L'amnistie des faits ayant eu lieu dans le cadre des manifestations politiques entre mars 2021 et février 2024, n'est pas cautionnée par les députés de l'opposition, qui ont confirmé leur refus en ne votant pas le texte. Pour Guy Marius Sagna, en faisant passer le texte, «le président de la République, Macky Sall, ne vise qu'à protéger son fils, accusé d'avoir recruté des nervis pendant les manifestations ou encore lui-même et certains de ses proches». Les personnes mortes, celles mutilées, traumatisées ou ayant subies des dégâts matériels, méritent que justice leur soit rendue.
Pour Guy Marius Sagna, l'amnistie n'est pas la seule voie pour faire réintégrer des hommes politiques sur les listes électorales. En plus d'évoquer l'hypothèse de l'abandon des charges, il plaide pour la modification du Code électoral plutôt qu'une loi d'amnistie, d'autant plus que, pour lui, le texte n'est pas pour Ousmane Sonko, ni son ex-parti PASTEF ou les détenus politiques. Il qualifie la loi de «texte qui ne fait que favoriser l'impunité».
Pour Mamadou Bara Gaye, un député réfléchi ne devrait pas voter le texte. «Force occultes, infiltrations, des jihadistes aux portes du Sénégal, tout a été dit pour justifier la tension du pays». Il ne devrait donc y avoir d'oubli de tout ce qui s'est passé, sans que la lumière ne soit faite. «Pour la mémoire des victimes, les responsabilités doivent être situées», estime Mamadou Bara Gaye.
Mansour Kébé, du Parti de l'Unité et du Rassemblement (PUR), souligne que le pardon ne doit pas être décrété par le président de la République. Il est du ressort des familles des victimes. Il trouve, lui aussi, que les responsabilités doivent être situées, d'autant plus que la plupart des personnes mortes ont reçu des balles réelles ; ce qui atteste, à son avis, de la circulation illicite des armes.
Sokhna Ba n°1, s'est abstenue de voter la loi parce qu'à son avis, rien que pour l'affaire des nervis, des enquêtes devraient être ouvertes. Selon elle, l'Assemblée nationale est illégitime pour pardonner la mort de plusieurs jeunes sénégalais.
Le député de Taxawu Senegal, Thierno Diop, a mis l'Assemblée nationale devant ses responsabilités. Pour lui, la destruction des biens, les meurtres et les attaques contre les chefs religieux, ne doivent pas être rangées aux oubliettes.
Thierno Alassane Sall parle d'un aveu d'échec de la politique de l'Etat pendant ces trois dernières années. A son avis «c'est une preuve de l'incapacité de l'Etat du Sénégal à faire face à sa mission régalienne». L'amnistie est «une atteinte aux familles des victimes venant d'un Etat incapable de situer les responsabilités dans la morts des jeunes», ajoute-t-il.
Alassane Ndoye du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), n'est pas convaincu de l'importance d'une amnistie. C'est pourquoi il s'est réservé de voter la loi.
Oumar Cissé juge que les Sénégalais méritent de savoir la vérité sur les «forces occultes» et l'appel à l'insurrection. En plus de ne pas voter la loi, il a appelé ses collègues à la combattre pour ne pas être un complice de crimes.
De l'avis de Massata Samb, toute personne qui vote la loi d'amnistie a trahi le Sénégal. «Rien de plus qu'une loi fourre-tout», c'est le qualificatif d'Ahmed Aïdara qui s'interroge sur le devenir des «forces occultes», des rebelles et des terroristes que l'Etat dit avoir arrêtés.
Le député Arame Ndiaye de la majorité parle d'une «escroquerie judiciaire», en disant que seul le gouvernement a intérêt à ce que la loi passe. De l'avis de Sira Ndoye Sall, l'incendie du bus de Yarakh et les attaques contre le Bus rapid transit (BRT), doivent motiver la non adoption de la loi.
Barthélémy Toye Dias affirme que les acteurs politiques ne sont demandeurs de rien du tout et qu'on n'a pas besoin d'une d'amnistie pour insérer des candidats sur la liste électorale, mais d'une modification du Code électoral.
Serigne Abo Mbacké Thiam du PDS trouve que les Sénégalais n'approuvent pas la loi ; donc il ne voit pas l'importance de la voter. Ababacar Mbaye de Taxawu Sénégal pense que les combats des politiques sont placés au-dessus des Sénégalais. Ce qui justifie aujourd'hui la loi sur l'amnistie. Pape Djibril Fall dénonce une justice aux ordres, la conséquence de la situation actuelle. Il plaide le retrait du texte.
Mame Diarra Fam a demandé des gages. Alors que Woré Sarr, quant à elle, veut savoir ce qui est prévu pour les familles des victimes et pour dédommager la perte des biens matériels. Ayib Daffé se demande si les crimes de sang font parties du champ d'application de la loi. Birame Souleye Diop, relève, pour sa part, que la loi confère au président de la République la prérogative de faire adopter une loi d'amnistie. Son vote de la loi était suspendu aux explications du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, notamment sur les détenteurs d'armes qui seraient protégés par la loi.