Maroc: Une plateforme des Marocaines du monde actrices de changement, le plaidoyer de Fatima Zibouh

Bruxelles — Mettre en place une plateforme regroupant les femmes marocaines actrices de changement aussi bien au Maroc que partout dans le monde. C'est l'idée plaidée par la politologue et experte belgo-marocaine en diversité et inclusion, Fatima Zibouh.

"Nous partageons l'amour du Maroc, la sororité, l'impact sociétal... Et ce réseau permettrait non seulement d'apprendre à mieux nous connaître, à partager les bonnes pratiques, mais surtout à s'inspirer pour renforcer les synergies pour le rayonnement international du pays de nos racines", a-t-elle affirmé dans un entretien à la MAP.

Pour celle qui, en Belgique, avait co-fondé "Women 100", un réseau de 100 femmes leaders bruxelloises issues de toutes les origines culturelles et sociales, "lorsque les femmes sont ensemble, elles peuvent déplacer des montagnes, tellement elles sont fortes, résilientes et persévérantes". "Dans cette perspective, je rêve d'un Women 100 au Maroc !", a-t-elle lancé.

Fatima Zibouh, qui revendique sa double culture belgo-marocaine, estime important de se baser sur cet atout pour promouvoir davantage la condition des femmes marocaines où qu'elles soient et jeter des ponts entre leurs univers. "Ma double culture marocaine et belge, européenne et africaine a été plus qu'une richesse. Elle est un véritable atout pour comprendre la complexité des constructions identitaires qui sont en évolution permanente. Cela permet dès lors de mieux comprendre l'Autre", souligne l'entrepreneuse sociale.

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Ceci dit, reprend-t-elle, "j'ai aussi été confrontée au rejet, à des attaques en raison de ma différence. Mais loin de m'inscrire dans une posture victimaire, j'ai toujours répondu avec plus d'engagement pour plus d'inclusion et de lutte contre toutes les formes d'exclusion".

Et de poursuivre : "les femmes issues de l'immigration sont nombreuses à être pionnières dans leurs champs d'activité. Il y a encore des défis, mais je pense qu'il y a une normalisation de la présence des femmes issues de l'immigration dans différents secteurs. Elles s'engagent avec force et elles excellent dans leurs domaines respectifs".

"Bien que les discriminations restent une réalité massive, les femmes issues de l'immigration font preuve de résilience et de persévérance pour avoir une véritable place dans la société", soutient Mme Zibouh, qui co-porte le dossier de candidature de Bruxelles au titre de Capitale européenne de la culture en 2030.

Selon elle, l'évolution de la place des femmes d'origine marocaine dans différents domaines en Belgique est "incontestable". "Elles sont présentes dans des postes politiques, exercent des fonctions exécutives, sont cheffes d'entreprises, créent des performances artistiques, sont engagées dans le domaine du sport, sont fort présentes dans le monde médical et de l'éducation, etc. Elles sont impressionnantes !", dit Mme Zibouh, dont la thèse de doctorat portait sur les expressions culturelles et artistiques des Belgo-Marocains.

Il faut dire qu'entre février 1964, date de signature de l'accord de main-d'oeuvre entre le Maroc et la Belgique et aujourd'hui, la situation est tout autre. "Aujourd'hui, les Belgo-Marocains constituent la première communauté d'origine étrangère du pays. Elle est une véritable force de contribution pour les dynamiques économiques, culturelles, politiques et sociales de la Belgique", constate-t-elle.

"Cette diaspora a un rôle majeur à jouer dans le renforcement du lien entre les deux pays, tout particulièrement au niveau culturel et économique", estime Fatima Zibouh, notant qu"'on pourrait aller plus loin en faisant la promotion de la circulation d'artistes belgo-marocains entre les deux pays, mais aussi en renforçant les échanges et les productions culturelles, pour mieux se connaître les uns les autres. La culture est essentielle pour valoriser la multiplicité des imaginaires, des identités, des langues, des traditions".

Et de faire remarquer que "60 ans après, les troisième et quatrième générations sont toujours profondément attachées à leur pays d'origine dont ils sont fiers".

Pour la dimension économique, elle appelle à investir davantage les relations bilatérales entre la Belgique et le Maroc pour renforcer les importations et les exportations, car, selon elle, "il y a du talent de part et d'autre, et chaque expertise pourrait être une véritable force en matière d'innovation, d'inspiration et de bonnes pratiques".

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