Scène douloureuse à Arsenal, hier dimanche 3 mars. Un kanwar en feu a fait six morts. Les chants en l'honneur du dieu Shiva ont laissé place aux pleurs et à la colère. «Kifer to finn alé?», dit une dame en éclatant en sanglots. Elle est abattue. Une autre dame arrive à peine à marcher. Elle est affaiblie. Les lumières bleues des gyrophares éclairent tristement quatre cadavres couverts d'un linceul blanc. Un autre cadavre semble être toujours enseveli sous le tas de cendres.
Le personnel du Service d'aide médical urgente est sur les lieux. Un homme, visiblement proche d'une des victimes, tient mal le choc. Un infirmier lui vient en aide. Une autre femme se tient contre le grillage, en pleurs. Ce qui a été un peu plus tôt un kanwar n'est que cendres et charbon. Du fibre de verre n'a pas pu résister à la chaleur émise par le feu ; les barres de fer sont tordues. Des serviettes et des paires de savates sont toujours là, des signes montrant que ceux accompagnant les victimes ont dû fuir les flammes. Selon nos renseignements, la fabrication du kanwar a commencé en janvier derrière le domicile d'Abaye Boojeedhur, une des victimes. Une témoin de l'incident nous montre le fil de haute tension que les pèlerins ont touché. D'après nos recoupements, ces derniers ont touché une ligne de 22 000 volts. Ils ont eu un premier passage difficile à côté de l'école d'Arsenal quelques minutes avant le drame.
Sur place, la foule est hostile. «Pa filmé. Maler sa», fulmine un homme. «Efas sa vidéo-la. Sinon nou kraz to portab», lâche un autre. C'est l'incompréhension et la colère. «Lapolis ti bizin blok kanwar-la dépiTriolet», soutient une autre personne sur les lieux. Des éléments de la National Security Service, qui prenaient des photos, sont rabroués par le public. Par ailleurs, on apprend que la police a reçu l'ordre de bloquer tous les «gros kanwars» en direction de Grand-Bassin.