Le deuxième semestre de l'année 2023 a été très mouvementé avec des tensions dans tous les secteurs de la vie professionnelle. Une situation qui s'est accentuée en début d'année avec des prises de position radicale des syndicats qui ont remis sur la table les conclusions des négociations dont la mise en oeuvre peine à se concrétiser. Toutefois, ces luttes connues dans le mouvement syndical et socio-professionnel se sont vite transposées dans le champ politique après le report de l'élection présidentielle par le chef de l'Etat, Macky Sall.
Depuis quelques jours voire des semaines, des mouvements syndicaux se sont fondus dans un front social avec des acteurs de la société civile pour dire non au report de l'élection présidentielle. Profitant de cette situation, des actions de mobilisation et/ou de contestation décrétées lors des rencontres sont appliquées par tous. A cet, effet, des grèves sont annoncées, comme des marches pacifiques, des sit-in pour manifester leur désapprobation à cette décision du chef de l'Etat. Hier, mardi 27 février, la plateforme « Aar sunu élection » qui fédère plusieurs mouvements et syndicats a observé une journée « ville morte ». Un appel qui a été à peine suivi puisque le service du transport s'est déroulé sans soucis dans la capitale, le commerce était bien en marche avec l'ouverture des grandes surfaces, des marchés, des boutiques alors que le secteur de la santé délivrait des soins.
Les seuls points de satisfactions demeurent pour la plateforme les collectivités locales et l'éducation avec le boycott des cours de certains professeurs appartenant à ce mouvement. Le réchauffement général du front social et/ou syndical a pris ainsi une tournure inédite sur fond de tension politique depuis l'annonce du report des élections. Les plateformes revendicatives brandies par les syndicats pour motifs de grèves sont aujourd'hui rangées dans les tiroirs au nom de la mobilisation pour la sauvegarde de la démocratie. Au niveau de la justice, les greffiers se sont mobilisés en masse pour paralyser le système et demander la libération d'un des leurs dont les actes ont été commis dans le champ politique, en l'occurrence Me Ngagne Demba Touré. Dans le même temps, le Sytjust exécutait une énième grève pour la défense des intérêts syndicaux des agents du secteur de la justice.
Moment favorable
A dire vrai, l'approche des élections présidentielles est toujours un moment propice pour soulever les revendications non concrétisées après un accord entre l'Etat et le monde syndical mais aussi pour en poser d'autres. Et ce ne sont pas les syndicalistes qui vont remettre en cause cette stratégie. A noter que des revendications toutes aussi légitimes ont été soulevées, paralysant certains domaines du travail et qui ont reçu le soutien de la population et de plusieurs acteurs politiques. Il s'agit des états d'humeur notés dans le secteur des collectivités territoriales pour la mise en oeuvre du statut du fonctionnaire local mais aussi la généralisation de l'indemnité à tous les fonctionnaires de l'Etat à laquelle tous leurs travailleurs n'ont pas bénéficié.
Des grèves se sont accentuées pendant le deuxième semestre de l'année 2023 avant de connaitre une accalmie au mois de novembre après une rencontre avec le Premier ministre. L'intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales a ainsi décidé de lever son mot d'ordre de grève le 15 novembre. Soulignons que pour cette rencontre entre les deux entités, il s'agissait, pour le ministère des Collectivités territoriales, de la délimitation du périmètre de la fonction publique locale et de la collecte des données pour l'identification des ayants-droit à travers les 601 collectivités territoriales. Le ministère des Finances est chargé de l'évaluation, à travers la direction du service public local, de l'évaluation du coût de la réforme et des modalités de mobilisation des payeurs. Pour ces responsables syndicaux qui luttaient essentiellement pour une augmentation de salaire, le Premier ministre a décidé que les modalités d'application de la revalorisation concerneront d'abord les ayants-droit dont les dossiers sont certifiés. Ce nombre est estimé à 4447 agents.
La fermeture de l'Ucad la goutte d'eau de trop
Juste après l'annonce de la non-ouverture du campus social de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et du report de l'année académique toujours dans le second trimestre de l'année 2023, les étudiants sont entrés dans une colère noire, avec le soutien des autres universités du Sénégal et du corps enseignants, ils ont paralysé le système éducatif. L'enseignement secondaire a aussi subi les affres de cette situation. Pour plusieurs observateurs, ce qui se passe aujourd'hui n'est que le résultat d'une frustration collective dans plusieurs domaines de la vie sociale.