Le procès historique d'Ousman Sonko, en Suisse, se termine demain, vendredi 8 mars. L'ancien ministre gambien de l'Intérieur est accusé de crimes contre l'humanité, torture, enlèvement ou encore exécutions extrajudiciaires, des faits commis sous la dictature de l'ancien président en exil Yahya Jammeh. Mercredi, son avocat a plaidé devant la Cour criminelle fédérale.
Ousman Sonko a été chef de la police, ministre de l'Intérieur en Gambie. Il a participé à des réunions des services de renseignements. Il ne pouvait pas ignorer les crimes du régime avait dit la procureure qui a demandé une peine de prison à vie.
Des arguments balayés par Me Philippe Currat, l'avocat d'Ousman Sonko. « Le simple fait de ne pas pouvoir ignorer, ne suffit pas à être responsable. Ce qu'il faut, en cas de torture, c'est que les victimes se trouvent sous la garde ou le contrôle de l'accusé. On sait, de manière certaine que les victimes ont été torturées par les services secrets. Ousman Sonko n'a jamais eu les services secrets ni sous son autorité, ni sous son contrôle ! Ce n'est pas parce qu'il est ministre de l'Intérieur qu'il est en contrôle de tout, partout ou tout le temps ! On essaie de masquer cela en disant : il avait de hautes fonctions, dont il ne pouvait pas ne pas savoir... et ce faisant, on donne une fausse impression de la situation et on évite complètement l'analyse des faits par rapport au droit applicable. C'est de l'enfumage ! »
L'avocat du barreau de Genève s'est également concentré sur des questions juridiques. Les faits se sont déroulés avant l'inscription du crime contre l'humanité dans le droit suisse en 2011. Donc ce n'est pas applicable.
Me Currat a aussi rappelé que les personnes victimes ne formaient pas à elles seules une population civile. L'avocat suisse a donc demandé l'acquittement d'Ousman Sonko ainsi qu'environ 1 million d'euro de dédommagements, notamment pour ses années passées en détention dans l'attente du procès.
Ousman Sonko, 55 ans, ancien ministre de l'Intérieur - pendant dix ans - du dictateur gambien Yahya Jammeh, est actuellement jugé en Suisse par la Cour criminelle fédérale pour crimes contre l'humanité en vertu du principe de compétence universelle.
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