Burkina Faso: Nandy Somé, ministre en charge du genre - « L'autonomisation des femmes a toujours été au centre des préoccupations du gouvernement »

interview

Le Burkina Faso, à l'instar des autres pays du monde commémore, ce vendredi 8 mars 2024, la 167e Journée internationale des droits de la femme. Dans cette interview qu'elle a accordée à Sidwaya, la ministre de la Solidarité, de l'Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille, Nandy Somé, revient sur les activités au programme et les actions du gouvernement pour une autonomisation des femmes, déplacées internes y compris.

Sidwaya (S) : Sur le plan national, la Journée internationale des droits de la femme est placée sur le thème : « Promotion de l'entreprenariat communautaire : quelle contribution des femmes ? ». Pourquoi le choix de ce thème ?

Nandy Somé (N.S.) : Tout d'abord, permettez-moi de rendre un hommage à toutes ces braves femmes, ces femmes résilientes du Burkina Faso qui traversent des moments difficiles dus au contexte de crise sécuritaire et humanitaire que connaît le pays. Elles sont nombreuses ces femmes dont le poids du ménage, de la famille, repose sur leurs épaules et malgré ces charges, elles s'assument avec courage et dignité. Pour revenir à votre question, je dirai que le choix du thème de cette année s'inscrit dans la dynamique de sensibilisation des femmes sur l'initiative gouvernementale qui consiste à créer de la richesse par les Burkinabè, pour les Burkinabè, dans les secteurs stratégiques et de souveraineté eu égard au contexte marqué par l'amenuisement des ressources.

A travers un tel thème, il est évident qu'on pourra mobiliser le maximum de jeunes filles et de femmes dans la production, la transformation et la commercialisation dans divers domaines. En effet, au regard de la situation sécuritaire et humanitaire difficile que traverse le Burkina Faso depuis 2015, le tissu économique est fortement dégradé avec la fermeture de certaines entreprises. C'est pourquoi, en vue d'un développement endogène et de rendre le secteur économique résilient, le gouvernement de la Transition a lancé en 2023, le programme d'entreprenariat communautaire par actionnariat populaire.

Il est porté par l'Agence pour la promotion de l'entrepreneuriat communautaire (APEC) et ce programme ambitionne de faire participer directement les Burkinabè aux projets majeurs du pays. Comme les femmes constituent plus de 52% de la population burkinabè, il était bien indiqué de susciter la participation active et massive de cette partie de notre population. C'est pourquoi, notre ministère en collaboration avec l'APEC a entrepris de sensibiliser, à travers les 13 régions du pays, les femmes qui constituent la majorité de la population sur l'importance de leur contribution à ce programme. J'invite personnellement les femmes du Burkina à adhérer au programme de l'APEC en souscrivant massivement. Elles peuvent par exemple s'organiser en coopérative pour relever les défis de la souveraineté économique.

S : Cette journée du 8-Mars se tient dans un contexte marqué par le déplacement massif des femmes vers les centres urbains. Qu'est ce qui est fait spécifiquement par votre département pour atténuer la souffrance des femmes ?

N.S. : En vérité, tous les efforts consentis au niveau de notre ministère concourent directement ou indirectement au bien-être de la société, de la famille et par conséquent, au bonheur de la femme. L'autonomisation des femmes a toujours été au centre des préoccupations du gouvernement. Ainsi, à travers mon département, plusieurs actions sont entreprises pour parvenir à l'autonomisation des femmes. En effet, la commémoration de la 166e Journée de la femme en 2023 a été une occasion pour nous de former et de doter en kits de production, des femmes PDI sur la culture hors-sol.

Cette pratique culturale est une initiative développée par le gouvernement en réponse aux difficultés rencontrées par les personnes déplacées internes et les populations hôtes en termes de superficies exploitables. Un an après ces actions, nous pouvons dire que le bilan est satisfaisant. En plus de cet accompagnement agricole, je peux citer un autre projet du gouvernement dénommé « 1000 métiers à tisser » qui a été lancé à Ouahigouya, le mardi 26 septembre 2023 au profit des femmes déplacées internes et des populations hôtes.

Sa mise en oeuvre a permis de développer les compétences des femmes déplacées internes en tissage et en teinture. Les femmes ont été non seulement formées au tissage et à la teinture, mais aussi, elles ont bénéficié d'équipements. Je peux également citer parmi les réalisations de 2023 au profit des femmes PDI, la mise en oeuvre du Projet d'autonomisation des femmes et des familles déplacées internes de la région du Centre-Nord qui a permis de former et d'installer 200 femmes et jeunes dans divers métiers.

Je ne perds pas de vue les sorties des délégations gouvernementales que j'ai moi-même conduites dans les différentes régions pour aller apporter des soutiens de toutes sortes à l'ensemble des PDI dont les femmes et particulièrement pour les inviter à entreprendre pour sortir de l'assistanat et travailler à s'auto prendre en charge.

S : Quelles sont les activités prévues pour la commémoration officielle de la Journée ?

Cette année, nous commémorons la 167e Journée internationale des droits de la femme conjointement avec le 7e Forum national des femmes qui se tient tous les deux ans. En prélude à cette commémoration, plusieurs activités sont au programme au nombre desquels, il faut retenir la tenue des cadres de concertations provinciales au cours desquels les femmes ont formulé des recommandations qui se résument à l'organisation de conférences dans les 13 régions sur le thème central de l'évènement, l'organisation d'une session de formation au profit des femmes des 13 régions sur la transformation des produits locaux qui a été lancée, le 4 mars 2024 à Komsilga dans le Kadiogo et la tenue de séances d'échanges directs entre le chef de l'Etat et les femmes d'une des localités du pays.

S : Les années passent, mais les femmes semblent être à la traine dans le processus de leur épanouissement. Pour vous, comment doit-on changer les conditions de vie de la femme burkinabè ?

N.S. : Il faut d'abord féliciter les femmes burkinabè pour leur résilience et leur engagement au développement du pays. Reconnaissez avec moi que les femmes burkinabè fournissent des efforts considérables pour répondre aux exigences de développement de notre pays. Lorsqu'on fait une petite analyse de la situation que connait le pays, on peut se rendre compte rapidement que les femmes sont doublement victimes de la crise. Les femmes ne disposent pas de terres cultivables ni de moyens de productions et cette crise est venue rendre plus précaires leurs conditions de vie.

C'est pour cela aussi qu'au niveau du ministère, nous déployons des efforts et développons des initiatives pour améliorer les conditions de vie de la femme burkinabé. Tous les projets et programmes mis en oeuvre par mon département en partenariat avec les partenaires financiers visent à changer positivement la situation de la femme au Burkina Faso. Je les encourage à s'investir personnellement et à adhérer aux différents programmes et projets du gouvernement qui visent à les accompagner pour leur épanouissement.

S : Quel message avez-vous à l'endroit de ces nombreuses femmes à l'occasion de ce 8-Mars 2024 ?

N.S. : Je voudrais profiter de vos colonnes pour inviter les femmes à avoir une pensée positive pour toutes ces femmes qui ont perdu des maris, des enfants, bref des êtres chers dans cette guerre. Je leur demande d'éviter les excès et de surseoir aux regroupements festifs car le 8-Mars se tient toujours dans un contexte particulièrement difficile.

 

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