Dakar — Le procès des neuf maraîchers de Lendeng, prévu ce mardi matin au Tribunal de grande instance de Dakar, a été renvoyé au 12 mars en raison de l'absence de la partie civile, a constaté l'APS.
Le procureur de la République s'est par ailleurs opposé à la demande de liberté provisoire introduite par les avocats des prévenus, arrêtés le 29 février dernier pour les faits d'injures, menace, voie de fait et de violence.
Ces paysans s'opposaient à la construction d'une station-service sur le site maraîcher de Lendeng, une zone agro-écologique située dans la commune de Rufisque-est.
"Nous sommes venus assister à l'audience de nos collègues maraîchers de Colobane Gouye-Mouride qui ont été arrêtés de façon arbitraire et nous sommes venus les soutenir", a déclaré Pape Konaté, président du collectif du comité de développement local (CODEL).
Il a rappelé que le promoteur, qui reproche aux paysans d'avoir saccagé les travaux de sa station-service, a déposé une plainte contre eux.
"Mais ce ne sont pas des faits réels, puisque nous avons fait faire un constat sur les lieux par un huissier qui a confirmé qu'il n'y a aucun saccage", a contesté M. Konaté.
Lendeng est une zone maraichère active d'agriculture périurbaine qui s'étend sur une superficie totale de 56,83 ha dont 70% sont destinés au maraîchage, et une zone de plateau (5,40 ha) réservée à l'agriculture pluviale, indique un document de l'Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV).
"Selon nos informations, un promoteur (...) a obtenu un terrain dans le périmètre maraîcher de Lendeng en vue d'y implanter une station-service sur une superficie de 1750 m2", explique Amadou Kanouté, directeur exécutif de CICODEV Afrique, partenaire des paysans de Lendeng.
Il a expliqué que le chef de l'Etat avait pris une circulaire pour demander à ce que cette zone soit érigée en zone agro-écologique non aedificandi. Cette décision s'explique par le fait que Lendeng est coincé entre trois sources d'émission de gaz à effet de serre : l'autoroute à péage, la cimenterie Sococim et les établissements humains.
"Lendeng permet à 2000 personnes de bénéficier d'emplois directs et c'est aussi 1 milliard 800 millions de FCFA de chiffres d'affaire par an", a rappelé M. Kanouté.
Il a dénoncé l'octroi du bail ayant permis la construction de cette station-service.
"Pendant qu'on essayait d'obtenir un décret présidentiel protégeant cette zone, certains ont essayé d'obtenir un bail dont le processus d'acquisition est à interroger", s'est-il indigné.
Les populations de Lendeng, venues en masse au tribunal soutenir les paysans arrêtés, exigent leur libération.