Ile Maurice: Un observatoire des prix et des chambres froides pour éviter des légumes onéreux

Les carottes à Rs 80 la livre, les petits piments à Rs 600 le kilo, le chou à Rs 150 l'unité, les lalos à Rs 60 la livre, la calebasse à Rs 60 le demi-kilo, les pommes d'amour à Rs 150 le demi-kilo et la botte de cotomili à Rs 50. Voilà les prix affichés dans les foires et marchés il y a une quinzaine de jours. Durant le dernier week-end, il y a eu une légère baisse. Pourquoi les Mauriciens ont-ils dû autant dépenser pour se nourrir ?

Hassen Auleear, 64 ans et planteur dans la région de Triolet, dit avoir connu les cyclones Gervaise, Hollanda et Dina, et des dizaines d'autres moins forts ainsi que des périodes d'inondations et de sécheresse. Mais les légumes n'ont jamais atteint des prix qualifiés d'astronomiques par la grosse majorité des Mauriciens. Si certains pensent que le National Wholesale Market de Wooton a contribué à une telle hausse, il n'est pas de cet avis.

D'ailleurs, deux autres agriculteurs, à savoir Krepalloo Sunghoon de la Small Planters Association (SPA) et Krit Beeharry de l'association des Planteurs des îles, sont sur la même longueur d'onde qu'Hassen Auleear. Les trois parlent d'une réduction des terrains sous culture de légumes et surtout, du manque de main-d'oeuvre.

Hassen Auleear est d'avis que certains intermédiaires ont contribué à ce que les consommateurs paient leurs légumes très cher. Le marché de gros aurait pu, dit-il, éviter cela en lançant un observatoire des prix. «L'Agricultural Marketing Board (AMB) dispose de toutes les données concernant la quantité de légumes qui transitent par le National Wholesale Market et les prix de vente. Il aurait pu mettre en place un observatoire des prix et faire des recommandations pour que les légumes ne soient pas vendus à des prix supérieurs.» Il récuse le fait que c'est parce que les marchands doivent payer plus cher pour transporter leurs légumes à Wooton que cela contribue à une augmentation des prix. «Cela aurait pu peut-être causer une légère augmentation, mais pas comme c'est le cas actuellement.»

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Krepalloo Sunghoon soutient que des chambres froides auraient pu permettre une certaine stabilisation des prix. «Je maintiens qu'il y a, au fil des ans, une réduction de la culture de légumes et qu'il faut s'attendre à une hausse des prix des légumes entre janvier et mars. Mais avec des chambres froides, les prix seraient moindres que ce qu'on voit actuellement.» Le porte-parole de la SPA est d'avis que le ministère de l'Agro-industrie doit absolument venir de l'avant avec de nouveaux plans pour la culture vivrière et trouver des solutions pour régler le problème de la main-d'oeuvre.

Krit Beeharry explique, lui, que de nombreux Mauriciens ont été choqués de découvrir les prix pratiqués par les supermarchés et hypermarchés. Il avance que certains distributeurs préfèrent se tourner vers ces grandes surfaces. «Ils peuvent bénéficier d'un meilleur prix et, en retour, ces grandes surfaces apportent une valeur ajoutée, notamment dans les emballages. Définitivement, les légumes vont coûter beaucoup plus cher.»

Il attribue la hausse des prix des légumes à une saison difficile pour les agriculteurs. «À Maurice, nous avons deux saisons. La première, du début du mois d'avril à la mi-octobre et la deuxième, entre la mi-octobre et la fin de mars. Pour la première saison, nous avons des légumes en abondance et les prix sont très abordables. Mais pour la deuxième période, il faut compter avec le climat. Depuis l'année dernière, nous n'avons pas eu un climat propice, notamment avec des inondations et des cyclones. Il y a eu moins de pollinisation et il y a eu une baisse de la production. De ce fait, le coût de production a augmenté, notamment avec la hausse des prix des fertilisants et aussi par manque de main-d'oeuvre.» Il est d'avis que le gouvernement doit exploiter d'autres moyens pour notre sécurité alimentaire.

Benny Ramcharran : «Les prix de vente seront affichés en gros à Wooton»

Benny Ramcharran de l'AMB reconnaît lui aussi que les prix des légumes ont atteint une autre proportion en ce début d'année. Face aux demandes des planteurs pour un observatoire, il soutient que sur le site de l'AMB, il y a les prix de vente et la quantité vendue. Mais il admet que cela ne touche pas les consommateurs. Ainsi, il laisse entendre que les prix de vente seront affichés en grand à Wooton et qu'avec les réseaux sociaux, cela peut être facilement répercuté aux consommateurs. Concernant les chambres froides, il souligne qu'il est question de venir avec ces projets et que quatre espaces sont déjà prévus à Wooton. Il reconnaît aussi qu'il y a eu des prix exagérés et que des intermédiaires n'ont pas joué le jeu. Les prix des légumes ont quand même commencé à baisser et ils le seront davantage dans les semaines à venir.

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