Au Mali, Choguel Maïga, actuel Premier ministre de transition, a été destitué mercredi soir de son poste de président du M5-RFP (Mouvement du 5 juin - Rassemblement des Forces Patriotiques) par une frange du mouvement. Le M5, qui avait porté la contestation en 2020 contre feu le président IBK, a depuis été déserté par une immense partie de ses membres. Le mouvement est aujourd'hui divisé en deux, et ce n'est qu'une de ces franges qui s'est officiellement désolidarisé de l'actuel Premier ministre. A quel point cette nouvelle séquence pourrait-elle fragiliser Choguel Mjaïga ?
Depuis son arrivée à la Primature en juin 2021, les rumeurs sur un « limogeage imminent » de Choguel Maïga sont récurrentes. Et jamais avérées. Mais pour le politologue malien Oumar Berté, la crise actuelle le fragilise plus que les autres.
« Chaque fois qu'il a eu des difficultés, il s'est appuyé sur le M5-RFP, explique le chercheur associé à l'Université de Rouen. Mais là, c'est une bonne partie du M5 qui se désolidarise de lui et, de ce fait, il n'a plus de base sur laquelle s'appuyer pour assoir un peu de légitimité aux yeux des militaires, afin qu'ils puissent le maintenir à son poste. »
Pour autant, Choguel Maïga semble parfaitement remplir le rôle qui lui est assigné : volontiers excessif, ses prises de parole vont toujours dans le sens des colonels au pouvoir, sans jamais prétendre aspirer à plus de poids.
Un atout qui, aux yeux d'Oumar Berté, pourrait aujourd'hui se retourner contre lui. « On a comme l'impression que Choguel Maïga n'est au courant de rien, affirme le politologue. Lui-même, à beaucoup de question qu'on lui posait lors d'une émission de télévision (sur la chaîne nationale ORTM le 29 février, ndlr), il a répondu ne pas être au courant et que c'était le président de la Transition qui gérait. Sur l'économie, les marchés publics... Quand on suit l'actualité malienne, on voit qu'il ne fait que recevoir des associations, des organismes syndicaux et autres. Est-il réellement au courant de la gestion des affaires du pays ? »
Enfin Choguel Maïga a récemment dénoncé les « manoeuvres » de « certains militaires » ; son entourage désigne le colonel Malick Diaw, président du Conseil national de transition, et le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement.
Choguel Maïga pourra-t-il rester à la Primature dans ces conditions ?
Certains observateurs estiment que le chef du gouvernement, vieux routier de la scène politique malienne, a des cartes en main pour assurer sa survie. Commentaire d'un pilier de l'opposition : « tout cela ne saurait distraire le peuple des problèmes du pays : sécurité, électricité, économie et isolement. »