Afrique: Un bateau de sauvetage de migrants immobilisé en Italie

Des migrants secourus ont enfilé des gilets de sauvetage sur un bateau bondé.

Le bateau de sauvetage allemand Humanity 1 est, depuis le début de la semaine, toujours immobilisé par les autorités italiennes, après avoir secouru 77 migrants en Méditerranée au large de la Libye. Il devra rester immobilisé durant 20 jours.

Les autorités italiennes accusent l'équipage de ce bateau d'avoir provoqué un accrochage avec les garde-côtes libyens qui étaient intervenus, suite à l'appel de Frontex, pour intercepter des migrants. L'équipage, lui, accuse au contraire les militaires libyens d'avoir « mis la vie de ces migrants en danger » en intervenant de la sorte. L'association SOS Humanity considère qu'elle est injustement accusée d'avoir provoqué l'accrochage et affirme que les membres de l'équipage du bateau ainsi que les secouristes ont été menacés par les garde-côtes libyens, dépêchés sur place.

Selon le communiqué de l'association humanitaire allemande, les opérations de sauvetage étaient déjà en cours quand les garde-côtes libyens sont intervenus. Ils ont tiré à balles réelles, provoquant la panique. De nombreuses personnes ont alors sauté ou sont tombées à l'eau. Une personne a trouvé la mort, déplore l'ONG. Les 77 personnes secourues se trouvaient à bord de trois embarcations en difficulté. D'autres migrants ont été contraints de monter à bord du bateau des garde-côtes libyens. Des familles ont ainsi été séparées, précise l'association humanitaire.

Depuis 2015, les gardes-côtes libyens, financés par l'Union européenne, sont appelés à intercepter les migrants au large de la Libye. Les ONG et les migrants dénoncent des opérations d'interception qui ont lieu dans des eaux internationales. Frontex, l'agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, évoque son « devoir d'informer les autorités libyennes des embarcations de migrants dans les eaux territoriales », comme l'a précisé cette semaine son dirigeant.

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Selon l'OIM, en 2023, plus de 17 000 migrants ont été interceptés en mer et renvoyés en Libye. Au moins 962 migrants sont morts et 1 563 autres portés disparus. En 2023, la Libye avec l'aide de l'OIM a organisé le retour volontaire de près de 10 000 migrants vers leurs pays d'origine.

De plus en plus d'ONG dénoncent la violation du droit international et du droit de la mer de la part de l'Union européenne quand Frontex, aidé par les garde-côtes libyens et tunisiens, intercepte les migrants subsahariens en Méditerranée pour les refouler dans ces pays où ils sont sujets à des exactions. François Gemenne, chercheur belge et directeur de l'Observatoire Hugo dédié aux migrations environnementales à l'Université de Liège, considère que cette politique européenne face aux migrants n'est pas la bonne.

02:07 François Gemenne (Observatoire Hugo): «La Convention de Genève de 1951 interdit explicitement ce type de refoulement»

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