Madagascar: Capital humain faible - Un des principaux facteurs de la pauvreté, selon la Banque mondiale

La paupérisation est favorisée par le faible niveau d'éducation à Madagascar, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale. Celle-ci a indiqué que 97% des personnes analphabètes sont extrêmement pauvres.

Il faut investir davantage dans l'éducation. C'est ce que préconise l'institution de Bretton-Woods, face au constat sur la forte corrélation entre le niveau d'éducation et la pauvreté à Madagascar. En effet, les dernières statistiques révèlent une réalité alarmante. Plus de 24 millions de personnes vivent avec moins de 4 000 ariary (0,89 $) par personne et par jour, plaçant ainsi le taux de pauvreté national à un peu plus de 75%. Ces chiffres, issus du Rapport d'évaluation de la pauvreté à Madagascar, publié récemment, mettent en lumière les défis socioéconomiques majeurs auxquels fait face le pays insulaire.

L'étude, fruit d'une collaboration entre la Banque mondiale et l'INSTAT (Institut national de la statistique), ne se contente pas d'analyser les aspects monétaires de la pauvreté. Elle prend également en considération des dimensions non monétaires du bien-être, telles que l'accès à l'éducation, aux soins de santé, ainsi que les services de base comme l'eau potable et l'électricité. Cette approche nuancée vise à éclairer les décideurs et les partenaires au développement sur les leviers à actionner pour améliorer les conditions de vie de la population malgache.

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Handicap. Au coeur de cette crise se trouve le déficit de capital humain, exacerbé par un système éducatif fragilisé. Les récits poignants de nombreux habitants rencontrés lors des recherches soulignent l'impact dévastateur du manque d'éducation sur la lutte contre la pauvreté. Une mère de famille résidant dans un quartier défavorisé d'Antananarivo, la capitale, a partagé son désespoir face à l'impossibilité de scolariser ses enfants en raison de son analphabétisme et de l'absence de moyens financiers. Les données démontrent une corrélation directe entre le niveau d'éducation et le taux de pauvreté.

Les personnes analphabètes affichent un taux de pauvreté alarmant de 97%, tandis que ceux ayant complété l'éducation primaire et secondaire présentent des taux plus bas, respectivement 83,5% et 46%. L'éducation supérieure représente un véritable rempart, avec un taux de pauvreté de seulement 17%. Cependant, le chemin vers une éducation de qualité est semé d'embûches. Bien que Madagascar ait réalisé des progrès en matière de scolarisation primaire, la rétention reste un défi majeur. Moins d'un tiers des enfants parviennent à passer de la première à la cinquième année, tandis que le système éducatif peine à doter les jeunes des compétences nécessaires pour l'emploi productif.

Bon investissement. Les filles sont particulièrement vulnérables, confrontées à des obstacles multiples qui entravent leur accès à l'éducation secondaire. Les inégalités de genre et la précarité économique les poussent souvent vers le travail précoce ou le mariage, compromettant ainsi leur avenir. Le calendrier scolaire européen, inadapté aux réalités locales, aggrave la situation en favorisant l'absentéisme des élèves et des enseignants, surtout pendant les périodes de récolte et les catastrophes naturelles. Bref, pour la Banque mondiale, l'éducation apparaît comme un levier essentiel dans la lutte contre la pauvreté à Madagascar.

Pour briser le cycle de la misère et favoriser un développement inclusif et durable, il est impératif d'investir massivement dans la qualité de l'éducation, en mettant l'accent sur la rétention des élèves, la formation des enseignants et l'adaptation du calendrier scolaire aux réalités locales. L'éducation représente le phare d'espoir dans cette lutte ardue contre la pauvreté. Selon la Banque mondiale, en investissant dans les enfants d'aujourd'hui, Madagascar s'engage sur la voie d'un avenir plus prometteur et équitable pour tous.

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