ALGER — Après la mise en application de l'arrêté ministériel n1275, à savoir "un diplôme, une Start-up", plusieurs étudiantes ont décidé de créer leurs propres start-up et se lancer dans un domaine qui se limitait aux hommes d'affaires uniquement.
Ces jeunes étudiantes qui transforment les défis en des projets de solutions réalisables, ont su se distinguer en tant que futures entrepreneures dans des domaines qui constituent un enjeu pour l'Etat algérien à l'image de la transition numérique, de l'intelligence artificielle et du développement du secteur agricole pour le renforcement de la sécurité alimentaire.
Parmi ces brillantes entrepreneures, il y a lieu de citer l'étudiante Loubna Bayaa Rassou (Université de Batna) titulaire d'un mater en sciences agricoles, spécialité production végétale.
Approchée par l'APS, Loubna qui présente deux projets dont une ferme pédagogique pilote d'aquaculture intégrée avec l'agriculture a fait savoir que le projet était le résultat des études menées en la matière après avoir constaté l'absence de l'intégration de l'aquaculture (élevage des poissons d'eaux douces) et les eaux d'irrigation connues pour leurs bienfaits étant des engrais naturels.
Classé en deuxième place à l'échelle nationale en tant que meilleur projet d'entrepreneuriat féminin et primé à maintes reprises, le projet a été labellisé "projet innovant" par le ministère de l'Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises.
En attente d'un contrat de concession agricole, le projet permettra la réalisation de la première ferme pédagogique en Algérie, adoptant l'aquaponie.
Il s'agit d'un pas vers l'autonomisation de la femme dans le monde de l'entrepreneuriat et des start-up, a souligné la future entrepreneure, relevant qu'elle travaillait en premier lieu sur l'aspect technique du projet et à faire entendre la voix de la femme entrepreneure, notamment dans les domaines de la sécurité alimentaire et de la modernisation des secteurs agricole et celui de la pêche.
La brillante Loubna a dévoilé également un deuxième projet qu'elle avait monté avec ses collègues dans le domaine de la numérisation, en l'occurrence une plateforme "Karini Filaha" (Apprenez-moi l'agriculture) spécialisée dans les formations, le consulting et l'accompagnement en économies verte et bleue.
Pas loin du domaine de la numérisation, l'étudiante en master dans la spécialité de commerce électronique à l'école supérieure de la gestion et de l'économie monétaire de Koléa (Tipaza) a veillé avec son équipe de travail à la préparation d'un projet innovant dans le domaine de la gestion institutionnelle.
Il s'agit d'une plateforme numérique interactive qui permet une gestion optimale et plus efficace des ressources des entreprises économiques, ce qui permet d'améliorer leurs niveaux d'activité et leurs rendements.
L'innovatrice a puisé l'idée de son projet en s'inspirant de ses interactions avec les propriétaires d'entreprise, où elle a constaté les défis et des difficultés auxquels ils sont confrontés et s'est attachée à trouver des solutions concrètes à ces problèmes.
S'agissant de l'autonomisation de la femme dans ce domaine, l'étudiante Raghda Rahma répond que "la piste est ouverte à toute personne ambitieuse et déterminée à atteindre un objectif précis", ajoutant "mon empreinte est liée à ma capacité de prendre la bonne décision au bon moment et à maintenir constamment ma volonté de faire réussir le projet qui, à son tour constitue une véritable épreuve en raison des défis constants dans ce domaine".
Face à l'essor du numérique comme enjeu majeur, l'étudiante Ghada Hafidi en sciences et linguistique françaises à l'université d'Abbas Laghrour (Khenchela), a pris conscience de son importance et a décidé de s'y investir.
Tirant profit des difficultés rencontrées pendant la période de confinement due à la pandémie de Covid-19, elle a lancé une plateforme qu'elle ambitionne de développer pour en faire la première application arabe rivalisant avec les plateformes de communication à distance telles que Google meet et Zoom.
L'étudiante Hafidi a souligné que la plateforme abcdz labellisée projet innovant et start-up, propose, outre les services de communication à distance, des services éducatifs qui dispensent de cours et de formations à distance. Cette plateforme se distingue par la mise à disposition de cours et de programmes personnalisés pour chaque inscrit selon son niveau et ses objectifs.
De son côté, Bouchra Djebari, étudiante à l'Université d'Alger 3, spécialité économie et gestion des entreprises, a mis au point une application d'enseignement des langues.
Elle estime que "l'idée a débuté à partir de plusieurs obstacles et difficultés qu'elle a rencontrés, en compagnie de son collègue dans le projet". Par la suite, ils ont trouvé des solutions à travers l'application Langos dont ils ont enregistré l'idée au niveau de l'incubateur d'affaires de l'Université d'Alger 3, dans l'attente de voir le jour prochainement et de contribuer à appuyer le domaine de l'enseignement des langues en Algérie.
Contribuer à la création de postes d'emploi, leur objectif principal
Lors du partage de leurs expériences, elles ont souligné qu'en dépit des difficultés qu'elles ont rencontrées, sachant qu'elles faisaient partie de la toute première promotion qui travaille en vertu de l'arrêté ministériel "Un diplôme- une start-up", il n'empêche que la détermination et le sens des défis à relever, ont fait qu'elles ont atteint leur objectif.
Peut être que l'autre défi qu'elles ont brisé, alors qu'elles étaient au début de leurs expériences de transition de la vie d'enseignement à la vie professionnelle, est celui de battre en brèche l'idée selon laquelle, " les porteurs de projets sont les seuls qui disposent de grands fonds et de larges relations", selon l'expression de l'étudiante Djebari, ouvrant grande la porte devant leurs ambitions et accédant au domaine des affaires, tout en contribuant à la création de richesses et de postes d'emploi, au lieu d'être dans l'expectative.
Dans ce contexte, l'enseignante à l'Ecole supérieure des enseignants (ESE) de Bouzaréah et sociologue, Souad Khouchi, a souligné que les parents ont investi sur leurs filles, en leur enseignant un point principal, étant donné que la femme existe désormais dans différentes spécialités.
Pour elle, les jeunes filles ont fait à leur tour de l'enseignement une sorte d'arme, s'agissant de la passion pour le savoir ou de les aider à leur trouver une place, tout en les libérant dans le choix du métier adéquat pour elles, en réalisant une plus grande autonomie et en contribuant au développement de la société de façon générale.
De son côté, la présidente de l'Association nationale pour la promotion et la protection de la femme et de la jeunesse, Nadia Dridi a estimé que le volume de la participation des étudiantes et de la femme en général dans la vie publique s'est élargi plus durant les dernières années, occupant désormais des fonctions supérieures et en réussissant à prouver leurs capacités voire même dans les domaines auxquels les femmes n'avaient eu accès auparavant.