Les atermoiements juridico-politiciens qui entourent la fin du mandat du Président Macky Sall, prévue pour le 02 Avril 2024, laissent planer un gros nuage d’incertitudes sur le Sénégal. Tout laisse croire qu’on est en plein dans une stratégie de pourrissement qui fait fi de l’extrême gravité de la situation que vit le pays, adossé à un cercle de feu, et face à une mer « déserte » qui n’offre d’autres alternatives que d’engloutir sa jeunesse désespérée qui a décidé de le quitter.
L’échéance électorale qui devait être le moment crucial à la fois pour les citoyens, jeunes en majorité d’exercer leur droit de vote, et pour le Sénégal de montrer à la face du monde la vitalité de sa démocratie, a été hélas un rendez-vous manqué.
Le Président Macky Sall, qui est à quelques encablures de la fin de ses deux mandats consécutifs prévus par la constitution, et malgré un bilan que la plupart des sénégalais jugent à juste raison, comme relativement satisfaisant au regard de ses investissements réalisés entre autres, décide contre toute attente, qu’il n’y aura pas d’élection le 25 février 2024.
La Tradition de dévolution pacifique du pouvoir par la voie des urnes, d’alternance pour ainsi dire, venait ainsi de connaitre un coup d’arrêt innommable, de la part d’un président pour qui tout militait en faveur d’une sortie plus qu’honorable. Son parcours, son bilan à l’intérieur comme à l’extérieur du Sénégal et les perspectives qui se dessinaient pour lui, selon bon nombre d’observateurs avertis, plaidaient pour lui.
La gestion de la pandémie de Covid 19 à montré son leadership incontestable, au moment ou les prévisions les plus « optimistes » prévoyaient au moins l’affaissement des économies africaines, avec leurs lots de morts « à la pelle » et bien sûr de certains pouvoirs en place. Le Sénégal a tenu, malgré les gros scandales des fonds Covid (sur lesquels il faudra un jour faire la lumière). Il n’y a pas eu de pénurie, ni de famine, les structures sanitaires ont fait face avec une rare compétence, et la sécurité du pays été assurée. Mieux, alors que la clameur populaire demandait à Macky Sall élu en 2019, de réquisitionner Air Sénégal pour rapatrier nos compatriotes bloqués en Chine, il avait dit Non à l’époque, et l’histoire lui a donné raison. C’est ça le leadership dont il a fait montre, qui d’ailleurs s’est illustré lors de son mandat à l’Union Africaine et qui fit de lui un potentiel candidat de l’Afrique à l’élection du prochain Secrétaire général des Nations Unies.
C’est pourquoi, il est regrettable qu’un acte sorti de nulle part, que l’auteur lui-même a du mal à justifier, viennent remettre en cause tout ce parcours. Quel intérêt, un président sortant pouvait-il avoir à reporter l’élection de son successeur après avoir déclaré qu’il ne serait pas candidat à un 3ème mandat, et recueilli les félicitations du monde entier ?
La déception a été très grande, au point que cela a engendré des réactions hostiles à l’intérieur occasionnant 4 morts (qui s’ajoutent à une soixantaine de victimes depuis Mars 2021), mais aussi une levée de bouclier des médias étrangers et Etats partenaires du Sénégal contre cette décision de Macky Sall ; réactions à l’origine de son courroux.
La conséquence directe de cette situation, est que le rêve de faire de Macky Sall le prochain Secrétaire général des Nations Unies vient de s’envoler. Pour tous ceux qui sont au fait des arcanes diplomatiques, la nomination par Macron au poste d’envoyé spécial pour le climat, n’en n’était que l’antichambre pour lui faire porter tout le plaidoyer de cet enjeu crucial pour le 21 siècle. Le Sénégal en aurait été fier, et son successeur aurait sûrement porté sa candidature avec tout l’engagement nécessaire.
Avec cet acte, non seulement les positions vont se cristalliser, mais aussi les dossiers, plaintes déposés auprès de la Cour Pénal internationale et documentés, font planer de sérieux risques de rejet dans l’éventualité de cette candidature, quoique certains partisans du président Sall ne semblent accorder de l’importance à ces recours.
Il faut le dire les Nations Unies ont été particulièrement affectées par l’affaire Kurt Waldheim, l’ancien secrétaire général des Nations Unies, dont on avait découvert après son mandat, qu’il avait été un officier SS et a servi sous Hitler. Des documents à l’appui ont montré à l’époque le Sergent Waldheim devant des troupes nazies. Il reste entendu que les diplomates de New York regarderont par deux fois les candidatures avant de donner leur quitus à quelqu’un qui pourrait durant son mandat être trainé devant les tribunaux internationaux. Pour rappel, le Sénégal est le premier pays à ratifier le statut de Rome sur la Cour Pénal internationale.