En Afrique du Sud, le manque de justice autour de crimes qui remontent à l'apartheid continue de faire des remous. Il y a plus de 25 ans, la Commission vérité et réconciliation a recommandé au parquet sud-africain la poursuite de certaines enquêtes, dans lesquelles les suspects n'étaient pas concernés par de possibles amnisties. Malgré des déblocages ces dernières années, avec la réouverture de dossiers, très peu ont, pour l'instant, fini devant les tribunaux.
Un récent rapport, commandé par le parquet, est revenu sur les lenteurs et les doutes autour de la volonté des pouvoirs publics de voir ces dossiers se traduire en procès, ce qui a relancé le débat au sein de la société.
À l'issue de ses travaux, la Commission vérité et réconciliation (TRC) sud-africaine avait recommandé des poursuites judiciaires dans près de 300 dossiers. Mais aujourd'hui, « seule une poignée » de cas ont conduit à des procès, selon ce nouveau rapport. Et son auteur sait de quoi il parle puisqu'il s'agit de Dumisa Ntsebeza, ancien membre de cette fameuse Commission présidée par l'archevêque Desmond Tutu.
Ce document remet sur le devant de la scène la question de l'interférence politique. Un ancien cadre du parquet, Vusi Pikoli, avait, déjà par le passé, dénoncé des blocages de la part de l'exécutif, notamment sous la présidence de Thabo Mbeki, visant à empêcher l'avancée de tels dossiers. Des accusations « sérieuses », selon le rapport qui n'a pas pu établir si elles sont avérées, mais recommande la mise en place d'une commission d'enquête pour en avoir le coeur net.
Cependant, pour Thabo Mbeki, au pouvoir de 1999 à 2008, s'il y a eu interférence, c'est venu du parquet lui-même et non de la présidence, comme il l'a indiqué, cette semaine, dans un communiqué.
Selon ce même rapport, 133 dossiers sont en ce moment en cours d'investigation.
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