Au Cameroun, un ancien sous-préfet condamné à dix ans de prison ferme pour le meurtre de sa compagne. Le jugement a été rendu il y a le 6 mars par le tribunal militaire de Ebolowa, chef-lieu de la région du Sud. Satisfaction partielle seulement pour le collectif d'avocats qui a soutenu la famille de la victime et pour l'Association camerounaise de Lutte contre les Violences faites aux Femmes (AVLF).
Une satisfaction en demi-teinte pour Me Guy Olivier Moteng, porte-parole du collectif Universal Lawyers and Human Rights Defence (ULHRD) : « Dix ans de prison face à la mort d'une jeune femme sur qui reposaient les espoirs d'une famille, cela peut sembler être du "menu fretin", mais en même temps eu égard à la qualité de la personne poursuivie, à la complexité du dossier et au temps mis pour ce procès, il y a tout lieu de se satisfaire qu'il y ait eu condamnation ».
Condamnation pour meurtre alors qu'au départ, Franck Derlin Eyono Ebanga, ex-sous-préfet de la Lokoundje, était poursuivi pour l'homicide involontaire de Lydienne Taba, tuée par balles le 25 juillet 2020. L'étudiante avait 23 ans.
La présidente de l'Association de lutte contre les violences faites aux femmes, Pierrette Memong salue la détermination de la famille et de ses soutiens. « Au regard de notre société, l'accusé aurait pu faire partie des intouchables et au début du procès, on a eu l'impression qu'on allait le diluer. » Pour, elle aussi, dix ans paraissent insuffisants. Dans sa lutte contre les féminicides, l'ALVF plaide pour que les peines soient doublées quand les crimes sont commis par des proches des victimes.
Le tribunal militaire de Ebolowa a également dans son jugement du 6 mars 2024 octroyé à la famille 45 millions de francs CFA (environ 68 000 euros). « L'État a été reconnu civilement responsable, précise le collectif d'avocat ULHRD. Le ministère de l'Administration territoriale est désigné pour assumer les condamnations pécuniaires. »