Genève — L'initiative Royale pour l'Atlantique constitue une "précieuse opportunité" pour les économies du Sahel, a affirmé, vendredi à Genève, l'experte et militante des droits de l'Homme, Awa N'Diaye.
Lors d'une conférence sous le thème "Droit au développement et stabilité", Mme N'Diaye a relevé que l'initiative marocaine est un "moteur pour l'intégration régionale nécessaire pour relever les défis du développement et surmonter les tensions géopolitiques auxquelles est confrontée une région riche en ressources naturelles et humaines, mais entravée par des perturbations politiques et économiques".
"Certaines stratégies régionales des grandes puissances ne contribuent pas à établir les fondements d'un processus de développement durable qui consolide les droits de l'homme sous toutes leurs formes", a-t-elle regretté, estimant que la solution réside dans la construction d'un bloc régional unifié qui serve les intérêts des pays de la région et du continent africain dans son ensemble.
Dans ce sens, la coopération Sud-Sud est cruciale, a assuré la présidente de l'Organisation "Espace Afrique International", lors de cet événement initié par l'ONG Promotion du Développement Économique et Social (PDES), en marge de la 55ème session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
"Le projet du gazoduc Maroc-Nigeria et l'initiative pour l'Atlantique sont deux modèles marocains novateurs qui convergent pour donner une bouffée d'oxygène vitale pour les tissus économiques de la région du Sahel", a estimé Mme N'Diaye, soulignant que le développement est un pilier essentiel de la stabilité politique et sociale escomptée.
Pour sa part, le président du Centre d'études sur les droits de l'Homme et la démocratie, El Habib Belkouche, a présenté des indicateurs reflétant l'ampleur des disparités et des déséquilibres de développement dans le contexte régional et international, considérant que le déficit de développement est un facteur direct de la durabilité des tensions, des manifestations d'instabilité et de la propension à la violence et à l'extrémisme dans la région.
Au-delà des indicateurs chiffrés, il est nécessaire de développer une approche de développement intégrant la dimension des droits humains dans l'évaluation des politiques et plaçant l'humain au centre de la démarche, a-t-il relevé.
M. Belkouche a souligné la nécessité de poursuivre les efforts communs dans cette partie de l'Afrique en faveur d'une gouvernance démocratique, afin d'assurer un développement humain qui donne de l'espoir aux générations futures.
De son côté, le chercheur et enseignant au "Geneva Graduate Institute", Souhail Belhaj Klaz, a fait le point sur les résultats de la coopération internationale, qu'il a jugée insuffisante pour créer un climat de stabilité et engendrer une dynamique de développement réelle qui valorise les immenses ressources naturelles et humaines de la région du Sahel.
Au cours de cet événement modéré par Aicha Douihi, présidente de l'Observatoire international sur la Paix, la Démocratie et les Droits de l'Homme à Genève, M. Belhadj Klaz a noté que les accords de partenariat avec les pays du Sahel, en particulier en ce qui concerne les politiques d'autonomisation des jeunes, n'ont pas produit de résultats tangibles, car les raisons structurelles des troubles et des déséquilibres inhérents au tissu économique et social n'ont pas été attaquées.
La note conceptuelle de l'événement a attiré l'attention sur le fait que les pays de la région font face à plusieurs défis, pour réaliser le droit au développement. Il s'agit de défis liés au changement climatique, à la gestion des ressources d'eau potable, aux flux continus de migrants et de réfugiés, et aux menaces sécuritaires, notamment, l'extrémisme violent.