relevé en introduisant la leçon inaugurale de l'Ecole d'application du service de santé des armées, sur le thème "Personnels féminins des Forces armées et engagement dans les opérations : défis et perspectives".
"La marine a la plus grande part après la généralisation, elle est suivie de l'armée de l'air et enfin de l'armée de terre où il y a 1,5% de femmes actuellement", a déclaré le colonel Guèye, professeur agrégé en ophtalmologie, titulaire de la chaire de chirurgie spéciale appliquée aux armées.
"Les femmes dans l'armée sénégalaise, c'est 40 ans d'existence", a indiqué l'agrégée du Val-de-Grâce, établissement militaire d'enseignement coordonnant l'ensemble des formations médicales et paramédicales du service de santé des armées en France.
Selon le médecin colonel Ndèye Ndoumbé Guèye, la présence des femmes dans l'armée sénégalaise a été facilitée par leur capacité d'adaptation, mais cette présence deviendra "plus accrue" une fois les obstacles levés,
"La formation se fait correctement, il est vrai que la demande ne peut pas suivre. Parce qu'il y a toujours [cette barrière socio-culturelle liée] parfois aux femmes elles-mêmes, qui pensent que l'armée, c'est fait pour les hommes, et que cela enlève une part de féminité. Ce qui n'est pas toujours le cas, il y a déjà cet obstacle-là", a-t-elle expliqué.
"Les femmes, clientèle privilégiée pour maintenir la paix"
Il s'y ajoute que dans les opérations militaires, a souligné le médecin colonel Ndoumbé Guèye, "il faut des infrastructures spécifiques pour accueillir beaucoup de femmes. Il faut qu'on puisse [aussi] les mettre dans certaines conditions, ce qui n'est pas toujours réalisable, même si énormément d'efforts ont été déjà faits dans ce sens".
Cela dit, la présence des femmes dans l'armée n'est cependant pas sans avantages, à indiqué Mme Guèye, selon qui l'Organisation des Nations unies, par exemple, s'est rendu compte qu'il y a "beaucoup d'avantages dans le maintien de la paix en opération extérieure".
Elle fait valoir que "la sensibilité des femmes, le climat de confiance qu'elles savent mettre en avant ont fait qu'elles sont devenues une clientèle privilégiée pour maintenir la paix".
Les femmes ont su se faire leur place au système des Nations unies dans les opérations de maintien de la paix, elles sont même "devenues très prisées. Donc l'objectif de l'ONU, a-t-elle signalé, c'est d'augmenter le nombre du personnel de santé dans les opérations de maintien de l'ordre".
Pour renforcer la place des femmes dans l'armée, le médecin-colonel préconise que la gent féminine soit davantage informée des programmes mis en place et des stratégies en oeuvre, citant en particulier la stratégie sectorielle du ministère des Forces armées pour l'équité et l'égalité de genre.
De même invite-t-elle à protéger les femmes contre les violences sexuelles et celles liées au genre, en temps de guerre comme en temps de paix.
"Il faut également voter des budgets pour la sexo-spécificité qui est très importante pour qu'on leur alloue des parts de budget rien que pour leur faire des infrastructures qui sont adaptées à leur spécificité", a-t-elle recommandé.