Le Sénégal continue de noter des ruptures ou encore des tensions par rapport à certains médicaments essentiels dans le traitement de certaines pathologies. Cependant, même si plusieurs molécules ont des équivalents, elles ne sont pas le cas pour d'autres. Et ce sont l'absence de ces médicaments dans le traitement de certaines maladies chroniques qui inquiètent malades et professionnels du médicament. De plus en plus des voix se font entendre pour demander la disponibilité.
Un suivi correct médical d'une pathologie diagnostiquée, nécessite le plus souvent une disponibilité des médicaments pour être guéri ou stabilisé la maladie. De plus en plus dans les officines privées, des médicaments disparaissent des rayons pour un temps. Des patients restent plusieurs jours sans la présence de cette molécule. Un stress qui complique la prise en charge et le suivi thérapeutique tant médical qu'officinal, désorganisant ainsi l'offre et la continuité des soins. Leurs conséquences en matière de santé publique peuvent être importantes comme une rechute, à un retard de la prise en charge du patient, à une angoisse, une révision du traitement et elles le sont d'autant plus pour les patients concernés.
Au Sénégal, cette situation est souvent décriée par les malades qui se font entendre lors des célébrations de journées mondiales de santé. 'Ils vivent le calvaire dans l'approvisionnement de leur médicament et certains vont même jusqu'à se ravitailler à l'étranger pour ne pas vivre de rupture de traitement due à la non-disponibilité de médicaments. C'est le cas pour les malades souffrant de maladies chroniques comme le diabète, l'hypertension, insuffisance rénale, des maladies neurologies ou encore dans le traitement du cancer.
Rupture dans les officines
Les ruptures de certaines molécules sont très rarement notifiées et peuvent passer sous silence. Des malades ou encore des accompagnants de malades s'en rendent comptent après avoir fait plusieurs officines à la recherche de leur médicament. Le pharmacien étant le premier informateur, la personne dans le besoin est souvent notifiée par ce dernier de l'inexistence de ce médicament en rayon. Amadou Ndiaye est un malade souffrant de diabète. Il doit prendre son insuline tous les jours. Son médecin lui en a fait la prescription.
Seulement, celui qu'il prend est souvent en rupture en officine. « Il m'arrive de faire plusieurs pharmacies avant d'en trouver ou d'attendre des jours. Pour ne pas en manquer, j'en achète toujours un de plus » a-t-il fait comprendre. Au niveau de l'association des personnes souffrant de maladie de la tyroïde, ces ruptures de médicaments notées dans le cadre du traitement de leur maladie entrainent très souvent l'aggravation de leur maladie, Pour le pharmacien d'officine, Dr Cheikh Sarr, il est souvent difficile aux malades de leur faire prendre une autre molécule quand il s'agit du traitement de maladie chronique.
« Il y a une diversité de médicaments pour la prise en charge d'une même pathologie. Pour l'insuline, nous en disposons plusieurs dans nos rayons, si l'une est en rupture, on propose l'équivalent au patient. Mais le plus souvent, il n'en prend. Il préfère retourner chez leur médecin ou l'appeler avant de le prendre. Ces derniers font plus confiance en leur médecin qu'au pharmacien qui est un spécialiste du médicament et qui peut aider dans le suivi thérapeutique car étant au centre du traitement du malade ». Et de poursuivre : « il est très rare de trouver des ruptures dans les traitements des maladies car il y a toujours des médicaments qui peuvent remplacer celui qu'on recherche et qu'on n'a pas trouvé car ils ont la même équivalence. »
Cependant, ce dernier se désole que ce n'est pas toujours le cas pour certains médicaments qui n'ont pas encore d'équivalent. « On peut parler de rupture et ça existe vraiment. Nous le notons très souvent. Mais, ce qui est désolant, c'est quand un malade arrive avec une ordonnance où le médicament est en rupture et cette molécule ne dispose pas d'équivalent. Nous sommes impuissants devant de cette situation et le malade est laissé à son propre sort car il devra faire le tour des officines de ville dans l'espoir dans trouver un. Cependant, le conseil est toujours de retourner voir son médecin pour un changement de prescription si l'attente est longue où si les symptômes s'intensifient » a-t-il fait comprendre.
Le ministère de la santé sur les ruptures
La gestion du médicament est confiée au Sénégal par une agence qui assure la régulation dénommée agence de régulation pharmaceutique (Arp) qui est sous la tutelle du ministère de la santé et de l'action sociale. Selon le directeur de l'inspection pharmaceutique, de la surveillance du marché et des vigilances Docteur Madické Diagne, le système sanitaire sénégalais a un dispositif de surveillance capable de lui permettre de juguler toute rupture de médicaments. Revenant sur l'approvisionnement du Sénégal sur le marché international, Dr Diagne soutient : « le pays dépendait peu de l'Europe, touchée par l'indisponibilité de certains médicaments ». S'exprimant ainsi dans les colonnes de l'Aps, il a soutenu : « nous nous alimentons en Europe, mais la proportion d'importation est très faible par rapport à l'importation des médicaments via la filière indienne.
La majeure partie de nos produits viennent de l'Inde et du Maghreb. Même les grandes industries pharmaceutiques européennes ont maintenant des unités de fabrication en Inde pour amoindrir les coûts de production ». et de poursuivre : « s'il y a une pénurie quelque part, il se pourrait qu'on le ressente. C'est une éventualité, mais nous avons pris les dispositions pour mettre au courant les gens par rapport à une éventuelle rupture d'une molécule, parce que ce qui le plus souvent est observé, c'est qu'il y a une rupture pour un produit que les gens utilisent ». Toutefois, Dr Diagne ajoute : « des ruptures peuvent survenir en cas de tensions dans l'approvisionnement et des tensions liées au principe actif qui va permettre la fabrication du produit. Il peut y avoir des retards dans la livraison. Ces ruptures ponctuelles sont réglées tout juste après l'approvisionnement du produit »