Madagascar: Kilomètre à l'heure

L'autre jour, vers 7 heures du matin, j'ai vu un convoi de touristes quitter leur hôtel de Faravohitra. Ils étaient confortablement répartis dans deux cars de trente places, n'étant même pas encombrés de leurs bagages, embarqués à bord d'un «grand Starex» (les voyagistes malgaches connaissent). Un 4x4 à l'ancienne, sans électronique susceptible et fragile, fermait la marche.

Je les imaginais abandonner la vue panoramique sur le marché d'Analakely, de toutes manières orphelin des parasols blancs de l'ancien «Zoma», pour sans doute rejoindre la mer. Sur l'île-continent qu'est Madagascar, ce doux programme peut nécessiter une dizaine d'heures par les routes nationales et pistes saisonnières, véritables épreuves d'off-road, comme on en voit par dizaines sur des pages Facebook comme «Les routiers et les camions de Madagascar» ou «Route de l'impossible».

C'est grâce à ces pages que j'ai découvert le retour en force des pick-up Toyota Hilux de la fin des années 1990, sur la RN5, au-delà des images idylliques, et idéelles, de Foulpointe ou Mahambo. Sa rusticité fait la robustesse de cet ancien modèle que sans doute même Toyota ne savait pas amphibie quand la route plonge sous les eaux.

L'autre jour, j'ai expliqué ce qu'est un radier à mes enfants des années 2000 : «ouvrage qui permet de franchir les rivières en basses eaux et qui est submergé en cas de crues». De ces «ponts submersibles», le premier que j'ai vu se trouvait sur le chemin de notre tanindrazana, Ambohitraina, au-delà d'Ankadinandriana. C'était il y a quarante-cinq ans. Pourtant, de nos jours, des «Alligators» ou «Baby Shark» (sobriquets des valeureux camions Mercedes, là encore anciens modèles) en franchissent encore quotidiennement sur la RN 13 (Ihosy-Betroka-Isoanala-Beraketa-Ambovombe-Fort Dauphin).

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Beaucoup plus au Nord, les 133 kilomètres entre Moramanga et Vohidiala sont actuellement en excellent état. Revêtement parfait, marquages au sol, panneaux de signalisation : je me suis dépêché d'immortaliser le moment. Images d'une modernité presque anachronique dans un univers peuplé de centaines de pauvres bougres tantôt chevauchant, tantôt poussant leurs bicyclettes surchargées de sacs de charbon. Des «Kubota», un moteur de grosse tondeuse à gazon tractant une benne à tout faire, fret ou passagers, omniprésents dans chaque village. Arriération finalement au diapason de la route Vohidiala-Ambatondrazaka, dangereusement au ras de l'eau en certaines portions, quand elle ne traverse pas à gué le lit sec d'une rivière.

J'en aurai parcouru des kilomètres, depuis l'époque de la Renault 16 de mon père qui nous aura conduit jusqu'à Fort-Dauphin. Via Ihosy ou par Vangaindrano, mon jeune âge n'en avait pas retenu le souvenir.

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