Congo-Kinshasa: Agression rwandaise, justice et autres défis majeurs - Me Célestin Tunda ya Kasende offre une série de pistes à Félix Tshisekedi

Maitre Célestin Tunda Ya Kasende, Vice-Premier ministre honoraire en charge de la Justice et Garde des Sceaux, invite le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, à engager des réformes courageuses pour réussir son second mandat à la tête de la RDC.

De tout cœur, il l'exhorte à foncer, sur tous les fronts, pour répondre favorablement aux aspirations profondes des milliers de congolais disséminés à travers l'étendue du territoire national. Il est convaincu que le Chef de l’État dispose de toutes les capacités pour le faire.

Au cours d'un entretien à bâtons rompus ce mardi 5 mars 2024, à l'initiative du Quotidien Forum des As, cet acteur politique a brandi une série de pistes de solution pouvant permettre au Chef de l'Etat de matérialiser sa vision, telle qu'il l'a personnellement dévoilée à la population, à Kinshasa tout comme partout à travers les provinces, durant toute la période de la campagne électorale de 2023. M. Célestin Tunda a passé en revue les questions touchant notamment, à la Justice, à la sécurité et au social des congolais.

L'heure des réformes a sonné

«Il y a deux personnes au niveau du pays qui pouvaient prendre à bras-le-corps le Congo et introduire des réformes. Le premier qui pouvait, c'est Mobutu. Tout le monde chantait à sa gloire et personne ne pouvait le contester. Mobutu pouvait en profiter pour faire toutes les réformes possibles. La deuxième personne apte à faire les réformes dans ce pays, c'est Félix Tshisekedi. En tant que fils d'Etienne Tshisekedi, il a suffisamment d'adhésions populaires pour faire de grandes réformes. Même en Allemagne, c'est Hitler qui a fait les réformes bien qu'il est criminalisé à cause de la guerre. Même les autoroutes que nous utilisons, c'est le génie d'Hitler. Si Mobutu a raté de faire des réformes courageuses pour que le pays puisse fonctionner normalement, c'est Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui devrait le faire du fait de l'adhésion populaire dont il dispose.

Il a un parti qui existe au moins avec des gens qui ne demandent pas à être payés. Même si on leur dit qu'il y a un meeting à Maluku, il n'y a personne qui va donner le ticket à personne, mais vous trouverez du monde au meeting. Si Félix Tshisekedi rate d'introduire des réformes rigoureuses, nous attendrons encore longtemps. On prendra des années pour sortir encore un oiseau rare qui aura le charisme personnel et l'adhésion populaire pour le faire... Il est le mieux placé. Nous ne devons pas avoir peur de le faire parce qu'on doit faire l'économie des moyens », a insisté Tunda ya Kasende.

Six mois pour guérir la Justice

Sur le plan de la Justice, particulièrement, l'ancien Vice-ministre des Affaires étrangères a évoqué deux remèdes pour guérir le secteur. Il a parlé des textes et des hommes. Il estime que la Justice est le secteur le plus facile à réformer parmi tant d'autres. Il a affirmé avoir la recette nécessaire pouvant permettre d'y parvenir. De fil en aiguille, il a souligné l'impérieuse nécessité de mettre sur pied de nouvelles dispositions qui puissent permettre au Chef de l'Etat de reprendre les commandes du Conseil supérieur de la Magistrature pour avoir les marges nécessaires de stopper les dérapages. Selon lui, les réformes dans ce secteur aussi important sont possibles en six mois.

«Dans notre pays, les réformes qui avaient été faites pour enlever le Président de la République comme Président du Conseil Supérieur de la Magistrature étaient mauvaises... Dans beaucoup de pays, c'est le Président de la République qui est le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Dans notre pays, il doit revenir. Il y a trois ou quatre textes qu'il faut modifier. Le Président Félix Tshisekedi a suffisamment de carrure pour présider le Conseil supérieur de magistrature et apporter des solutions.

C'est comme ça que je dis que le jour où il va terminer son mandat et partir, nous attendrons longtemps quelqu'un qui a tous les atouts pour faire suffisamment des réformes dans ce pays... Pour moi, la Justice est le secteur le plus facile à réformer parce qu'elle ne demande pas de l'argent pour être réformée », a-t-il explicité. Pour lui, bien au-delà de cette recette recette, il faut de la volonté. « Il ne s'agit pas seulement de la volonté des greffiers, magistrats et les autres, c'est la volonté au plus haut niveau. Six mois, c'est beaucoup pour changer la justice de ce pays... Au moment où nous parlons, il y a des veuves et des orphelins qui perdent leurs biens parce que la Justice est devenue comme une affaire commerciale...

Donc, il faut adapter certains textes et agir au niveau des hommes. Ça ne demande pas de moyens financiers comme les autres secteurs où il faut des milliards pour arranger les routes, acheter les avions pour que nous ayons une flotte convenable. Il y a des pays où l'on ne ramasse pas de l'argent en cours de route parce qu'on sait que si on t'attrape, tu sais ce qui t'attend. Tu ne peux pas toucher l'argent qui n'est pas à toi, tout bien qui n'est pas à toi. Pour me résumer, c'est agir à deux niveaux. Agir au niveau des textes et au niveau des hommes », a-t-il soulevé.

Élaboration d'un Projet de résolution sur le front diplomatique

Pour ce qui est de la situation sécuritaire dans la partie orientale du sol congolais, dominée par l'agression du Rwanda sous couvert du M23, Maitre Célestin Tunda a encensé les efforts que ne cesse de déployer le Président Félix Tshisekedi pour la restauration effective et totale de la paix. Il a souligné, cependant, au vu de l'escalade de la violence et autres formes crimes, sur la nécessité de l'élaboration, chaque mois, d'au moins un Projet de résolution à déposer au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour permettre de raviver davantage le front diplomatique.

Il a également préconisé, dans le même élan, la mise en place de nouveaux livres blancs qui vont répertorier tous les dégâts causés par le Rwanda et ses supplétifs pour, le moment venu, faire éclater la vérité au monde entier. Me Célestin Tunda estime que la mobilisation de tous les congolais derrière le Commandant suprême est un impératif, en ce moment précis caractérisé par le processus en cours de mise en place de nouvelles institutions nées des élections générales du 20 décembre 2023.

« En ce qui concerne cette question, c'est l'ensemble du peuple congolais qui est mal à l'aise. Vous ne pouvez pas être à l'aise lorsqu'une partie de votre corps est malade. Or, c'est ce qui se passe aujourd'hui dans l'Est. C'est comme si c'était une partie de notre organisme qui était atteinte. Là, la mobilisation de tous les congolais est nécessaire.

Pour ma part, j'adhère à la démarche du Président de la République par rapport à cette question de la guerre. Si vous examinez bien ce que le Président de la République est en train de faire, c'est qu'il suit deux voies. Et, cela est très stratégique parce que la guerre qui se passe chez nous, même si nous avons en face un pays que nous pouvons considérer comme un petit pays, celui-ci n'est en réalité que le bras armé de ceux qui attaquent réellement ka République démocratique du Congo. Ce qui fait que si vous y allez sans stratégies, ça peut mal se retourner contre le Congo.

Voilà pourquoi je dis que j'adhère à la démarche du Président de la République, qui est deux stratégies : diplomatique et militaire. Pourquoi la stratégie diplomatique ? Cette stratégie est nécessaire face à un ennemi comme celui-là qui n'est pas seul, qui a d'autres Etats derrière. Il faut aller sur une voie diplomatique pour deux raisons. La première, c'est tenter de finir la guerre sans que nous puissions verser beaucoup de sang. Et vous avez vu que le Président est à tous les niveaux où on parle de cette question de la guerre. Il était à Addis-Abeba, il était à Luanda où il a répondu à l'invitation du Président Lourenço.

On peut arriver à mettre fin à cette guerre de façon diplomatique. Aussi, la diplomatie permet d'expliquer réellement de quoi il s'agit parce que, parfois, les gens ne comprennent pas. Donc, la voie diplomatique permet d'extirper ces mensonges, de porter à tous les niveaux la vraie version des faits... Je pense que nos projets sont insuffisants. Nous devrions chaque mois au moins introduire une résolution au Conseil de Sécurité parce que le monde doit connaitre la vérité.

Chaque mois, nous devrions avoir une résolution au niveau du Conseil de sécurité... Si nous n'avons pas fini la guerre par la voie diplomatique, on ne va pas dire que nous avons agressé qui que ce soit », a-t-il complété. Pour lui donc, "la voie diplomatique est importante pour précéder la voie militaire parce que le monde entier doit connaitre la vérité de cette situation".

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