Les étudiants vivent dans la médiocrité. Les faits ne datent pas d'hier et ne concernent pas uniquement l'université d'Antsiranana. Presque tous les établissements universitaires du pays connaissent cette crise de logements.
La scène refait penser à un reportage relatant la situation de la surpopulation carcérale dans une prison malgache. Sauf que cette fois-ci, au lieu de voir des prisonniers, l'on a des étudiants issus des régions du pays en quête d'un avenir, sûrement, meilleur. Des futurs (es) dirigeants, employés ou entrepreneurs confrontés à des conditions inhumaines et qui interpellent les gens dits « responsables » à assumer pleinement leurs devoirs pour lesquels les contribuables les rétribuent. Pour le cas de la cité universitaire d'Antsiranana, les données relatives à la situation des étudiants qui y résident témoignent de l'ampleur de la situation. 12 000 étudiants sont actuellement accueillis dans l'université. 4 277 sur les 12 000 sont logés dans les cités universitaires, répartis dans 763 chambres, elles-mêmes réparties dans dix (10) blocs (datant de 1983) et trente-trois bâtiments préfabriqués (datant de 1976). Les mêmes données révèlent que trente-deux des bâtiments préfabriqués sont dans un état critique. « Les préfas sont délabrés, inhabitables et exposent les étudiants au danger de santé ( les isolants fabriqués sur la base d'amiante provoquent actuellement des allergies chroniques susceptibles de devenir des cancers) », peut-on y lire.
Inhumaines
Les conditions de vie sont déplorables. A ce titre, les problèmes inhérents à l'accès à l'électricité et à l'eau potable viennent en premier. « Les problèmes d'éclairage accentuent la situation d'insécurité dans le campus », témoigne Saïna, étudiante logée dans l'un des dix blocs de cette cité universitaire. Avant d'ajouter « les conduites d'eau sont majoritairement hors-service. On a besoin d'une totale rénovation des infrastructures d'approvisionnement en eau ». Les soucis d'ordre sanitaire et d'hygiène font partie des lots de calvaires des étudiants malgaches qui résident à la cité universitaire d'Antsiranana. Si un sur huit blocs sanitaires existants est fonctionnel, faute de logement, les étudiants ont investi les blocs sanitaires des bâtiments préfabriqués pour les transformer en chambres. Roger (nom d'emprunt), un étudiant de la mention droit soulève « le surpeuplement des punaises de lits dans les bâtiments » et invite les responsables à renforcer les initiatives de désinfection.
Politiques
Ces conditions de vie touchent presque toutes les cités universitaires de l'île et sont connues des dirigeants qui se sont succédé. Dire que c'est récent revient à nier complètement les réalités. Lesquelles se réfèrent également à l'existence de deux modes de gestion des cités universitaires : gestion par les étudiants et celle assurée par l'administration universitaire. Si les règlements en matière de capacité d'accueil sont plus ou moins respectés dans les bâtiments gérées par l'administration, l'affaire est toute autre auprès des chambres, blocs et bâtiments laissés entre les mains des associations estudiantines. « Il est difficile de gérer et de contrôler les étudiants dans ces bâtiments, surtout dans ceux réhabilités par leurs soins », nous confie un responsable de ladite université. Une reprise de la gestion par l'administration, c'est-à-dire la prise de mesures concrètes pour faire respecter les taux d'occupation pourrait susciter la résistance des étudiants. Ce qui pourrait également donner lieu à des initiatives de récupération politique de la part des politiciens en mal de légitimité populaire. La cité universitaire d'Antsiranana compte actuellement un excédent de plusieurs centaines d'étudiants. Face à cette situation, des mesures concrètes sont attendues par les habitants et les étudiants eux-mêmes. Mesures concrètes et, dans ce cas, à différencier de discours politiques ou encore de mesures « tip-top » sans lendemain qu'on a l'habitude de proposer aux citoyens malgaches.