Responsable des projets de coopération de l'Ong Fondation Jean Félicien Gacha, elle donne des précisions sur la cérémonie de vernissage qui se tiendra le 8 mars prochain au campus de l'organisation sis à Bangoulap dans la commune de Bangangté, département du Ndé, région de l'Ouest.
Vous célébrez la femme du 5 au 8 mars de cette année. Quel sens vous donnez au programme de la fondation baptisé « Renaissance » ?
Il faut dire que le projet Renaissance n'est pas nouveau au sein de la Fondation. La première édition a eu lieu en mars 2020 en partenariat avec l'association NA Hope Africa. La Covid-19 ne nous a pas permis de continuer les années suivantes. 2024 ouvre à nouveau une possibilité dans la réalisation de ce programme. Les objectifs sont de redonner de la saveur à la femme camerounaise pendant cette semaine des droits internationaux des femmes, en lui faisant connaître sa valeur afin qu'elle impacte son environnement familial, professionnel et social.
Dans les missions du programme, il y'a des ateliers d'initiation aux métiers artisanaux, des actions solidaires et humanitaires (formation et nettoyage du centre de santé de Bangoulap, distribution de protections hygiénique aux jeunes filles d'un établissement scolaire partenaire, distribution de matelas à l'orphelinat Kentadja), des conférences sur plusieurs thématiques (santé, finances, entreprenariat, culture) ainsi qu'une randonnée pédestre et touristique, l'ouest étant riche de beauté paysagère.
Dans quel contexte le mettez-vous en oeuvre, surtout au moment où le taux de féminicide est en nette croissance et que les manifestations contre les violences faites aux femmes sont aussi élevées ?
Vous savez la Fondation Jean-Félicien Gacha a un énorme passif dans la lutte contre les mariages forcés. Il y'a d'ailleurs l'ouvrage Adi de Boutanga qui raconte l'histoire d'une de nos boursières sauvée d'un de ces mariages. Aujourd'hui elle est mariée à l'homme de son choix et est mère de deux enfants avec un emploi stable où elle s'épanouit complètement. Nous avons récupéré, formé et encadré plusieurs jeunes filles comme, qui ont été mises à l'école formée et obtenu un emploi. Adi d'ailleurs prendra la parole le 8 mars pour un partage de son parcours car nous nous positionnons contre toutes formes de violence. Des causeries éducatives sont régulièrement menées dans l'auditorium de la Fondation pour sensibiliser les communautés avec lesquelles on travaille et au-delà.
Quelle est son adéquation en rapport avec le thème retenu cette année pour la journée internationale de la femme ?
Le thème de cette édition est « Investissez en faveur des femmes ». Plusieurs oratrices remarquables vont se succéder pour développer ce thème dans divers domaines : l'accès à l'éducation, à la santé, aux financements, à la politique, à la culture.
Vous célébrerez dans ce programme, Tilo Frey à travers une exposition donc la cérémonie de vernissage est prévue le 8 mars. Qu'est-ce que cela représente pour la femme en général et pour la Fondation en particulier ?
Tilo Frey a été la première femme noire parlementaire de Suisse en 1969. Deux ans plus tard, elle fait partie des onze premières femmes à entrer au Conseil national du Parlement fédéral. Tilo Frey est décédé en été 2008 et une place porte son nom dans le canton de Neuchâtel où elle est enterrée. Née en 1923 à Maroua, dans la région de l'Extrême-nord du Cameroun, d'une mère peule et d'un père suisse, Tilo, représentait un modèle de mixité dans la diversité tout comme les communautés avec lesquelles on travaille à la Fondation.
Au cours de sa carrière politique, Tilo Frey s'est engagée pour l'égalité entre les femmes et les hommes, pour la dépénalisation de l'avortement et pour une plus grande coopération avec les pays en développement. Mais Tilo Frey n'était pas une militante antiraciste de premier plan. Même si les évènements « Black lives matter » ont servi à raviver son souvenir pour le mettre au premier plan en Suisse. A travers cette exposition, nous souhaitons faire passer un message de bravoure, de détermination, qu'on peut y arriver quel que soit son passé, sa ville, son lieu de naissance. On a le devoir de contribuer pour la postérité à son niveau dès que l'opportunité se présente.
D'où est venue l'initiative du projet d'exposition relative à la vie de cette femme et qu'est- ce que cela peut-elle entrainer dans le développement de la Fondation Jean Félicien Gacha?
Dieu seul sait véritablement ce qui découlera de nos deux institutions après ce vernissage. Je dirais que nous continuerons dans la même lancée de coopération en restant ouvert aux projets qui se présenteraient sur notre chemin. L'exposition de Tilo Frey que nous a proposée l'ambassade de Suisse est un vibrant hommage au Cameroun et à l'une de ses filles qui a œuvré pour les droits des femmes et des minorités avec beaucoup de dignité.
Cela va en droite ligne de nos luttes. Nous sommes reconnaissants de faire cette exposition qui se tiendra jusqu'au 31 juillet 2024 à la maison de l'enfant Foudjem sur le site de la Fondation Jean-Félicien Gacha à Bangoulap. 13 autres portraits de femmes remarquables camerounaises seront mis à ses côtés.