Togo: Décès de l'opposant Gabriel Messan Agbeyome Kodjo - Faure encore plus fort

Ancien président de l'Assemblée nationale, ancien Premier ministre, ancien ministre, ancien Directeur du port autonome de Lomé, celui qui vient de tirer sa révérence, en exil, même loin de son Togo natal, est une figure de proue de la vie politique togolaise. Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'est plus, depuis le 3 février 2024.

Avant sa mort, il était un opposant farouche au régime de Faure Gnassingbé. On se rappelle que c'est après la présidentielle de 2020 dont il a vivement contesté les résultats, qu'il a été contraint de s'exiler. En effet, avec sa coalition « Dynamique Mgr Kpozro » du nom de l'archevêque émérite de Lomé, Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro, qui s'était activement engagé à soutenir l'opposant et qui était considéré comme son mentor, Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo était arrivé deuxième à la dernière présidentielle, selon les résultats officiels.

Il avait revendiqué la victoire, s'attirant ainsi les foudres du régime. Son mentor est également mort en exil en janvier dernier. Avec le décès de ces deux personnalités qui troublaient le sommeil du pouvoir togolais, on peut faire le requiem de l'opposition togolaise. Leur disparition sonne comme un ouf de soulagement pour le pouvoir de Lomé et laisse le champ libre à Faure Gnassingbé qui n'a désormais plus de concurrent sérieux capable de lui tenir la dragée haute.

Pendant que ses opposants meurent en exil, Faure Gnassingbé fait montre d'un activisme diplomatique sans précédent en Afrique de l'Ouest

En bon dictateur, il peut se frotter les mains. Surtout que l'homme politique qu'est Tikpi Atchadam, qui avait ébranlé le pays à travers des manifestations publiques en 2018, est, lui aussi, entré dans la clandestinité. C'est dire si Faure est encore plus fort parce qu'il reste le seul maître du jeu politique togolais. Pourtant, pendant que ses opposants meurent en exil, loin de la terre natale, faute d'avoir la possibilité de regagner le bercail en toute sérénité, le président en exercice ne leur ayant pas donné cette chance, Faure Gnassingbé fait montre d'un activisme diplomatique sans précédent en Afrique de l'Ouest.

En effet, il est le médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) auprès des pays de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) qui ont claqué la porte de l'organisation ouest-africaine. Il est aussi celui qui a oeuvré à la libération des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali en 2022. C'est le même qui a permis à une délégation de la CEDEAO, de rencontrer le président déchu du Niger, Mohamed Bazoum.

Pour tout cela, on espère qu'un jour, le président togolais usera de ce talent de négociateur pour instaurer un dialogue franc avec ses opposants politiques. Car, on a l'impression qu'au pays de Faure, on est toujours dans une logique de rapport de forces où les plus forts briment les plus faibles, et où les opposants sont persécutés, embastillés ou contraints à l'exil. Au pays de Faure, Faure reste le plus fort.

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