Sénégal: Une loi d'amnistie en projet qui suscite des critiques

Des manifestants fuient devant les gaz lacrymogènes à Dakar, au Sénégal, le 30 mars 2023.

Initié par le président Macky Sall, ce projet d'amnistie, adopté en conseil des ministres, fait polémique au Sénégal.

Une proposition de loi d'amnistie doit être examinée ce mardi 5 mars par une commission technique (composée de 30 députés de la majorité et de l'opposition) avant son examen en plénière par l'Assemblée nationale mercredi.

Selon le projet, seront concernés par cette amnistie toutes les personnes accusées de crimes commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, arrêtées dans le cadre de manifestations ou pour des motivations politiques que leurs auteurs aient été jugés ou non. Pas de liste de noms. C'est une période qui est concernée par cette loi d'amnistie.

Pour le président Macky Sall, cette loi doit servir à « pacifier l'espace public sénégalais » et « appeler à la réconciliation ». Alors qu'au moins 60 personnes ont perdu la vie dans ces manifestations, des centaines d'arrestations ont également eu lieu tout comme d'importants dégâts matériels.

Mais c'est aussi pour ces raisons exactement que le projet de loi fait polémique. Pour les associations de défense des droits de l'homme mais aussi certains membres de la majorité, sans possibilité de poursuivre ceux qui ont tué ou commis des dégâts matériels, cette loi risque de promouvoir l'impunité. « À commencer par les préfets, les sous-préfets qui ont interdit les manifestations de façon totalement abusive, mais surtout pour les membres des forces de défense et de sécurité », craint le directeur d'Amnesty International au Sénégal, Seydi Gassama.

Mais dans les rangs de la majorité aussi certains voudraient voir jugés et non pas amnistié tous ceux qui ont saccagés des lieux publics et encouragé cette violence selon eux.

Des débordements ont eu lieu de chaque côté, pouvoir comme opposition, estime pour sa part Pape Mahawa Diouf, l'un des porte-parole de la coalition au pouvoir, d'où ce pardon nécessaire : « Nous ne pouvons pas continuer à être dans une politique d'une violence inouïe, à être dans les discours, les valeurs républicaines piétinnées, à attaquer les institutions et chacun se faisant justice dans les deux camps opposés. Il est temps de mettre fin à cela. »

Les acteurs de l'opposition pourrait être concerné demeurent inconnus : le candidat de l'ex-Pastef, Bassirou Diomaye Faye par exemple, inculpé entre autres pour « actes de nature à compromettre la paix publique » et arrêté en avril dernier, mais aussi potentiellement l'opposant numéro un du pays Ousmane Sonko (en prison depuis fin juillet dernier). Sa candidature à la présidentielle avait été rejetée par le Conseil constitutionnel suite à sa condamnation à six mois de prison pour diffamation dans un procès qui pourrait, en vertu de cette loi d'amnistie, être qualifié de politique.

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