Le nouveau chef commissaire de Rodrigues, Franceau Grandcourt, a prêté serment hier devant le président de la République, Pradeep Roopun. Il aura comme adjoint Johnson Roussety qui occupera également d'autres commissions au sein du gouvernement régional de Rodrigues. Les autres commissaires sont Louis-Ange Perrine, Nicolas Volbert, Christiane Agathe, Alain Wong So et Joseph Ravina.
Les deux hommes étaient tombés d'accord pour un partage de pouvoir peu avant les élections régionales de février 2022. Le chef commissaire sortant, Johnson Roussety, avait remis sa démission et celle de son gouvernement mardi pour que Franceau Grandcourt puisse accéder à ce poste. Il n'y a pas eu de nouveaux commissaires sauf qu'ils ont dû de nouveau prêter serment.
Dans son discours, le nouveau chef commissaire a déclaré qu'il se met déjà à la tâche pour préparer son budget. «Je prends l'engagement de travailler pour vous et avec vous», a-t-il déclaré aux Rodriguais. Johnson Roussety n'a pas manqué de remercier les Rodriguais et ses amis de l'alliance libération qui lui ont permis de devenir chef commissaire pour la troisième fois. «Nous avons eu des différends, mais nous avons su travailler ensemble. La confiance règne entre nous», a-t-il rappelé tout en annonçant qu'en une période très courte, son gouvernement, avec l'aide de Pravind Jugnauth, a pu trouver l'argent pour l'aéroport et il a pu obtenir Rs 1 milliard pour la réforme du secteur de l'eau.
Le gouvernement mauricien était représenté par la vice-Premier ministre, Leela Devi Dookhun-Luchoomun tandis que Patrice Armance a fait le déplacement comme le représentant du leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval, actuellement à Londres.
Les élus de l'Organisation du Peuple rodriguais au sein de l'Assemblée régionale n'ont pas assisté à la prestation de serment. Ils ont émis un communiqué pour expliquer leur motivation. «Cette décision, prise avec tout le respect dû au président de la République, est motivée par notre préoccupation face à une session parlementaire qui semble prendre une tournure très partisane, marquée par le non-respect des parlementaires et de l'Assemblée régionale. Nous tenons à souligner que notre position ne s'oppose en aucun cas aux arrangements et accords électoraux qui conduisent au changement de chef commissaire», précisent-ils.
Portrait: un enseignant «doyen» de l'assemblée régionale
Le leader de l'Union du Peuple rodriguais (UPR) a prêté serment comme chef commissaire de Rodrigues. Franceau Grandcourt devient ainsi le quatrième Rodriguais à occuper ce poste.
Le nouvel homme fort de l'Assemblée régionale de Rodrigues veut continuer le travail commencé par l'Alliance de Libération. «Il y a un travail qui a déjà démarré. Je veux accorder priorité aux gros dossiers et relever les défis auxquels ce gouvernement est confronté. Mais ce n'est pas tout. Il faut unir les Rodriguais», exprime-t-il, quelques heures avant la prestation de serment. Le nouveau chef commissaire n'a que 47 ans mais il est membre de l'Assemblée régionale de Rodrigues depuis sa création. Il prend plaisir à dire qu'il en est le doyen. En effet, le leader de l'UPR n'avait que 26 ans quand il a été élu pour la première fois en 2002 lors des premières élections régionales de Rodrigues, sortant en tête de liste dans la région de La Ferme et sous la bannière du Mouvement rodriguais (MR). Ce parti dirigé par Nicolas Von Mally venait de recruter des jeunes pour affronter l'Organisation du Peuple Rodriguais de Serge Clair.
Franceau Grandcourt a récidivé lors des élections de 2006 quand le MR a remporté les élections. L'enseignant a été nommé commissaire des Infrastructures publiques dans un gouvernement régional avec Johnson Roussety comme chef commissaire.
Toutefois, la cassure au sein du MR, avant les élections du 2012, avec Johnson Roussety qui est allé fonder son propre parti, le Front Patriotique Rodriguais, a conduit l'équipe de Nicolas Von Mally vers une défaite aux élections mais Franceau Grandcourt a été repêché par le système de représentation proportionnelle. Cependant, lors des élections de 2017, il s'est présenté une nouvelle fois dans la région de La Ferme où il a été élu, toujours sous la bannière du MR, et Nicolas Von-Mally est devenu le Minority leader et lui, son bras droit.
Cependant, des divergences de vues au sein du MR, après les élections générales de 2019, ont provoqué une cassure au MR. Cinq élus régionaux du MR ont claqué la porte de leur parti dont Franceau Grandcourt. Le président de la République par intérim, Eddy Boissezon, l'a alors nommé Minority Leader puisque la majorité des élus de l'opposition le soutiennent. En parallèle, il a fondé l'UPR.
Le nouveau chef commissaire est enseignant de formation. Il est aussi un homme d'affaires avisé. En effet, il met des résidences en location pour les touristes. Franceau Grandcourt agira comme chef commissaire jusqu'à 2027.