Burkina Faso: Subventions accordées aux acteurs politiques - Il faut y mettre de l'ordre

Le rapport de la Cour des comptes est tombé. En effet, après avoir remis copie au président de la transition, Ibrahim Traoré, les premiers responsables de ladite structure de contrôle, ont dévoilé le contenu dudit rapport aux Hommes de médias, le 29 février dernier, à Ouagadougou.

Il ressort, en effet, que la gestion de la subvention aux partis politiques est entachée d'irrégularités. Mais là, la Cour des comptes ne fait qu'enfoncer une porte déjà ouverte ; tant la gestion de la subvention de l'Etat accordée aux partis politiques, on le savait, n'a jamais été saine. Elle a longtemps été décriée si fait que certains n'hésitaient pas à demander sa suppression pure et simple.

A preuve, selon la Cour, sur plus d'un milliard de F CFA accordé aux acteurs politiques au titre de la subvention, plus de la moitié n'a pas été justifiée. Ces subventions concernent les périodes de 2020 et 2021, et sont composées de la subvention hors campagne et la subvention pour la présidentielle et les législatives. En réaction et dans le souci d'assainir la gestion de ces subventions, 22 partis politiques ont été sommés par la Cour des comptes de rembourser plus de 62 millions de F CFA.

Et ce n'est pas tout. Car, certains acteurs politiques épinglés sont désormais disqualifiés pour la subvention et d'autres exclus du financement public de l'Etat. Mais le domaine de la politique étant, par excellence, celui de la ruse, certains acteurs exclus trouveront des voies détournées pour pouvoir continuer à bénéficier du financement public ou de la subvention de l'Etat.

Il faudra siffler la fin de la récréation

D'où les appréhensions du président de la Cour des comptes en ces termes : « Nous sommes au Burkina. Les partis exclus du financement peuvent revenir sous une autre appellation », c'est-à-dire qu'ils peuvent changer de dénomination pour pouvoir rester dans le jeu politique. Voyez-vous ? Le tout n'est pas d'exclure ou de disqualifier des acteurs politiques du financement de l'Etat. Il faut prendre des dispositions pour garder hors jeu ces gens-là qui ont montré leurs limites dans la gestion des fonds publics.

Car, on le sait, certains sont entrés en politique, non pas parce qu'ils mobilisent ou veulent servir le pays, mais tout simplement parce qu'ils veulent bénéficier des avantages y liés. La preuve est qu'ils sont nombreux qui n'ont aucune base politique et qui, même à l'issue d'élections de proximité, n'arrivent pas à se faire élire même dans des localités qu'ils considèrent comme étant leurs fiefs respectifs. On ne cite le nom de personne mais bien des acteurs, on l'imagine, s'y reconnaîtront. En tout cas, il faudra siffler la fin de la récréation.

Il faut mettre de l'ordre en faisant en sorte que les plaisantins finissent, eux-mêmes, par reconnaître qu'ils n'ont pas leur place en politique et que ce faisant, ils ne sont pas dignes de bénéficier du financement de l'Etat. Cela dit, on se doit de rendre un hommage appuyé aux acteurs politiques qui ne rusent pas avec l'orthodoxie financière. Si fait qu'ils se conforment à toutes les exigences. C'est le cas de ces partis qui ont justifié leurs dépenses et qui, en retour, ont eu droit aux félicitations de la Cour des comptes. Ce sont des exemples qui doivent inspirer. Car, eux au moins, peuvent aspirer à présider aux destinées de notre pays.

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