En Tunisie, plusieurs milliers de personnes ont manifesté sur la place de la Kasbah à Tunis, en face du gouvernement tunisien, à l'appel de l'UGTT. Pour la puissante centrale syndicale, dont certains membres ont été arrêtés ces derniers mois, ce rassemblement est un message fort pour le gouvernement et une manière de mobiliser de nouveau ses militants.
Aérien, enseignement, industrie, textile et retraites... De nombreux secteurs syndiqués ont répondu présent à l'appel de l'UGTT ce samedi 2 mars. Ils étaient entre 3 000 et 5 000 sur la place de la Kasbah de Tunis.
Cette manifestation s'inscrit dans un contexte économique difficile. Le taux de chômage est passé de 15,8 à 16,4% et le taux de croissance était seulement de 0,4% en 2023. Ainsi, les revendications sont plurielles : le respect des droits syndicaux ou encore l'amélioration des salaires face à un niveau de vie qui se dégrade.
« Faire valoir nos droits »
Car actuellement, de nombreux Tunisiens, comme Afef Dridi, ouvrière dans le textile à Bizerte, au nord de la Tunisie, s'inquiètent de leur situation. « Il y a eu les répercussions de la guerre à Gaza, celle en Ukraine, nous sommes conscients que le problème économique n'est pas qu'en Tunisie, mais aussi ailleurs. Mais moi dans mon secteur, il y a beaucoup de difficultés et pas de signes de réelle reprise. Honnêtement, j'ai peur de perdre mon travail, mais aussi de ne pas avoir d'augmentation salariale pour faire face au coût de la vie », témoigne-t-elle. Et d'ajouter : « Je suis venue aujourd'hui pour soutenir l'UGTT. Elle a encore du pouvoir pour faire valoir nos droits ».
Hmaied Ben Aziza, professeur universitaire à la retraite, est venu soutenir la centrale syndicale qui dénonce le blocage et l'absence de dialogue avec le gouvernement. « Les deux partis, les autorités, l'État d'un côté et les syndicalistes de l'autre côté devraient trouver un terrain d'entente », estime-t-il.
Mais le terrain d'entente est difficile à trouver, comme l'explique dans son discours le secrétaire général de la centrale syndicale, Nourredine Taboubi. Il est notamment remonté à cause des pressions judiciaires et politiques que subit l'UGTT ces derniers mois, dénonçant les arrestations et intimidations de plusieurs syndicalistes.
Nous n'acceptons pas la politique de la peur et les discours qui visent à faire de nous des traîtres et à diviser la société.